Marc de Cacqueray-Valménier : l’aristocrate néonazi au service de Bolloré

samedi 7 juin 2025.
 

Marc de Cacqueray-Valménier. Ancien leader du GUD et des Zouaves Paris, « fasciste » revendiqué, considérant l’Action française comme « pas très radicale », condamné pour violences, fasciné par les chemises noires et la pureté raciale, Marc de Cacqueray-Valménier a tout du nervi d’extrême droite classique — sauf qu’en 2024, ce militant néonazi est embauché… par Vincent Bolloré. Derrière le vernis « tradi », c’est une ultradroite violente, structurée et financée qui remonte à la surface.

Un nom à particule, un passé à matraque

Né en 1997 dans une famille de l’aristocratie catholique intégriste, Marc de Cacqueray-Valménier ne choisit pas la révolution — il choisit la restauration. Celle d’un ordre autoritaire, blanc et masculin. Fils de la grande bourgeoisie versaillaise, proche de l’Action française, il grandit entre messes en latin et fantasmes de croisade. Sa famille est « contre-révolutionnaire depuis 1789 », souligne le sociologue Emmanuel Casajus

Mais derrière les dorures, c’est le choc des poings. À peine majeur, il milite au sein du GUD (Groupe Union Défense), organisation étudiante violente, nostalgique de Vichy et des années de plomb. Il y apprend l’art de cogner en meute. Très vite, il prend la tête d’un autre groupuscule : les Zouaves Paris.

Les Zouaves : néonazis, castagneurs et stratèges

Les Zouaves Paris, dissous en 2022, n’étaient pas un folklore scout. Ils revendiquaient une inspiration mussolinienne, participaient à des ratonnades et s’entraînaient au combat en forêt. En 2021, ils font parler d’eux lors du meeting d’Éric Zemmour à Villepinte, où plusieurs militants d’extrême droite attaquent des antifascistes à coups de chaises. Marc de Cacqueray-Valménier y est omniprésent, visiblement chez lui.

En 2022, il est condamné à un an de prison ferme pour l’agression d’un bar parisien affilié à la gauche. Le tribunal le décrit comme le « meneur » de l’attaque. Mais derrière les barreaux, il ne se remet pas en question. Il prépare la suite.

Le retour du GUD : les chemises noires version Instagram

En sortant de prison, il ressuscite le GUD, ce groupe néofasciste emblématique des années 80-90, dont les anciens membres peuplent encore l’arrière-cuisine du RN. Cette fois, la stratégie est différente : images léchées, provocations numériques, slogans guerriers. Le tout dans une esthétique viriliste et « identitaire » assumée.

Il se rapproche de la Division Martel, autre groupuscule fasciste, participe à des entraînements en forêt avec armes factices, et tisse des liens avec les sphères catholiques traditionalistes. Il incarne une nouvelle génération de militants d’extrême droite : plus connectée que costard-cravate, plus entraînée au combat qu’aux plateaux télé.

De Villepinte à l’île du Loc’h : le néonazi de Bolloré

En 2023, surprise : Marc de Cacqueray-Valménier est embauché par Vincent Bolloré pour garder sa propriété privée sur l’île du Loc’h, dans l’archipel des Glénan. Oui, le même Bolloré qui possède CNews, qui promeut Zemmour, Praud et compagnie. Le milliardaire breton n’a pas embauché un agent de sécurité lambda : il a recruté un militant néonazi condamné, pour garder son île comme on garde une citadelle assiégée.

L’information, révélée par La Lettre et confirmée par Mediapart, n’a pas fait de vague dans les grands médias. Trop gênant ? Trop explicite ? Ce n’est pourtant pas un détail : elle révèle les ponts concrets entre l’argent, les idées et la violence.

Cette révélation a provoqué une vague d’indignation, culminant les 24 et 25 mai 2025 par une mobilisation d’ampleur. À l’appel des Soulèvements de la Terre et du collectif Lever les Voiles, une régate a encerclé l’île du Loc’h, propriété de Bolloré, pour dénoncer l’embauche du militant néonazi. L’eurodéputée LFI Emma Fourreau était de la partie, pour dénoncer les accointances troubles entre pouvoir économique et extrême droite radicale.

L’internationaliste fasciste

L’activisme de Marc de Cacqueray dépasse les frontières. En 2020, il participe à la création de Swastiklan, un groupuscule réunissant plusieurs dizaines de néonazis français et suisses, « « le plus violent » des groupes recensés dans une note par les services de renseignements suisses, avec « l’expertise militaire la plus profonde et la plus robuste » », écrit Mediapart. En automne 2020, il s’affiche sur les réseaux sociaux avec un treillis, une kalachnikov et un patch de topenkopf sur le torse (emblème d’une division de la Waffen-SS notamment affectée à la garde des camps de concentration et d’extermination nazis).

La même année, le fasciste serviteur de Bolloré s’en est allé combattre au Haut-Karabagh, aux côtés des Arméniens, en conflit avec l’Azerbaïdjan. Un appui cohérent et symbolique à l’extrême droite, dans un conflit qui oppose grossièrement chrétiens et musulmans. Un an plus tôt, Marc de Cacqueray s’était rendu en Ukraine pour participer à un tournoi de kickboxing. À cette occasion, il a rencontré des soldats de la division Azov, regroupant des néonazis. Il repart avec leur symbole tatoué sur l’une de ses jambes, une topenkopf. « Le dessin est ceint des mots « Ehre » et « Treue », en référence à la devise de la SS – encore elle – « Meine Ehre heisst Treue » : « Mon honneur s’appelle fidélité », souligne StreetPress.

Le bras armé de la radicalisation

Marc de Cacqueray-Valménier n’est pas un isolé. Il est le produit d’une radicalisation qui s’organise. Ce n’est pas un skinhead égaré, c’est un militant structuré, connecté, doté d’un récit politique. Son objectif ? Réimplanter l’extrême droite radicale dans les territoires, les mairies, les esprits. Son discours ? Décomplexé, racialiste, antiféministe, homophobe. Son réseau ? Frédéric Chatillon, Axel Loustau, toute l’aile dure du lepénisme, et désormais les puissances d’argent.

Et ça marche : le GUD version 2024 a des disciples, des relais, des financements. Il ne joue pas à faire peur. Il prépare le terrain.

Ce que ça dit du moment politique

Qu’un jeune homme condamné pour violences, dirigeant d’un groupe néonazi dissous, se retrouve sous contrat chez un milliardaire propriétaire de médias, ce n’est pas une anecdote. C’est un signal d’alerte. Cela veut dire que les cercles du pouvoir économique ne sont plus réticents à s’allier avec les franges les plus violentes de l’ultradroite. Cela veut dire que la violence politique, hier marginale, est en train d’être banalisée, intégrée, recyclée.

Quand les Bolloré recrutent des Cacqueray, ce ne sont pas deux mondes qui s’ignorent : c’est une même vision de l’ordre, du contrôle, du mépris de la démocratie, qui se donne des outils.

Pas de retour du fascisme sans complicité des élites

Il ne suffit pas de pointer le doigt vers les milices. Il faut regarder qui les nourrit, qui les protège, qui les emploie. L’extrême droite ne gagne pas seule. Elle avance parce que certains la financent, d’autres lui offrent des plateformes, d’autres ferment les yeux. Marc de Cacqueray-Valménier n’est pas qu’un jeune exalté d’extrême droite. Il est un indicateur du fascisme qui monte.

Et tant que les médias se tairont, tant que les tribunaux seront cléments, tant que les milliardaires les emploieront, les fascistes auront le champ libre.

Par Kaïs


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