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Ce jeudi 16 octobre, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a porté plainte contre les sites de location de courte durée Airbnb et Booking.com, lesquelles proposent des annonces dans les colonies israéliennes illégales en territoires palestiniens. La rapporteure spéciale des Nations Unies a dénoncé un tourisme qui « légitime l’annexion ».
Le cessez-le-feu n’a pas mis un terme aux crimes de l’armée israélienne. Depuis sa conclusion, Israël continue de tuer arbitrairement, d’intensifier le blocus illégal de Gaza et d’asseoir sa colonisation d’une partie de la bande de Gaza. Dans un article récent, l’Insoumission avait fait un résumé d’un rapport d’Oxfam et de 84 ONGs décrivant en détail l’occupation croissante et illégale par Israël du territoire palestinien. Ces ONGs soulignent en particulier la recrudescence des assassinats en toute impunité de Palestiniens, la destruction de leurs maisons, des terres agricoles, notamment de champs d’oliviers centenaires, des élevages, l’accaparement des ressources en eau.
De nombreuses entreprises sont complices de cette colonisation criminelle dont Airbnb, mais également quatre banques françaises. Elles figurent parmi les 10 institutions financières européennes qui ont le plus investi entre janvier 2021 et septembre 2024 dans ces 58 entreprises complices de la colonisation criminelle. Notre article.
Les 123 États parties au Statut de Rome ont obligation de faire respecter le droit international – y compris par leurs citoyens et leurs compagnies La Cour internationale de Justice (CIJ) a réaffirmé dans son avis du 19 juillet 2024 l’illégalité de l’occupation israélienne des territoires palestiniens. Cette décision historique fixe un ultimatum à Israël pour mettre fin à la colonisation en septembre 2025, tout en rappelant aux États leur obligation de faire respecter le droit international – y compris par leurs citoyens et leurs entreprises. Depuis cet arrêt, Israël a amplifié plus que jamais la colonisation, assassinant 686 palestiniens et blessant 5704 personnes depuis 2024 selon l’Office pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
En s’appuyant sur cette juridiction internationale, le rapport de septembre 2025 du comité des droits de l’homme de l’ONU a listé 158 compagnies faisant un commerce avec ces colonies israéliennes illégales. Ce rapport détaille la méthodologie rigoureuse utilisée, basée en particulier sur une procédure d’échange contradictoire avec les compagnies incriminées. En utilisant la même méthodologie rigoureuse, la coalition « Don’t Buy into Occupation » (DBIO), qui rassemble 24 organisations européennes et palestiniennes (dont la CGT), publie chaque année une liste globalement équivalente des compagnies incriminées dans ce commerce illégal.
De plus, DBIO a indiqué les 50 principales banques européennes finançant les 58 compagnies les plus fortement impliquées dans cette colonisation illégale des territoires palestiniens. Ces 58 compagnies sont indiquées en annexe.
Quatre banques françaises ont apporté 24,6 % du financement européen aux compagnies faisant commerce avec les colonies israéliennes illégales Le rapport de DBIO montre que quatre banques françaises (BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole et le groupe Banque Populaire-Caisse d’Épargne) figurent parmi les 10 institutions financières européennes qui ont le plus investi entre janvier 2021 et septembre 2024 dans ces 58 entreprises complices. Que ce soit sous forme de prêts, de garanties d’émission, d’achat d’actions ou d’obligations. A elles seules, ces 4 banques françaises ont apporté 24,6 % du financement européen (83 sur 338 milliards €) allant à ces 58 compagnies violant le droit international.
