Ma lettre à l’attention de Luiz Inácio Lula da Silva, Président de la république du Brésil

mercredi 11 juin 2025.
 

La rencontre avec le Président du Brésil a été très productive. La délégation insoumise a remis au Président une lettre et le rapport de Mathilde Hignet contre l’accord Mercosur. Aurélie Trouvé et Eric Coquerel ont reçu une invitation officielle en tant que présidents de commission pour une rencontre avec leurs homologues sur ce sujet pendant la période où le Président brésilien présidera le Mercosur.

Le Président a dit qu’il entendait et approuvait notre préoccupation pour la paysannerie familiale française. La discussion a aussi montré un accord complet sur la façon de faire cesser le génocide à Gaza.

https://melenchon.fr/2025/06/06/ma-...

Jean-Luc Mélenchon

Fondateur de La France Insoumise

Monsieur le Président

Cher ami,

Je te souhaite à mon tour bienvenue en France.

Nous sommes heureux de ta venue et des discussions avec les autorités de notre pays pour le bien de nos peuples.

Je te remercie de m’avoir proposé de venir à ta rencontre à l’occasion de ton passage à Paris.

Nous avons particulièrement apprécié ta prise de position claire et franche sur notre sol au secours du peuple palestinien martyrisé. Tu as dénoncé à juste titre le génocide organisé par le premier ministre Benjamin Netanyahu. Nous croyons que plus il y aura de voix de ta hauteur, qui s’exprime sans ambiguïté, plus grandes seront nos possibilités de faire interrompre le massacre en cours. Les gouvernements qui regardent ailleurs sont complices passifs pour la honte de l’humanité.

D’autre part, tes interventions me permettent de savoir combien tu es favorable à la signature de l’accord Mercosur. Je crois que j’en comprends les raisons d’un point de vue brésilien. J’ai pensé alors qu’il te serait utile de savoir pourquoi ici nous y sommes opposés et combien la paysannerie familiale française craint cette signature et ses conséquences.

Il ne s’agit pas seulement de notre opposition au système de la libéralisation aveugle des échanges commerciaux mondiaux. Nous avons eu l’occasion de voir combien il peut ruiner nos pays. Dans chaque domaine d’activité, la politique du « moins cher » fait prévaloir des productions au prix de la surexploitation des travailleurs et du saccage de la nature. Dans ce domaine précis, couvert par l’accord Mercosur, se posent à nous des problèmes de santé publique en plus d’une nouvelle et brutale mise en cause de notre souveraineté alimentaire.

Je joins donc à ce mot un mémoire récapitulatif de nos arguments déjà défendus dans les assemblées parlementaires nationale et européennes. Certain de retenir ton attention sur notre point de vue, je te renouvelle l’expression de notre respect pour ta haute mission au service du Brésil et de ma vive et fidèle amitié personnelle.

Jean-Luc Mélenchon

Résumé des raisons pour lesquelles l’accord UE-Mercosur est aux yeux de la France-Insoumise un accord néfaste pour les agricultures familiales françaises.

L’UE prévoit de libéraliser totalement 82 % des importations agricoles en provenance du Mercosur, le reste l’étant partiellement. En retour, les pays du Mercosur suppriment 93 % de leurs lignes tarifaires pour les importations de produits agroalimentaires.

Dans notre analyse, cette libéralisation des échanges tire vers le bas les prix à la production dont dépend la rémunération des agriculteurs et aggrave leur dépendance envers les marchés mondiaux. Du côté de l’UE, les quotas d’importations à droits de douane très faibles ou nuls (99 000 tonnes de bœuf, 80 000 t de volaille 650 000 t d’éthanol par an) vont fortement déstabiliser les marchés européens et la paysannerie familiale française .

De fait, cet accord met en péril des dizaines de milliers d’éleveurs en poussant à l’agrandissement des exploitations agricoles. Il se fera contre la diversification agricole des territoires, contre les agricultures vivrières, au profit de l’agrobusiness d’exportation. Il mettra en péril notre souveraineté alimentaire.

Mais surtout, à nos yeux, l’accord tire vers le bas toutes les normes environnementales et sociales. Nous ne croyons pas à l’argument des « clauses miroir » (pour faire respecter les normes sanitaires et environnementales de chacune des régions). Comment pourrait-il fonctionner face à des différentiels de coûts liés aux normes sociales ou aux tailles d’entreprises ? Et enfin nous ne croyons pas que les moyens de contrôle qu’il nécessiterait pour que cela soit efficace soient jamais déployés compte tenu de leur coût pour les États.


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