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e mardi 27 mai, à Paris, le très médiatique porte-parole de l’armée israélienne Olivier Rafowicz était annoncé comme parrain d’un gala organisé par l’association Diaspora Défense Forces, organisation de propagande israélienne soutenue par le gouvernement israélien.
Sous la pression de la mobilisation civile, associative et de la France insoumise, Olivier Rafowicz a finalement annulé sa venue. Mais s’il ne s’est pas rendu physiquement en France, la parole d’Olivier Rafowicz, ses mensonges et ses apologies criminelles demeurent omniprésentes dans le paysage médiatique Français.
Celui que les principales chaînes d’information interrogent jusqu’à plus de dix fois par jours et que les éditorialistes appellent volontiers « mon colonel » jouit en effet depuis plus d’un an et demi d’une tribune médiatique spectaculaire pour cracher la propagande génocidaire du gouvernement israélien directement à travers les écrans de télévision.
Fake news, apologies de génocide, désinformation, pressions et intimidations des rares journalistes qui tentent de le contredire… L’Insoumission vous propose le portrait d’Olivier Rafowicz, porte-parole de l’armée israélienne en France, et de revenir sur ce dont son omniprésence médiatique est le nom. Notre article.
« Bonsoir mon colonel » : voici comment il est fréquent que, de BFMTV à CNEWS en passant par LCI, les éditorialistes bourgeois s’adressent et introduisent à leurs téléspectateurs Olivier Rafowicz, treillis sur le dos.
Car l’homme n’est pas seulement l’un des nombreux télégraphistes dévoués d’Israël qui saturent chaque jour les plateaux des médias dominants : il en est plus encore l’un des représentants officiel en France, porte-parole et colonel de son armée, et c’est à ce titre qu’il intervient quasi-quotidiennement sur les plateaux des médias dominants, jusqu’à parfois plus de dix fois par jour, ainsi que notamment mis en lumière par le site Arrêt sur Images.
Par ailleurs ancien porte-parole et parrain de diverses organisations israéliennes directement impliquées dans la colonisation de la Palestine, Olivier Rafowicz est ainsi depuis plus d’un an et demi le point de référence et d’information inévitable des chaînes d’information en continu quant au génocide en cours à Gaza.
Depuis le 7 octobre 2023 en effet, on compte par centaines les interventions d’Olivier Rafowicz sur les principales chaînes d’information du pays. Le plus souvent, il lui est demandé de livrer son « analyse » de la situation au Proche-Orient et de détailler jour après jour les intentions officielles d’Israël et de ses massacres en Palestine.
À chaque actualité, Olivier Rafowicz est devenu le réflexe des médias bourgeois d’où il profite de toute la stature associée à son grade et à sa présence à Gaza pour livrer aux grands médias le récit colonial empreint d’une « légitimité de terrain » dont ils raffolent tant.
Qu’importent les fake news, qu’importe l’agressivité et les intimidations de celui qui était déjà présent sur les écrans de télévisions du monde entier pour porter la voix d’Israël lors de la Seconde Intifada, qu’importe aussi ses multiples apologies de crimes de guerre, qu’importe tout cela, Olivier Rafowicz continue d’être présenté par les médias complices comme référence et source d’information fiable sur la situation à Gaza, rarement remis en question et quasiment jamais contredit.
Il n’y aurait pourtant pas à aller chercher bien loin, pour quiconque se prétend véritablement journaliste, pour trouver de quoi disqualifier à jamais l’omniprésence d’Olivier Rafowicz et de son narratif.
Dès octobre 2023, Olivier Rafowicz fût l’un des premiers, sur les plateaux de télévision français, à importer des fake news qui seraient bientôt relayées en masse par tous les grands médias pour instrumentaliser l’émotion provoquée par les attaques du 7 octobre 2023 et justifier n’importe laquelle des exactions de l’armée israélienne.
Ainsi par exemple dès le 8 octobre 2023, déjà sur BFMTV, Olivier Rafowicz répandait la fake news selon laquelle des enfants auraient été exhibés par le Hamas dans des cages à animaux en plein Gaza. À peine trois jours plus tard, voilà que TF1 éteignait déjà le mensonge en révélant que ces enfants n’avaient pas été enlevés par le Hamas, et que « la séquence [avait] été tournée à Gaza avant le début de la guerre, dans une mise en scène s’apparentant à un jeu ».