Prêts Mds € Garantie d’émission Mds € Actions/obligations Mds € Total Mds € BNP Paribas 11 24 4 39 Société générale 5 6 12 23 Crédit Agricole 7 6 0 13 Banque Populaire-Caisse d’Épargne 2 1 5 8 Total 25 37 21 83 Quatre banques françaises ont financé pour 83 milliards entre 2021 et 2024 les 58 compagnies les plus impliquées dans le commerce avec les colonies illégales israéliennes en territoire palestinien occupé. Données de DBIO. Il est clair que ces 58 entreprises mènent également des activités en dehors des colonies, mais DBIO fait remarquer :
Nous ne prétendons pas que l’intégralité de ces capitaux est exclusivement destinée à financer les entreprises liées aux colonies illégales en territoire palestinien occupé. Cependant, un investissement dans une entreprise soutient généralement cette dernière dans son ensemble, ce qui lie l’investisseur à l’ensemble de ses activités, et par conséquent, à tous les impacts négatifs associés.
Quelle que soit l’ampleur de l’investissement ou la part du capital directement allouée à l’industrie des colonies, les institutions financières ont la responsabilité d’agir et d’éviter de faciliter les violations des droits de l’homme par leurs investissements. Cela inclut l’utilisation de leur influence pour inciter leurs clients et les entreprises dans lesquelles elles investissent à mettre fin à leurs activités nuisibles et illégales, et à en réparer les conséquences.
DBIO, rapport 2024 BNP Paribas est la principale banque européenne impliquée dans le financement des compagnies faisant commerce avec les colonies illégales Pour mieux percevoir les conséquences dramatiques de l’implication de ces compagnies dans la fabrique du génocide, trois associations – Attac France, Association France Palestine Solidarité (AFPS), Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS) – ont décrit en détail les participations de la Banque BNP Paribas.
Citons quatre exemples :
1. BNP Paribas détient 235 millions de dollars d’actions et obligations dans la compagnie Caterpillar qui fournit des bulldozers à Israël et lui a prêté plus de 674 millions de dollars entre janvier 2021 et septembre 2024.
« Les bulldozers Caterpillar sont largement utilisés pour la démolition de maisons et la construction de colonies dans le territoire palestinien occupé, ainsi que pour la construction du mur de séparation en Cisjordanie occupée et de la barrière entourant la bande de Gaza assiégée. Les bulldozers Caterpillar D9 sont employés par l’armée israélienne pour accompagner les forces militaires lors des invasions et des arrestations militaires en Cisjordanie et à Gaza.
Ainsi en décembre 2023, lors de l’attaque israélienne contre Gaza, le personnel de Zoko Enterprises, intermédiaire direct de Caterpillar, a été recruté par l’armée israélienne en tant qu’unité de réserve pour servir de renfort au personnel de maintenance des bulldozers Caterpillar D9 de l’armée. D’autres rapports montrent que les bulldozers Caterpillar auraient été utilisés pour mutiler ou ensevelir vivants1des civils palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. »
2. BNP Paribas a investi environ 91 millions de dollars de prêts ou d’actions dans la plus grande entreprise d’armement israélienne Elbit Systems sur la période 2021-2024.
« Rien qu’entre janvier et mars 2024, les ventes de l’entreprise en Israël ont augmenté de 61,5 % pour atteindre 437 millions de dollars. L’équipement militaire d’Elbit Systems a été massivement utilisé dans l’attaque contre Gaza, ainsi que dans les attaques militaires israéliennes au Liban. Ces armes comprennent des obus et des canons de chars, des drones d’attaque et de surveillance, des mortiers guidés par laser, des munitions de mortier, des roquettes d’artillerie et des systèmes de véhicules blindés ».
Pour ses ventes de matériel militaire et de renseignement à des entreprises et gouvernements étrangers : « Elbit Systems utilise ses relations avec l’armée israélienne comme un outil de marketing et un terrain d’essai pour sa technologie, et elle commercialise souvent ses produits comme étant éprouvés au combat, c’est-à-dire sur les Palestinien·nes ».
Rapport ATTAC-AFPS-BDS
3. BNP Paribas a accordé plus de 5,7 milliards d’euros de prêts entre janvier 2021 et août 2023 aux quatre plus gros fournisseurs d’armes à Israël : Boeing (États-Unis), Leonardo (Italie), Rolls-Royce (Royaume-Uni) et RTX (États-Unis). Ces sociétés fournissent toute une panoplie d’armes à l’armée israélienne pour mener la colonisation illégale et un génocide : hélicoptères, pièces détachées pour les avions de combat, pour des chars, bombes téléguidées, électronique.
