![]() |
Autrice pendant trente ans d’écrits haineux qu’elle n’a jamais reniés publiquement, la députée du Pas-de-Calais a aussi rendu hommage dans un ouvrage à une figure du nazisme en Belgique, a découvert Mediapart. Amie intime de Marine Le Pen, Caroline Parmentier faisait encore la promotion de ce livre dans les années 2010.
La députée Rassemblement national (RN) Caroline Parmentier n’a pas fait que publier pendant trente ans, au moins jusqu’en 2018, des écrits racistes, antisémites et homophobes dans le journal pétainiste Présent ou sur Facebook. Elle a aussi célébré, dans un petit livre tombé aujourd’hui dans l’oubli, un homme auquel le dessinateur Hergé, créateur de Tintin, devrait beaucoup : le nazi belge Léon Degrelle, qui a combattu pendant la Seconde Guerre mondiale avec les Waffen-SS.
Comme l’a découvert Mediapart, Caroline Parmentier a fait partie en 1993 d’un petit groupe de « journalistes nationalistes » – selon leur propre dénomination – qui a écrit l’ouvrage collectif Hergé et nous. Ce livre, dont l’actuelle députée RN et amie intime de Marine Le Pen faisait encore la promotion dans les années 2010 dans les colonnes de Présent, est en réalité une entreprise de réhabilitation de Léon Degrelle (1906-1994) et des racines idéologiques de Hergé.
Un hommage vibrant y est rendu au « grand Léon » qui, jusqu’à la fin de sa vie, continuera de glorifier Hitler et de nier la réalité de la Shoah. « Hitler, c’était le génie foudroyant, le plus grand homme de notre siècle », dira même Degrelle dans un documentaire.
Dénonçant le « terrorisme culturel hérité de l’Épuration », l’ouvrage auquel a participé Caroline Parmentier se donne ainsi pour mission de rappeler « ce qu’on sait moins », à savoir « tout ce qu’Hergé doit à Léon Degrelle et au rexisme ». Le rexisme est une référence au mouvement fasciste de Degrelle qui tire son nom de Rex, la maison d’édition qu’il avait dirigée.
Léon Degrelle a également fréquenté Hergé à Vingtième siècle, journal pour lequel ils ont tous deux travaillé sous les ordres d’un homme, l’abbé Wallez, condamné pour collaboration au sortir de la guerre.
Le collectif de Caroline Parmentier et de ses amis « nationalistes » souligne d’ailleurs que c’est au sein de ce journal qu’Hergé « dessine […] tout ce que la loi du 13 juillet 1990 interdit aujourd’hui » – la loi en question, dite « Gayssot », sanctionne les actes racistes et antisémites, ainsi que les contestations de crimes contre l’humanité…
« Dès lors, la réappropriation de Tintin par l’“extrême droite” est totalement légitime. Et c’est même faire œuvre pieuse à l’égard d’Hergé malgré les jaloux “gardiens de la mémoire” qui sont surtout gardiens des droits sonnants et trébuchants de Georges Rémi ! [le vrai nom d’Hergé – ndlr] », plaident les auteurs de Hergé et nous.
Ils ajoutent : « Hergé et […] Tintin sont très exactement des rexistes », exaltant le « fond de catholicisme solide » et « le souci d’être “européen” » du créateur du célèbre reporteur à la houpette, qualifié de « nationaliste à la française » et d’« authentique chrétien qui choisit son camp ».
À aucun moment, Caroline Parmentier et ses coauteurs ne prennent leur distance, au contraire, avec le fascisme fanatique, l’antisémitisme compulsif et les « faits d’armes » au sein des volontaires de la 28e division SS de Wallonie de Léon Degrelle, décédé en 1994 à Malaga, en Andalousie. Depuis son exil en Espagne, il était devenu une figure iconique pour les partis d’extrême droite européenne. Deux militants qui ont longtemps gravité dans le premier cercle de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon et Axel Loustau, lui rendront visite en 1992.
Il n’y a guère d’étonnement à voir Caroline Parmentier participer en 1993 à un hommage à Degrelle, elle qui, deux ans plus tard, qualifiera de « héros » et de « modèle » le journaliste et écrivain antisémite Robert Brasillach, directeur du journal Je suis partout, dans lequel il avait appelé en 1942 à la déportation des juifs, enfants compris.
Hergé et nous s’étonne également que le dessinateur ait pu se voir reprocher d’avoir été un « chantre du colonialisme » avec son album Tintin au Congo. « Accusation fondée […] mais que nous prenons, pour notre part, comme un des titres de gloire supplémentaires de Tintin », peut-on lire dans l’ouvrage.
Au sujet du même album, Hergé et nous regrette que le dessinateur ait cédé face aux « pressions des terroristes intellectuels » quand « il supprime les dialogues en “petit-nègre” de Tintin au Congo ». Autre péché : dans Le Crabe aux pinces d’or, Hergé « gomme le brave Nègre que le capitaine Haddock poursuivait aux cris de “Noix de coco !”, “ Jus de réglisse !”, “Moricaud”, “Cannibale”… ». Hergé et nous met également en cause les « agités professionnels de l’antiracisme » qui vont jusqu’à pousser Hergé à se « soumettre à la pression du lobby » quand il décide de changer des dialogues racistes de Coke en stock.
Date | Nom | Message |