Sur un réseau international (industriel et commercial) de l’armement : USA, Israël, Europe (dont Allemagne, Royaume-Uni, France),Ukraine

mercredi 2 juillet 2025.
 

Derrière les propos va-t-en-guerre et les postures moralisatrices, la bonne santé capitalistique des marchands d’armes, dont nous proposons ici un bref inventaire.

1 – Les exportations d’armes des États-Unis vers Israël.

1. Montant des importations d’armes d’Israël en provenance des États-Unis et leur évolution depuis 2020

Contexte général :

Les États-Unis sont le principal fournisseur d’armes d’Israël. Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), entre 2013 et 2022, 69 % des importations d’armes d’Israël provenaient des États-Unis, principalement sous forme d’avions de combat, de missiles et de systèmes de défense avancés. Les importations israéliennes d’armes représentent environ 2,3 % des importations mondiales d’armes, avec une légère diminution sur la période récente.

Montant et évolution depuis 2020

Montant : Les données précises sur le montant exact des importations annuelles d’armes des États-Unis vers Israël depuis 2020 sont limitées dans les sources disponibles. Cependant, en 2023, les importations totales d’armes d’Israël étaient significatives, avec les États-Unis représentant 69 % de ces importations, ce qui inclut des équipements comme les avions de combat F-35 et des systèmes de missiles. Une estimation approximative pour 2023, basée sur des rapports, suggère que les importations en provenance des États-Unis pourraient se chiffrer en milliards de dollars par an, en partie grâce à l’aide militaire annuelle des États-Unis à Israël (environ 3,8 milliards de dollars par an, incluant des subventions pour l’achat d’armes).

Évolution : Les importations d’armes israéliennes ont légèrement diminué en volume global entre 2019 et 2023, selon le SIPRI, avec une réduction de 2,3 % rapportée dans certaines sources. Cependant, la part des États-Unis est restée constante à environ 69 %, ce qui indique une dépendance continue envers les équipements américains. Les tensions régionales, notamment le conflit à Gaza depuis 2023, ont probablement maintenu un niveau élevé d’importations, bien que des chiffres précis pour 2024-2025 ne soient pas encore pleinement disponibles.

2. Montant des exportations d’armes d’Israël vers l’Union européenne et le Royaume-Uni et leur évolution depuis 2020

Contexte général :

Israël est l’un des dix premiers exportateurs mondiaux d’armes, avec une part de marché de 2,4 % sur la période 2020-2024, selon le SIPRI. L’Europe est devenue un marché clé pour les exportations israéliennes, représentant 54 % des exportations d’armes en 2024, contre 35 % en 2023. Les armes israéliennes, notamment les drones, les systèmes de missiles et les technologies de cybersécurité, sont particulièrement prisées.

Montant et évolution depuis 2020 :

Montant : En 2024, les exportations totales d’armes israéliennes ont atteint un record de 14 milliards de dollars, selon certaines sources. L’Europe, incluant le Royaume-Uni, a absorbé 54 % de ces exportations, soit environ 7,56 milliards de dollars en 2024. Les principaux acheteurs européens incluent des pays comme l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, avec une forte demande pour les technologies de défense avancées.

Évolution : Les exportations d’armes israéliennes ont doublé en cinq ans (2020-2024). Cette croissance est attribuée à la demande croissante pour les technologies militaires israéliennes, notamment en Europe, dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine, qui a poussé les pays européens à renforcer leurs capacités de défense. La part de l’Europe dans les exportations israéliennes est passée de 35 % en 2023 à 54 % en 2024, marquant une forte augmentation.

Proportion des importations d’armes d’Israël en provenance de l’Allemagne

Contexte général :

L’Allemagne est le deuxième plus grand fournisseur d’armes d’Israël après les États-Unis. Selon des rapports, elle représentait 30 % des importations d’armes d’Israël en 2023. Les exportations allemandes vers Israël incluent des équipements comme des sous-marins (classe Dolphin) et des systèmes de défense.

Proportion et montant :

En 2023, l’Allemagne a fourni environ 326,5 millions de dollars d’équipements militaires à Israël, représentant 30 % des importations totales d’armes du pays. Cela inclut des systèmes navals et des composants pour les systèmes de défense.

La proportion de 30 % est significative, mais elle reste largement inférieure à celle des États-Unis (69 %). Les importations allemandes sont souvent complémentaires, axées sur des technologies spécifiques comme les sous-marins, qui ne sont pas fournis par les États-Unis.

3 Entreprises et partenariats dans l’armement entre les États-Unis et Israël

Contexte général :

Les États-Unis et Israël entretiennent une coopération étroite dans le secteur de l’armement, impliquant des entreprises des deux pays dans des partenariats stratégiques pour le développement et la production d’armes et de technologies militaires.

Entreprises et partenariats :

Entreprises américaines :

Lockheed Martin : Fournisseur clé des avions de combat F-35 à Israël. Ce partenariat inclut des contrats d’entretien et des adaptations spécifiques pour l’armée israélienne.

