Quand les irresponsables tendent la main à l’extrême droite : la proposition de cette sénatrice LR

samedi 18 octobre 2025.
 

Les moments de valse ministérielle comme celui que nous vivons depuis ce week-end ont un mérite : ils agissent comme un accélérateur de particules sur les politiciens les plus opportunistes. En juin 2024, Éric Ciotti pensait faire un bon coup en s’alliant avec le Rassemblement National (RN), il espérait sûrement devenir ministre dans un gouvernement d’extrême droite dirigé par Bardella. Avec le succès que l’on connaît.

Pour une promesse de poste, alors que tout semble s’emballer dans le petit monde de la macronie, s’accélérer, que les cartes sont en train d’être rebattues, certains tombent le masque avec une rapidité. C’est le cas des responsables Républicains (LR) qui, depuis la démission de Sébastien Lecornu lundi matin, ne savent plus où donner de la tête, mais confirment leur virage extrême droitier. Ce mardi matin, la sénatrice LR Sophie Primas a fait franchir le Rubicon à sa famille politique, en se disant favorable à un « contrat de gouvernement » avec le RN. Un interdit historique est brisé. Notre brève.

Un « contrat de gouvernement » avec l’extrême droite : un ballon d’essai

Ce mardi sur RTL, la sénatrice LR Sophie Primas, proche de Bruno Retailleau a laissé libre cours à son cynisme. Elle a en effet estimé, alors qu’elle était questionné sur le fait de gouverner avec le RN : « ça dépend pour quoi faire. S’il y a un contrat de gouvernement avec des idées et des mesures qui ne sont pas orthogonales à nos convictions, eh bien travaillons ensemble ? Nous n’avons pas que des désaccords avec le RN ».

Petit détail qui donne une autre ampleur à ces propos : Sophie Primas a été porte-parole du gouvernement de François Bayrou. Une élue de droite « républicaine », membre jusqu’à il y a peu d’un gouvernement mené par un démocrate-chrétien appelle donc à un gouvernement commun avec l’extrême droite.

La main (droite) tendue par Primas est à relier à deux autres déclarations.

D’abord celle de son chef, Retailleau qui, pour l’élection législative partielle opposant PS et RN dans le Tarn-et-Garonne, a donné sa consigne : « pas une voix pour la gauche », à voter pour l’extrême droite donc.

Autre prise de position symptomatique de ce rapprochement entre les extrêmes droites et extrême centre, celle de Marine Le Pen qui, sur le plateau de LCI, estimait être d’accord avec « les mots » de Bruno Retailleau, mais pas avec ses « actes ». Les deux pensent au fond la même chose, mais Le Pen est favorable pour taper plus durement sur les précaires, les quartiers populaires, la jeunesse (qui l’emmerde toujours), les personnes racisées… Alors pourtant que Retailleau s’est particulièrement distingué dans ce domaine.

Dans l’état actuel des rapports de force au Parlement, un tel gouvernement LR-RN semble improbable, et pour cause : le RN a tout intérêt à laisser le centre et la droite pourrir sur place, à les laisser s’enliser dans des négociations entre Retailleau, Lecornu, Glucksmann, Faure… Le Pen a d’ailleurs refusé de se rendre à Matignon pour participer aux négociations de Lecornu. Ce qui n’a pas empêché les troupes lepénistes à l’Assemblée de sauver une nouvelle fois Emmanuel Macron en bloquant la motion de destitution du président de la République, déposée par les députés de gauche et initiée par les Insoumis.

Mais la prise de position de Sophie Primas a le démérite de lancer un « ballon d’essai » dans l’arène médiatique. Si l’option de faire entrer l’extrême droite au gouvernement semble encore aujourd’hui prématurée pour certains, viendra le moment où, lorsque la sauce médiatique aura bien pris, quand l’idée aura fait son chemin chez les macronistes (elle semble déjà circuler à l’Elysée), l’idée d’une cohabitation avec le RN ne semblera pas si farfelue aux bons modérés et raisonnables.

La barrière historique entre droite « gaulliste » et extrême droite, qui existe depuis 1945, mais aussi depuis les municipales de Dreux de 1983, a volé en éclat. Face au chaos macroniste, aux magouilles socio-démocrates, et à une extrême droite sur les crocs, la gauche de rupture est la seule option politique contre l’austérité, le racisme et la réaction, et pour la redistribution des richesses et une Nouvelle France.

Par Alexis Poyard


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