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D’ailleurs, le concept de puissance lui-même doit être interrogé. Que signifie-t-il pour nous ? Il s’identifie au concept de souveraineté. La puissance, c’est le pouvoir d’agir sans entrave. C’est-à-dire d’agir librement. L’indépendance de la Nation, c’est donc son pouvoir d’agir sans entrave de l’étranger. Se libérer des entraves ne se limite d’ailleurs pas à celles que l’étranger pourrait opposer. Il en va de même concernant bien des firmes transnationales par exemple. On peut étendre le cas encore à des capacités techniques ou intellectuelles qui seraient devenues impossibles chez nous. Il s’agit donc en général de se libérer des dépendances quand elles donnent à un tiers le pouvoir de vous empêcher de décider et de faire. Mais le pouvoir de décider qu’il faut sauvegarder à tout prix, qui le détient ? Celui que Macron a nié : le peuple décidant dans les élections. Pourtant, pour nous, nation démocratique, l’indépendance est une des conditions essentielles de la souveraineté populaire. Rien de moins. Car l’indépendance du peuple, c’est sa liberté de décider et de mettre en œuvre sans autorisation ni contrôle d’une autre nation, d’un autre peuple. Dès lors, la volonté d’indépendance est faite de la lutte effective contre les dépendances. L’indépendance est en cause quand on se laisse dépouiller d’un pouvoir d’agir ou quand on renonce à en conquérir un qui s’avère devenu indispensable pour décider de soi.
La macronie a lourdement agi en sens contraire du nécessaire sur ce sujet. Je laisse de côté la question des fournitures et productions militaires. J’épargne aussi à mes lecteurs la liste des rappels qui sont sans doute déjà présents à son esprit concernant les entreprises au cœur de la souveraineté nationale bradées au capital étranger sans opposition du pouvoir politique qui en a pourtant la possibilité. Les seuls États-Unis en ont acquis 1 800 dans la période récente en France ! On se souvient aussi que la France de Macron se soumet aux décisions des États-Unis quand ils décident d’interdire la vente de telle chose qui contient des composants d’entreprises étasuniennes ? Et que la France de Macron accepte que les entreprises étasuniennes à l’étranger remontent sur les centrales de sécurité de leur pays toutes les informations qu’elles possèdent sur le pays d’accueil ou les productions dont elles peuvent avoir connaissance. Aucun n’oubliera non plus l’origine des capitaux investis directement en France. Car les investissements directs de l’étranger (IDE) sentent parfois assez fort la combine. Ce n’est pas pour rien que l’amendement insoumis sur l’imposition des multinationales est mis en discussion à chaque budget. En vain il y a encore moins d’une semaine. Il s’agit de faire payer à chacune la part qu’elle doit aux Français sur la base de son activité en France. Car un autre mécanisme est à l’œuvre quand une firme multinationale remonte vers le paradis fiscal de son choix, par exemple le Luxembourg, les « loyers » qu’elle prélève sur une entreprise soit pour ses locaux, soit pour l’utilisation de son logo ou ce que l’on voudra. Ces sommes ont pour résultat de les siphonner jusqu’à les mettre en déficit. Puis l’argent revient parfois (mais pas toujours bien sûr) en France sous la forme de l’« investissement direct de l’étranger » (IDE) qui fait la joie des statisticiens du dimanche. 20 % de l’IDE est considéré comme relevant de ce registre ! Et personne n’oubliera non plus les accords entre entreprises pour former des « champions sur le marché international » qui se finissent en absorption de leur part française par la part de l’étranger. Jamais autant d’entreprises n’ont été phagocytées de cette façon que sous Macron. Non, décidément, comment Lecornu peut-il parler d’indépendance comme objectif ? Lui qui a fait partie de tous les gouvernements de l’ère Macron, pendant lesquels le pillage de notre pays a été à son comble et la destruction de ses capacités productives portées jusqu’au point où nous en sommes ! Mais sommes-nous un peuple libre depuis que Macron a décidé de nier le résultat des élections générales législatives qu’il a lui-même provoquées ? Alors comment pourrions-nous penser pouvoir être indépendants si nous ne sommes plus souverains ?
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