Les dockers de Fos refusent de charger de l’équipement militaire fabriqué en France à destination d’Israël

vendredi 6 juin 2025.
 

Alors qu’un navire de la Flottille de la liberté est en route pour tenter de percer le blocus de la bande Gaza, chargé d’aide humanitaire, un tout autre type de cargaison risque de bientôt emprunter la même route. Selon une enquête de Disclose et de The Ditch, un cargo israélien va faire escale, jeudi 5 juin, à Fos-sur-Mer, près de Marseille.

Le Contship Era doit embarquer en secret 14 tonnes de pièces détachées pour fusils-mitrailleurs, fabriqué par la société française Eurolinks et destiné à l’entreprise d’armement Israel Military Industries. Alors qu’Emmanuel Macron promet des sanctions contre Israël, la France, dans le même temps, continue de vendre des armes au gouvernement de Benyamin Netanyahou, responsable du génocide à Gaza.

Du matériel utilisé dans le « massacre de la farine » ?

D’après les informations du média d’investigation en ligne et du média irlandais, le navire de commerce doit embarquer 19 palettes contenant des « maillons », des pièces détachées utilisées pour relier entre elles des balles d’armes automatiques. L’arrivée du cargo est prévue jeudi 5 juin à 6 heures, son départ, destination le port d’Haïfa, au nord d’Israël, le même jour aux alentours de 23 heures, écrivent les journalistes, dont Ariane Lavrilleux.

L’entreprise à l’origine de la commande est une filiale d’Elbit Systems, l’un des principaux industriels de l’armement israélien, se présente comme « le fournisseur exclusif des forces israéliennes de défense » et fourni l’armée israélienne en munitions, précise les Disclose et The Ditch. D’après eux, il s’agit de la troisième livraison de ce type entre Fos-sur-Mer et Haïfa depuis le début de l’année : la première fois le 3 avril pour une cargaison de 20 tonnes de marchandises, la deuxième le 22 mai. Parmi les maillons livrés, au moins un million est compatible avec le Negev 5, fusils automatiques utilisés dans la bande de Gaza et employé par l’armée israélienne dans le « massacre de la farine », le 29 février 2024 où plus de 100 Palestiniens sont morts.

« Les dockers ne le chargeront pas »

Pour rappel, en mars dernier, une enquête de Marsactu et de Disclose révélait que la France aurait autorisé, fin octobre 2023, la livraison à Israël d’au moins 100 000 pièces du même genre et de la même entreprise susceptibles d’être utilisés contre des civils à Gaza. En octobre 2024, un rapport gouvernemental, dont le contenu a fuité sur Mediapart, confirme que la France a vendu pour 30 millions d’euros d’armes à Israël en 2023. Toujours selon une enquête de Disclose, une autre entreprise d’armement française, Thales, a vendu à l’industrie de l’armement israélien pour 2 millions d’euros de systèmes d’aide au pilotage pour des drones armés.

« L’Espagne, elle, annule ses contrats d’armement avec Israël… », rappelle la députée communiste des Hauts-de-Seine Elsa Faucillon. « Les dockers français, fidèles à leur histoire, ne laisseront pas passer cette complicité avec le massacre du peuple palestinien », espère de son côté le député apparenté au groupe Écologiste François Ruffin. Dans le même temps, le Syndicat Général CGT des Ouvriers Dockers et des Personnels Portuaires du golfe de Fos explique avoir trouvé le conteneur chargé de matériel mortel et l’avoir mis de côté.

« Les dockers ne le chargeront pas », affirme le communiqué, ne voulant pas « participer au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien ». « Pour la paix, pour l’arrêt des guerres dans le monde, pour une société débarrassée de l’exploitation capitaliste » termine gravement le syndicat. « Partout dans le monde, la lutte s’organise contre le génocide à Gaza ! », félicite Manuel Bompard, député insoumis de Marseille.

Article de Théo Bourrieau, L’Humanité


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