Boeing : Fournit des avions de chasse, des hélicoptères Apache et des systèmes de missiles comme le Joint Direct Attack Munition (JDAM).

Raytheon Technologies : Collabore avec Israël sur des systèmes de défense antimissile, notamment le système Iron Dome, développé en partenariat avec l’entreprise israélienne Rafael Advanced Defense Systems. Raytheon produit certains composants de l’Iron Dome aux États-Unis.

Entreprises israéliennes  : Rafael Advanced Defense Systems : Partenaire de Raytheon pour l’Iron Dome et d’autres systèmes comme les missiles Spike.

Israel Aerospace Industries (IAI) : Collabore avec des entreprises américaines pour le développement de drones et de systèmes satellitaires.

Elbit Systems : Fournit des technologies de défense (systèmes électroniques, drones) et travaille avec des entreprises américaines comme Northrop Grumman pour des projets conjoints.

Nature des partenariats :

Les partenariats incluent des coentreprises pour le développement de technologies (ex. : Iron Dome), des contrats de sous-traitance et des accords de transfert de technologie. Par exemple, l’aide militaire américaine finance souvent l’achat d’équipements produits par des entreprises américaines, mais intégrant des technologies israéliennes.

Ces collaborations sont soutenues par des accords bilatéraux, comme le Memorandum of Understanding (MOU) entre les États-Unis et Israël, qui garantit une aide militaire annuelle et favorise les partenariats industriels.

Résumé des points clés

Importations des États-Unis : Environ 69 % des importations d’armes si d’Israël, représentant des milliards de dollars par an, avec une légère diminution globale depuis 2020 mais une dépendance stable envers les États-Unis.

Exportations vers l’UE et le Royaume-Uni : 7,56 milliards de dollars en 2024 (54 % des exportations totales d’Israël, qui ont atteint 14 milliards de dollars), avec un doublement des exportations entre 2020 et 2024.

Importations depuis l’Allemagne : 30 % des importations d’armes d’Israël en 2023, soit environ 326,5 millions de dollars.

Partenariats États-Unis-Israël : Coopérations majeures entre entreprises comme Lockheed Martin, Raytheon, Rafael, et Elbit Systems, notamment pour l’Iron Dome, les F-35 et les drones.

Notes

Les chiffres exacts pour 2024-2025 peuvent varier en fonction des rapports officiels à venir. Les données du SIPRI et d’autres sources fiables sont utilisées ici, mais elles peuvent être incomplètes pour les années les plus récentes.

4 –Exportations de matériel militaire de la France vers Israël depuis 2020

La France a exporté du matériel militaire vers Israël depuis 2020, bien que les volumes et les types de matériel varient selon les années et que les informations disponibles soient parfois contradictoires ou limitées par le manque de transparence officielle.

Données générales depuis 2020 :

Montants des exportations : Selon plusieurs sources, les exportations d’armement de la France vers Israël sont restées relativement modestes comparées à celles vers d’autres pays, mais elles existent. Le Rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France, publié par le ministère des Armées, constitue la principale source officielle.

En 2020, les exportations françaises d’armement vers Israël étaient incluses dans un ensemble de contrats généralement inférieurs à 200 millions d’euros, mais aucun montant précis n’est mentionné pour Israël spécifiquement dans les données disponibles.

En 2022, le rapport indique que la France a vendu des fusils d’assaut à Israël, mais aucun montant global précis n’est détaillé.

En 2023, plusieurs sources, dont Le Figaro, France 24, et L’Orient-Le-Jour, rapportent que la France a reçu 19,9 millions d’euros de commandes d’armement de la part d’Israël, un montant relativement stable par rapport aux 25,6 millions d’euros enregistrés en 2022. Une autre source, issue de l’Assemblée nationale, mentionne un montant d’environ 30 millions d’euros pour 2023, ce qui pourrait inclure des catégories plus larges de matériel militaire.

Depuis octobre 2023, des rapports, notamment de l’ONG Disclose, font état d’un « flux ininterrompu » de livraisons d’armes par voie aérienne et maritime, incluant des pièces pour mitrailleuses et d’autres équipements. Par exemple, une livraison de 14 tonnes de pièces pour fusils mitrailleurs a été signalée en juin 2025 au départ de Fos-sur-Mer.

Types de matériel : Les exportations incluent des équipements militaires variés, tels que des pièces pour cartouches de fusils mitrailleurs, du matériel de conduite de tir, et des composants entrant dans la fabrication de bombes, torpilles, roquettes, ou missiles. En 2023, 75 licences d’exportation ont été validées, incluant ce type de matériel.

Controverses et manque de transparence :

Certaines sources, comme Disclose, affirment que le gouvernement français a minimisé ou nié l’ampleur de ces exportations, notamment en déclarant que la France « ne livre pas d’armes à Israël » pour Gaza. Cependant, des livraisons continues, parfois secrètes, ont été documentées, contredisant ces affirmations.

Les montants et les quantités exactes restent difficiles à vérifier en raison de la nature partiellement confidentielle des données sur les exportations d’armement. Par exemple, une publication sur X mentionne des livraisons de « milliards d’articles », mais cette affirmation semble exagérée et manque de corroboration.

