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Que les médias mainstream, propriété de milliardaires ou contrôlés par l’État au service du pouvoir, soient des agents de reproduction de la classe dominante en tant qu’appareils idéologiques est une évidence.
Mais leur activité ne se limite pas à un travail quotidien de propagande idéologique : ils deviennent également des vecteurs de fabrication et de propagation de haine, provoquant ou entretenant la division entre les citoyens, notamment à partir de critères identitaires (religion, nationalité, âge, profession, etc.).
Cette haine peut se focaliser sur une personnalité politique menaçante pour le système en place, comme Jean-Luc Mélenchon, ou sur toute personne remettant en cause un narratif dominant destiné à s’imposer comme « pensée unique ». Des personnalités comme Frédéric Lordon, Jacques Baud, Emmanuel Todd, Michel Collon, ou Juan Branco – jamais invitées dans les médias mainstream – en sont des exemples emblématiques.
De telles figures sont contraintes de s’exprimer via des médias alternatifs, de droite comme de gauche, pour se faire entendre.
Cette haine se manifeste non seulement par la marginalisation (invisibilisation), mais aussi par le dénigrement, les accusations infondées, la calomnie, sans possibilité de réponse. Il s’agit, en réalité, d’interdire tout débat contradictoire.
Cette haine, véhiculée par des narratifs mensongers se substituant au réel, peut également participer activement à une propagande de guerre. Elle favorise alors le bellicisme et l’aggravation des conflits, sans aucune considération pour la réalité du terrain ni pour les vies humaines.
Silence sur l’ampleur des victimes civiles pendant la guerre au Yémen, silence total concernant les morts parmi les populations russophones d’Ukraine (entre février 2014 et février 2022), avec l’instrumentalisation de groupes paramilitaires ultranationalistes ou néonazis formés par les Occidentaux ; minimisation des massacres génocidaires à Gaza, etc.
Et ce sont ces mêmes médias qui réclament des normes de « régulation » de la liberté d’expression sur les réseaux sociaux, au nom de la lutte contre « l’appel à la haine ».
Le lecteur qui visionne le reportage suivant du média alternatif Off Investigation pourra concrètement apprécier ce que signifie la haine dans les médias mainstream : https://www.youtube.com/watch?v=Mi5...
On peut être éberlué par un tel déferlement de haine contre La France Insoumise, et l’on comprend alors l’extrême dangerosité de ces médias dominants, qui sont en train de détruire la liberté d’expression, la tolérance, et la démocratie.
Il s’agit bien ici d’un processus de fascisation des médias « libéraux-oligarchiques ».
Quelques idées de Michel Maffesoli pour éclairer la situation médiatique actuelle
Michel Maffesoli, sociologue et philosophe français, a publié en 2020 un ouvrage intéressant : L’Ère des soulèvements (Éditions du Cerf).
Il y distingue notamment les notions de pouvoir et de puissance, concepts clés de son œuvre, notamment dans L’Ordre des choses. Penser la postmodernité (2014).
1. Le pouvoir (pouvoir institué)
Définition : Il s’agit d’une structure verticale, institutionnelle et formelle. C’est le pouvoir établi, exercé par des élites, des institutions (gouvernements, administrations, etc.).
Caractéristiques :
Rigide, rationnel, technocratique.
Repose sur le contrôle, la domination, la représentation.
Déconnecté des aspirations populaires, élitiste, incapable de s’adapter.
Exemples : Gouvernements, lois, bureaucratie, discours officiels.
Limite : Maffesoli ne prend pas toujours en compte la structure économique et les rapports d’exploitation.
2. La puissance (puissance instituante venant du bas)
Définition : Force horizontale, vivante, créatrice, qui émerge du peuple, des communautés ou mouvements collectifs.
Caractéristiques :
Fluide, émotionnelle, enracinée dans l’imaginaire et le "vivre-ensemble".
S’exprime dans les révoltes, les soulèvements (ex. : Gilets jaunes), les communautés postmodernes ou « tribus ».
Exemples : Mouvements sociaux spontanés, manifestations, expressions culturelles populaires.
Rapport entre pouvoir et puissance
Maffesoli met en lumière une tension entre le pouvoir institué (vertical, figé) et la puissance instituante (horizontale, dynamique), qui traduit les aspirations profondes des sociétés postmodernes.
La multiplication des mouvements citoyens non institutionnels illustre bien son analyse – même si l’on peut discuter certains aspects, notamment son rapport entre raison et émotion.
Dernier exemple : le mouvement des « Gueux », animé par Alexandre Jardin, qui s’est insurgé contre les ZFE, témoignant du mépris de classe des élites technocratiques. Les propos de Jardin illustrent de façon saisissante l’arrogance de ces élites hors-sol : https://www.youtube.com/watch?v=RpF...
Application de l’analyse de Maffesoli aux médias
Deux types de médias s’affrontent :
Les médias oligarchiques, appareils idéologiques du pouvoir institué, imposant leur narratif, contrôlant la pensée et l’expression.
Les médias alternatifs ou indépendants (via Internet), vecteurs de la puissance populaire, reflétant la diversité d’opinions et l’expression des « tribus » postmodernes.
Les médias mainstream, tels que LCI ou BFM, diffusent des fake news en continu, tandis qu’ils appellent à « réguler » les réseaux sociaux — ce qui n’est qu’un prétexte pour limiter la liberté d’expression du peuple.
Des lois existent déjà pour punir le racisme, la xénophobie, l’homophobie, la pédophilie, l’appel au meurtre, la diffamation. Ce qu’il faut, c’est les faire appliquer réellement, sans deux poids, deux mesures.
Conséquences sur la société
La diffusion de la haine par les grands médias alimente un climat de violence, notamment dans les institutions politiques et les réseaux sociaux, où injures et agressivité verbale se généralisent.
Il appartient aux organisations politiques et aux médias alternatifs de favoriser des espaces de débat contradictoire, dans le respect et la dignité.
Liberté de conscience et démocratie en péril
Deux piliers fondent la liberté de conscience et d’expression :
L’éducation, via le système scolaire et universitaire.
L’information, via les médias publics et privés.
Or, les médias dominants ont abandonné leur rôle d’information pour devenir des instruments de désinformation et de propagande.
De nombreux citoyens, faute de temps ou de moyens, ne peuvent accéder aux médias alternatifs : ils restent prisonniers d’un monde fictif, construit par des médias à la solde des puissances économiques, financières et politiques.
Il en résulte une asymétrie informationnelle :
Ceux qui restent captifs des médias mainstream.
Ceux qui s’en sont libérés grâce à la diversité des médias indépendants.
En ne permettant pas l’accès à une information pluraliste et de qualité, les médias mainstream détruisent la liberté de penser, la liberté d’expression – et la démocratie elle-même.
Hervé Debonrivage
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