Quelques jours plus tard, sur la chaîne officielle de la propagande israélienne en France, i24News, le voilà qui annonçait déjà le génocide à venir : « Au Moyen-Orient, les Arabes ne comprennent que la force alors nous [l’armée israélienne] allons utiliser le langage qu’ils comprennent ».
Depuis, la désinformation et la propagande génocidaire d’Olivier Rafowicz n’ont pas faibli comme n’a pas faibli son exposition médiatique. Ainsi par exemple a-t-il osé déclarer en mai 2024 au sujet du bombardement du camp de réfugiés de Rafah par l’armée israélienne qui avait brûlé vifs des femmes et des enfants qu’« en aucun cas il [n’] y a eu un bombardement, mais un incendie ». Un mensonge pur et simple.
Dans le même révisionnisme abject, il déclarait déjà au mois de février 2024 que la mort de plusieurs centaines de Gazaouis durant une distribution d’aide alimentaire après les tirs de l’armée israélienne avait résulté d’un « mouvement de foule ».
Depuis 2023, alors qu’au moins 56 000 personnes sont déjà mortes à Gaza depuis le 7 octobre – un chiffre largement sous-estimé –, alors qu’une femme et une fille y sont tuées toute les heures en moyenne, alors que se multiplient les images d’enfants et nourrissons brûlés vifs, mutilé, décapités, Olivier Rafowicz répète à qui veut l’entendre que « la grande majorité des morts dans la bande de Gaza sont des terroristes ».
Presque chaque jour depuis plus de deux ans, c’est toujours les mêmes récits, la même propagande pour justifier le bombardement d’écoles, d’hôpitaux, de camps de réfugiés : Israël ne mène que des « frappes préventives », Israël ne frappe que lorsque qu’il a des « informations très précises » sur ses cibles, « Israël ne fait que se défendre », « Israël est une grande démocratie qui lutte pour protéger l’Occident »…
C’est en somme toujours les mêmes éléments de langages, destinés à justifier le génocide des Palestiniens, démentis par les faits et par les organisations internationales elles-mêmes.
Pressions, tentatives d’intimidations, subites pertes de mémoire : Olivier Rafowicz déteste que sa propagande soit contredite Sur la majeure partie des plateaux de télévision, Olivier Rafowicz est écouté religieusement. Ainsi par exemple ce mardi 27 mai 2025, Olivier Rafowicz peut se présenter sur CNEWS et se plaindre avec le plus abject des cynismes d’une « propagande anti-Israël » dans les médias.
Jamais ni sa position de colonel et porte-parole de l’armée responsable des massacres, ni ses mensonges et sa propagande grossière désormais établis par plus d’un an et demi d’omniprésence médiatique ne sont véritablement interrogés par les « journalistes » qui lui déroulent leur tapis rouge. Jamais… ou presque.
À de rares occasions et à mesure que l’horreur s’amplifie à Gaza, il est en effet arrivé à Olivier Rafowicz d’être contredit, voire bousculé dans le déroulé de ses exercices de propagande. Dans ces situations, Olivier Rafowicz emploie toujours les mêmes stratégies : soit il déclare ne pas avoir assez de détails ou d’informations pour répondre à une question qui met en lumière ses mensonges, soit il tente l’intimidation et accuse ses contradicteurs de porter la parole du Hamas. Ainsi par exemple de trois séquences particulièrement remarquées.
La première date de décembre 2023, lorsqu’un journaliste de Franceinfo ayant fait le déplacement en Israël explique avoir fait des observations et recueillis des témoignages contradictoires à ceux d’Olivier Rafowicz quant à la prétendue présence de tunnels sous des hôpitaux de Gaza où se cacheraient des terroristes, prétexte de l’armée israélienne pour bombarder ces hôpitaux.
