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2) Réponse de Robert Mascarell
1) Lettre publique de Stéphane Mazars (avocat, député macroniste de l’Aveyron)
2) Réponse de Robert Mascarell
Cher Stéphane, ta sollicitude pour les entreprises m’émeut, privées qu’elles sont de toute visibilité.
Je suis assez d’accord avec toi. Sauf qu’il y a quelques décennies, c’était peu après l’ignoble virage de 1983, signant le ralliement des gouvernements socialistes au capitalisme mondialement globalisé et financiarisé, les grandes entreprises ont organisé une énorme pression sur les gouvernements socialistes et ses députés majoritaires, afin qu’ils votent les premières lois instituant la précarité des emplois des salariés dans leurs entreprises, en créant et en généralisant les contrats à durée déterminée et en laissant prospérer toutes les formes de travail intérimaire.
Aujourd’hui encore, ces mêmes entreprises usent et abusent des contrats précaires, transformant ces salariés en victimes expiatoires de leurs employeurs, facilement exploitables (malheur à ceux qui se syndiquent). Faute de visibilité sur leur avenir, ces salariés ne peuvent obtenir de crédits pour se loger, par exemple. Bizarrement, ce manque de visibilité t’émeut moins que celui frappant les entreprises.
J’ai encore dans les oreilles tes vibrantes plaidoiries devant le conseil des prud’hommes de Rodez, en faveur de salariés victimes de contrats précaires de la part de leurs employeurs. Quand tu es devenu député macroniste, je me suis dit que, fort de ton expérience de terrain, tu allais te fendre d’une proposition de loi pour restreindre et encadrer mieux l’usage de ces contrats précaires. Rien n’est venu de ta part. Il est vrai que, parfois le même jour, ou à d’autres audiences, tu défendais des employeurs contre des salariés victimes de ces contrats précaires.
À quel moment, l’avocat Stéphane Mazars était-il le plus sincère ? Quand il défendait le salarié ou quand il défendait l’employeur ?
Je dois te dire que ton action et tes votes durant tes deux mandats de député m’ont apporté la réponse. Tu as délibérément fait le choix de te placer du côté du plus fort contre le plus faible, du plus riche contre le plus pauvre. Libre à toi, mais n’essaie pas de faire croire le contraire. Pas à moi.
Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas, je dois leur dire que Stéphane et moi, nous nous connaissons très bien, et même en très bonne part, parce que j’ai très longtemps et très assidument fréquenté le CPH de Rodez, en ma qualité de défenseur syndical bénévole, mandaté par les salariés en faveur desquels je plaidais, et par l’Union départementale CGT de l’Aveyron. Il est même arrivé que nous plaidions l’un contre l’autre. Stéphane pour l’employeur et moi pour le salarié.
La suite de mon propos est donc écrite à l’aune de notre expérience judiciaire commune.
Cher Stéphane, je suis d’accord avec toi quand tu écris : « que les Français s’inquiètent légitimement pour leur avenir, celui de leurs enfants et leurs petits-enfants,……. ». Mais, qui les met dans cet état d’inquiétude ? Ce n’est ni LFI, ni le PCF, ni……. C’est ton cher Macron, pour les Français(e)s le bien trop cher pour nos moyens Macron.
Ton gourou fréquente les allées du pouvoir depuis 2012. Il exerce pleinement le pouvoir depuis 2017. Il s’inscrit même dans la continuité des politiques de ces prédécesseurs depuis 1983, en les ayant aggravées.
Ton appel à l’esprit de responsabilité des « forces politiques de gouvernement - des Républicains au Parti socialiste, en passant par la famille politique qui est la mienne…… » est cocasse. Le premier irresponsable est à l’Élysée. Un de ces énièmes actes d’irresponsabilité fut commis au lendemain de la cuisante défaite de ses poulains, lors des élections européennes, en juin 2024, quand il a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale.
Heureusement pour les Français(e)s, LFI n’entend pas participer à ce petit jeu des autoproclamés « responsables ». S’ils sont responsables, c’est d’être co-responsables dans la préparation de la chienlit actuelle.
Tu écris que : « les partis extrémistes, La France Insoumise et le Rassemblement national, prospèrent sur ces inquiétudes et sur ce désarroi du pays. »
Outre que ce sont Macron et ses députés qui sont à l’origine des inquiétudes et du désarroi du pays, je rappelle au professionnel du droit que tu es que le Conseil d’État dit de LFI que c’est un parti de gauche et du RN que c’est un parti d’extrême-droite. Je te soupçonne de populisme, c’est-à-dire de tromper délibérément tes lecteurs, quand tu véhicules ce mensonge. À moins que tu fasses fi des décisions du Conseil d’État. On peut l’admettre pour un non professionnel du droit, c’est inadmissible venant d’un professionnel.
Tu en connais beaucoup des partis extrémistes et/ou populistes qui confectionnent un programme extraordinairement détaillé, concret et chiffré, portant sur tous les aspects de la vie économique, sociale, environnementale, culturelle, sécurité nationale, internationale…... ? Ce programme, l’Avenir en commun, est largement diffusé et facilement consultable sur internet. Ce programme est également ouvert à la critique des citoyens.
Généralement, les partis extrémistes n’ont aucun programme ou si peu. Le parti d’extrême-centre de Macron était insignifiant en 2017, comme en 2022. Idem pour celui du RN. Aucun des candidats LREM de Macron, en 2017, n’a été choisi par vote. Ils ont tous été cooptés ou désignés par Macron ou son premier cercle. Mais c’est à LFI que des gars comme toi font ce reproche. Ne t’en déplaise, mais j’ai toujours choisi mon candidat LFI en ayant la possibilité de voter pour ou contre lui.