« Dans un communiqué de juin 2024, un panel d’experts de l’ONU s’est adressé à ces entreprises pour les exhorter à mettre fin aux transferts d’armes à Israël, même s’ils sont effectués dans le cadre de licences d’exportation existantes : « En envoyant des armes, des pièces, des composants et des munitions aux forces israéliennes, ces entreprises risquent d’être complices de graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international ».
Rapport ATTAC-AFPS-BDS
4. BNP Paribas a enfin participé à une levée de fonds record pour Israël, en mars 2024, à hauteur de 2 milliards de dollars.
« Pourtant, fin janvier 2024, la Cour Internationale de Justice avait jugé qu’il existait un risque plausible de génocide à Gaza. De plus, depuis décembre 2022 et l’élection de la coalition gouvernementale israélienne encore au pouvoir aujourd’hui, la colonisation figurait au premier rang des priorités nationales, avec un engagement à légaliser les avant-postes illégaux. Le gouvernement israélien déclarait alors : « le peuple juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les parties de la Terre d’Israël ».
« En vertu de la résolution votée à l’ONU le 18 septembre 2024 : les sociétés privées s’exposent à des sanctions si leurs actions impliquent « la reconnaissance de la situation créée par la présence illicite d’Israël dans le Territoire palestinien occupé » ou constituent « une aide ou une assistance au maintien de cette situation ».
Elles peuvent être poursuivies pour complicité de crime de guerre dont le crime de colonisation, des crimes reconnus en droit pénal et civil français, ou de complicité de crime de génocide, en droit international. La CIJ a jugé le 26 janvier 2024 qu’il existait un risque plausible de génocide à Gaza. Amnesty International a publié une enquête en décembre 2024 apportant des éléments de preuve de ce génocide. Ce rapport a été suivi de près par ceux de Human Rights Watch et Médecins Sans Frontières : un nombre croissant d’experts juridiques et d’organisations concluent qu’un génocide est en cours à Gaza ».
Annexe. Ces 58 entreprises, financées par les banques européennes, ont été impliquées pendant la période 2021-2024 dans une ou plusieurs des « activités répertoriées soulevant des préoccupations particulières en matière de droits de l’homme », qui constituent la base de leur inclusion dans la base de données de l’ONU recensant les entreprises liées aux colonies israéliennes.
Airbnb ; Alon Blue Square ; Alstom ; Altice International ; Ashtrom Group ; Axel Springer ; Bank Hapoalim ; Bank Leumi ; Bezeq Group ; Booking Holdings ; Bright Dairy & Food ; Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) ; Carlsberg ; Carrefour ; Caterpillar ; Cellcom Israel ; Cemex ; Cisco Systems ; CNH Industrial ; Danya Cebus ; Delek Group ; Delta Galil Industries ; eDreams ODIGEO ; Elbit Systems ; Electra Group ; Expedia Group ; Hamat Group ; Heidelberg Materials ; Hewlett Packard Enterprise (HPE) ; HikVision ; Hilan ;
Hyundai Heavy Industries ; IBM ; Israel Chemicals (ICL Group) ; Israel Discount Bank ; MAN Group ; Matrix IT ; Mivne Group ; Mizrahi Tefahot Bank ; Motorola Solutions ; Orbia ; Partner Communications ; Paz Oil Company ; Rami Levy Chain Stores Hashikma Marketing 2006 ; RE/MAX Holdings ; Shapir Engineering and Industry ; Shikun & Binui ; Shufersal ; Siemens ; Syensqo ; The Coca-Cola Company ; TKH Group ; Tripadvisor ; TUI Group ; Villar International ; Vinci / SEMI ; Volvo Group ; et WSP Global.
Les Insoumis du Pic Saint Loup (Hérault)
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