« Votre question me dérange, car c’est inadmissible qu’une démocratie comme la vôtre pose ce type de question à une autre démocratie » avait rétorqué un Olivier Rafowicz manifestement contrarié, avant de poursuivre : « Cette remise en doute est extrêmement étrange voir nauséabonde ! C’est le travail de quelqu’un qui essaye de détruire la parole de l’autre. Ce n’est pas un travail de journaliste. Ce que vous faites aujourd’hui est une question qui est biaisée. Je vous rappelle que Israël a été attaqué et posez cette question c’est remettre en doute le fait que Israël est dans une guerre qui a été imposée. »
La deuxième, sur Franceinfo en mars 2024, montre un professeur de droit international détruisant complètement la propagande génocidaire d’Olivier Rafowicz, et le militaire israélien ne trouvant pas d’autre réponse que d’accuser son interlocuteur d’être un « porte-parole du Hamas », avant d’être recadré par la présentatrice de l’émission.
« Votre chaîne fait du travail excellent par rapport à la présentation du conflit » : ce dont l’omniprésence médiatique d’Olivier Rafowicz est le nom La troisième séquence témoignant des stratégies rhétoriques d’Olivier Rafowicz face à la contradiction est plus largement éloquente quant au sens de son omniprésence, de son aura et de son impunité médiatique quasi absolue.
Cette séquence, qui date de novembre 2023, donne à voir une interview d’Olivier Rafowicz par Mohamed Kaci, journaliste de TV5 Monde. Dans cet extrait, Olivier Rafowicz est interrogé sur ses propos revendiquant une loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent ») à l’égard du Hamas et du peuple palestinien. Peu habitué à être bousculé de la sorte, Olivier Rafowicz plonge immédiatement dans la colère et les attaques ad hominem à l’encontre de Mohamed Kaci.
Mais plus encore que la séquence elle-même, c’est l’affaire qui a suivi qui est révélatrice de l’impunité dont jouit Olivier Rafowicz dans les médias en dépit de ses mensonges répétés et de sa propagande nauséabonde. Ainsi, dans les heures qui ont suivi l’interview, TV5 Monde s’est publiquement désolidarisée de son journaliste qui a été jusqu’à être convoqué par sa direction pour une violation de la déontologie journalistique. Quelques mois plus tard, l’ARCOM reconnaissait finalement que Mohammed Kaci n’avait bien-sûr fait que son travail, et qu’Olivier Rafowicz « avait eu l’occasion d’exprimer pleinement son point de vue et de réagir de manière circonstanciée aux propos du journaliste ».
https://twitter.com/L_insoumission/...
Cette affaire n’est pas sans rappeler une autre séquence où l’eurodéputée de la France insoumise Rima Hassan, interviewée le 8 octobre 2024 sur BFMTV avait tenu, pour introduire son propos, à rappeler que la chaîne avait été félicitée deux jours auparavant par le génocidaire Olivier Rafowicz pour son « travail excellent par rapport à la présentation du conflit ». Visiblement contrariés (et peut-être un peu honteux), les présentateurs Olivier Truchot et Alain Marshall avaient tout simplement décidé de mettre un terme à l’interview avant même qu’elle ne commence. De la censure, ni plus ni moins.
La convocation de Mohamed Kaci par sa direction et la censure en direct de Rima Hassan sur BFMTV disent toutes deux la légitimité et l’aura considérables dont bénéficie Olivier Rafowicz dans les médias bourgeois.
Cette légitimité, Olivier Rafowicz ne la tire pas de sa petite personne, mais bel et bien de sa position de représentant de l’État d’Israël et de son armée, c’est-à-dire, pour la majeur partie des médias dominants, de sa position de représentant de l’Occident en Orient, d’un État civilisé en terre barbare.
Forte et durable en dépit de tous les mensonges et de toutes les atrocités professées depuis plus de deux ans et demi par Olivier Rafowicz, son omniprésence médiatique est à la fois le symptôme et le symbole du traitement médiatique terriblement biaisé du génocide des Gazaouis. Qui pour imaginer que les médias français offrent une telle tribune à un responsable du Hamas ou de l’armée russe ?
Olivier Rafowicz est, du point du vue de la couverture médiatique du calvaire des Palestiniennes et des Palestiniens depuis le 7 octobre 2023, le nom de l’impérialisme de ceux qui se rêvent encore gendarmes et exploiteurs tout puissants du Proche-Orient, le nom de leur racisme, le nom de leur ignorance, le nom de leur complicité.
Par Eliot Martello-Hillmeyer
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