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Carmat, c’est une entreprise, symbole de l’innovation médicale française, créée en 2008, qui finance la recherche et commercialise le cœur artificiel Aeson®, officiant donc dans le secteur stratégique de la santé publique. Leur produit s’adresse aux patient·es insuffisant·es cardiaques en stade terminal qui nécessitent une greffe de cœur. En France, on dénombre 1,5 million de patient·es atteint·es de cette pathologie.
411 greffes de cœurs ont été effectuées en 2022, 425 en 2019 (source : Agence de biomédecine). C’est à peu près 2 candidat·es pour un greffon. Depuis 2014, 120 patient·es ont bénéficié de la transplantation de ce cœur artificiel, dont le dernier patient a vécu 20 mois grâce à cette innovation.
Au début de l’été, la société Carmat est mise en redressement judiciaire à la suite d’une cessation de paiement. L’entreprise n’a pas réussi à compléter son budget malgré un appel aux dons lancé avant cette date. La date butoir pour déposer une offre de reprise avait été fixée au 31 juillet 2025. Une seule offre de reprise a été déposée par Pierre Bastid, actuel président du conseil d’administration de Carmat, via sa société belge Hougou, non sans augmentation des coûts des cœurs artificiels ! Une nouvelle preuve de la marchandisation de la santé. Notre article.
Carmat et ses coeurs artificiels sont en danger : le pouvoir reste sourd Actuellement, M. Bastid est actionnaire à hauteur de 17 % de l’entreprise, qui est entrée en bourse en 2010. Il promet d’apporter la somme de 1,3 million d’euros pour financer la poursuite des activités de recherche et de continuer à payer les créanciers de l’entreprise. Il s’engage également à apporter la somme de 150 millions d’euros sur 5 ans et de conserver les 138 salarié·es. Mais ces promesses ont un coût !
D’abord parce que l’entreprise, si la reprise est validée par le tribunal des activités économiques de Versailles, passerait sous bannière belge. Ensuite, parce que le projet de M. Bastid est d’augmenter fortement le coût du cœur artificiel Aeson® de 15 à 20 %. Aujourd’hui, son prix est en moyenne de 167 000 €, ainsi que d’augmenter le nombre de patient·es transplanté·es à 500 par an (42 transplantations en 2024). L’investisseur se veut médecin ? Un parfait exemple de la marchandisation de la santé.
L’augmentation du prix d’un cœur artificiel sera reportée sur la Sécurité sociale afin de payer les créanciers, mais surtout de rapporter des dividendes aux actionnaires dont fait partie M. Bastid.
La santé ne doit pas être une marchandise. Il s’agit d’espoir et de vies humaines au bout du processus. Et pourtant, pas un mot de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille, ni de Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, mais également cardiologue, sur ce sujet. Ils sont certes démissionnaires, mais le Gouvernement doit pouvoir continuer à suivre les affaires courantes. Deux solutions sont actuellement présentées : la déclaration de faillite de l’entreprise ou l’acceptation de l’offre de reprise.
Pourtant, une troisième voie est possible : la nationalisation et la sortie de la cotation en bourse de l’entreprise Carmat qui commercialise le fruit de 30 ans de recherche française. Est-ce que le pouvoir va enfin prendre ses responsabilités ? Des millions de patient·es gardent actuellement espoir sur la prise en charge de leur pathologie grâce à l’entreprise Carmat. Le gouvernement ne peut rester sourd à cela.
Ce mardi 30 septembre avait lieu une audience au tribunal des affaires économiques de Versailles afin de statuer sur le sort de l’entreprise Carmat et du même fait, sur le sort de tous les patient·es potentiel·les. Le repreneur déclaré, Pierre Bastid, n’ayant pas été en mesure de trouver les fonds nécessaires à la reprise de l’entreprise, son offre a été considérée caduque.
Le tribunal a néanmoins laissé un délai supplémentaire à l’investisseur afin d’essayer de réunir les fonds. Pierre Bastid a lancé un dernier appel aux « capitalistes français » et « aux familles les plus connues ». « On a sauvé Notre-Dame, on peut sauver Carmat », mais est-ce que cet appel sera entendu, sachant qu’il n’y aura ni défiscalisation ni (gros) profits dans cette affaire, seul l’envie de sauver son prochain. Suite et fin de la procédure le 14 octobre.
Par Marie Boucknooghe
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