Ton chapitre sur le budget 2026 m’a beaucoup amusé. Tu y pratiques allègrement l’antiphrase.
Comment la France pourrait-elle être « souveraine sur les plans industriel et agricole » ? Quand Macron, dans les pas de ses prédécesseurs, s’est évertué à brader l’industrie française à l’encan. Le cas le plus emblématique étant celui d’Alsthom. Idem avec l’agriculture, via les innombrables accords de libre-échange signés par Macron. Au point que les petites et moyennes exploitations agricoles ne cessent de disparaître, quand l’exploitant, lui-même, ne se suicide pas.
Comment la France pourrait-elle opérer « une transition écologique durable, au service des générations présentes et futures » ? Tant qu’elle acceptera d’appliquer aveuglément le principe cardinal et mortifère de l’Union européenne, dit de la concurrence libre et non faussée, ouvrant la porte à toutes les formes de dumpings et permettant à la production des articles d’être fabriqués aux quatre coins du monde et d’être ensuite transportés par des énormes cargos extraordinairement polluants.
Comment la France pourrait-elle être « attachée à un modèle social où l’école et la santé demeurent des priorités » ? Quand les politiques de Macron et de ses prédécesseurs ont déjà détruit en grande partie l’école et les hôpitaux publics. Au début du 21e siècle, le système public français de la santé était considéré comme le meilleur au monde. Aujourd’hui, il est relégué dans les profondeurs des classements internationaux.
Comment la France pourrait-elle être celle « où le travail et l’effort sont reconnus, récompensés, et permettent de vivre dignement. » ? Quand, j’en parle au début de mon propos, la précarisation de l’emploi y est galopante. Le chômage ne s’y réduit (s’il s’y réduit) qu’à coups de faux expédients, par intégration de centaines de milliers d’apprentis, d’autos-entrepreneurs (la grande majorité étant de faux entrepreneurs) dénués de toute protection sociale, de radiations administratives pour un oui ou pour un non.
1) Lettre publique de Stéphane Mazars (avocat, député macroniste de l’Aveyron)
Notre pays traverse une crise politique sans précédent.
Et à chaque rencontre avec vous, mes chers concitoyens aveyronnais, je ressens chaque jour davantage votre inquiétude et votre désarroi. Etre à la hauteur du moment, d’abord, face à une instabilité politique qui dure maintenant depuis plusieurs mois et prive nos acteurs économiques, sociaux, associatifs - mais aussi chacun d’entre nous, consommateurs et citoyens du quotidien - de toute visibilité.
Les entreprises hésitent à recruter, les collectivités à investir, les associations à s’engager et, les ménages, à consommer ou à se projeter.
Si elle se poursuit, cette paralysie prépare inéluctablement une crise économique et sociale de grande ampleur qui n’épargnera aucun secteur, ni personne - et surtout pas les plus précaires.
Etre à la hauteur du moment, ensuite, devant le spectacle d’une classe politique qui, dans son ensemble, donne un visage d’impuissance et de division.
Alors même que les Français s’inquiètent légitimement pour leur avenir , celui de leurs enfants et leurs petits-enfants, les partis politiques - aucun ne disposant seul d’une majorité à l’Assemblée nationale - semblent incapables de dialoguer, de partager un diagnostic, de trouver des compromis pour servir l’intérêt général.
Depuis plusieurs mois, j’appelle les forces politiques de gouvernement - des Républicains au Parti socialiste, en passant par la famille politique qui est la mienne - à faire preuve de responsabilité.
Responsabilité pour éviter le chaos politique jusqu’en 2027, date à laquelle les Français choisiront un nouveau président de la République et un nouveau projet de société.
Car si nous voulons éviter qu’en 2027, ce choix ne soit pas éclairé et libre - non contraint par une perte de souveraineté et une mise sous tutelle - il faut agir dès aujourd’hui.
Nos concitoyens attendent de nous, leurs représentants, que nous nous parlions, que nous partagions les constats, que nous fassions des concessions, et, pour certains d’entre nous, que nous soyons enfin capables d’un sursaut d’union nationale, comme après-guerre.
Je le dis avec lucidité : les partis extrémistes, La France Insoumise et le Rassemblement national, prospèrent sur ces inquiétudes et sur ce désarroi du pays.
Et il nous reste peu de temps pour agir, afin d’éviter que, dans quelques jours ou en 2027, l’extrême droite ne prenne les clés du pays, tandis que l’extrême gauche imposerait son contre-pouvoir dans la rue.
L’actualité internationale, plus instable que jamais depuis la fin de la guerre froide, nous y oblige aussi : la France doit rester un pôle de stabilité et de raison et sa parole doit continuer à peser en Europe.
Je suis convaincu qu’il est possible, sans renier l’ADN de chaque formation républicaine, de doter notre pays d’un gouvernement à la fois réaliste et responsable dans ses équilibres financiers, et juste sur les plans fiscal et social.
Derrière les chiffres et les colonnes d’un projet de loi de finances, il y a des vies, des familles, des territoires…et des espoirs…
d’une France souveraine sur les plans industriel et agricole ;
d’une France qui s’engage pour une transition écologique durable, au service des générations présentes et futures ;
d’une France attachée à un modèle social où l’école et la santé demeurent des priorités ;
d’une France qui ne renonce pas à la sécurité des personnes et des biens ;
et d’une France où le travail et l’effort sont reconnus, récompensés, et permettent de vivre dignement.
Et pour cela, oui, il nous faut être, collectivement, à la hauteur du moment, pour l’avenir des Françaises et des Français.
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