Accords de coopération entre firmes françaises et israéliennes

Il existe des collaborations entre des entreprises françaises et israéliennes dans le secteur de l’armement, bien que les détails précis soient souvent opaques en raison de la sensibilité des informations.

Exemples de coopération :

Thales et Elbit Systems : Thales, un géant français de la défense, a collaboré avec Elbit Systems, une entreprise israélienne majeure dans l’électronique de défense, sur des projets de systèmes électroniques et de drones. Ces partenariats incluent le développement de technologies comme les systèmes de conduite de tir ou de surveillance.

Safran et Rafael : Safran, autre acteur clé français, a travaillé avec la firme israélienne Rafael sur des systèmes de guidage et des technologies optroniques. Ces collaborations sont souvent intégrées dans des projets plus larges impliquant plusieurs pays.

MBDA et Israel Aerospace Industries (IAI) : MBDA, fabricant français de missiles, a des partenariats avec IAI pour des projets liés aux systèmes de défense antimissile ou de missiles guidés.

Contexte des accords : Ces coopérations s’inscrivent dans le cadre de l’industrie mondiale de l’armement, où les entreprises françaises et israéliennes partagent des technologies pour des projets conjoints ou des contrats internationaux. Israël, 8e exportateur mondial d’armes en 2023 avec 13 milliards de dollars d’exportations, est un acteur important dans ce secteur, ce qui favorise les collaborations avec des firmes françaises.

Données limitées : Les informations publiques sur ces accords sont rares, car les entreprises et les gouvernements protègent souvent les détails pour des raisons stratégiques et commerciales. Cependant, des rapports comme celui de l’Union juive française pour la paix (UJFP) mentionnent que des entreprises françaises, telles que Thales, Safran, et Airbus, participent à des projets avec des firmes israéliennes, souvent dans le cadre de consortiums internationaux.

Résumé

Exportations depuis 2020 : La France a exporté du matériel militaire vers Israël, avec un montant de 19,9 à 30 millions d’euros en 2023, selon les sources, et des livraisons continues, notamment de pièces pour mitrailleuses et d’équipements de conduite de tir.

Coopération : Des firmes françaises comme Thales, Safran, et MBDA collaborent avec des entreprises israéliennes (Elbit Systems, Rafael, IAI) sur des projets technologiques et de défense, mais les détails précis sont peu documentés publiquement.

Limites : Les données officielles manquent parfois de transparence, et les affirmation au délit s sur X ou dans certains rapports doivent être prises avec précaution, car elles peuvent être biaisées ou exagérées.

5 – La fourniture de matériel militaire de l’État d’Israël à l’Ukraine.

Depuis le début de l’intervention militaire russe en Ukraine en février 2022, le gouvernement israélien a adopté une position prudente en matière d’assistance militaire, privilégiant une aide humanitaire et des équipements de protection ainsi d’armes non létales .

Aide fournie par Israël

Équipements de protection : En avril 2022, Israël a approuvé la vente de casques et de gilets pare-balles destinés aux équipes médicales et aux premiers intervenants ukrainiens, marquant ainsi un premier assouplissement de sa politique antérieure de non-fourniture de matériel militaire .

Systèmes d’alerte civile : En octobre 2022, Israël a accepté de fournir un système d’alerte aux civils, similaire à ceux utilisés en Israël, pour aider à prévenir les attaques aériennes russes .

Assistance indirecte : Des informations suggèrent que des technologies israéliennes, telles que des systèmes de guidage de tir et des équipements de vision nocturne, ont été fournis à l’Ukraine via des sociétés privées ou des pays tiers .

Stock américain en Israël : Israël a permis aux États-Unis d’utiliser des stocks d’armement situés sur son territoire pour approvisionner l’Ukraine, notamment en obus d’artillerie .

Refus de fournir des armes létales

Malgré les demandes répétées de l’Ukraine, Israël a systématiquement refusé de fournir des armes létales, telles que des systèmes de défense antimissile comme le Dôme de fer ou le David’s Sling. Cette décision est motivée par des préoccupations concernant la sécurité nationale, notamment la nécessité de maintenir des relations stratégiques avec la Russie en Syrie, où les forces israéliennes mènent des opérations contre des cibles iraniennes .

Pressions internationales

Les États-Unis ont exercé des pressions sur Israël pour qu’il accroisse son soutien militaire à l’Ukraine. En réponse, Israël a autorisé la vente de systèmes de guerre électronique par des entreprises israéliennes à l’Ukraine, bien que cette assistance reste limitée aux équipements de défense non létaux .

Conclusion

En résumé, depuis 2022, Israël a fourni à l’Ukraine une aide humanitaire et des équipements de protection non létaux, tout en refusant de livrer des armes létales. Cette position reflète un équilibre délicat entre le soutien à l’Ukraine et la préservation de ses intérêts stratégiques en matière de sécurité nationale.

Ceci étant dit, rien n’empêche l’union européenne d’envoyer à l’Ukraine des armes qu’elle a importées d’Israël.

Hervé Debonrivage


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