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Dans un rapport publié le mercredi 29 octobre 2025, Oxfam pointe la responsabilité des ultra-riches dans l’effondrement climatique. Selon ce rapport, les émissions générées par les 1 % les plus riches en 2019 seulement causeront 1,3 million de morts liées à la chaleur d’ici à la fin du siècle, principalement parmi les femmes et les personnes âgées.
Mais taxer ces 1 % les plus riches qui polluent 300 fois plus que les 10 % les plus pauvres, ce serait « stupide et nocif ». Une formule signée de Marine Le Pen pour s’opposer de toutes ses forces à la taxe Zucman, c’est-à-dire l’impôt minimal de 2 % sur le patrimoine des 1 800 foyers fiscaux les plus riches du pays. À l’Assemblée nationale, les députés lepénistes votent main dans la main avec la macronie pour rejeter toute taxation des milliardaires. Notre article.
Une poignée de riches détruisent le monde, chacun regarde ailleurs Les 1 % les plus riches, une poignée d’hommes et de femmes aux mains couvertes d’or et de sang, ont, à eux seuls, consommé 15 % du budget carbone mondial depuis 1990. Leurs émissions sont 100 fois supérieures à celles de la moitié la plus pauvre de l’humanité, et 300 fois supérieures à celles des 10 % les plus pauvres. Si tout le monde vivait comme eux, le budget carbone serait épuisé en moins de trois mois.
En 2024, leurs investissements ont produit 586 millions de tonnes de CO₂, plus que 118 pays réunis. Si ces 308 milliardaires formaient un État, ils seraient le 15ᵉ plus gros pollueur mondial, devant l’Afrique du Sud.
Trente ans de leurs émissions ont aussi entraîné des pertes de récoltes qui auraient pu nourrir 14,5 millions de personnes chaque année.
Pour aller plus loin : Climat : les 1% les plus riches polluent plus que 5 milliards d’êtres humains – le rapport accablant d’OXFAM
Leur monde n’est pas compatible avec le nôtre Le rapport montre que les 0,1 % les plus riches émettent plus de 800 kilos de CO₂ par jour, quand la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en émet que 2. Et loin de financer la transition, près de 60 % des investissements des milliardaires vont dans les secteurs les plus polluants, comme le pétrole, le gaz ou les mines. Deux tiers des entreprises détenues par ces milliardaires ne respectent même pas les objectifs de l’accord de Paris, et un tiers sont alignées sur un scénario de +4 °C.
Un monde à +4 °C, selon le GIEC, signifierait la fin du climat tel que l’humanité l’a connu, avec régulièrement des vagues de chaleur à plus de 50 °C, 3 milliards de personnes exposées à des chaleurs létales au moins un mois par an, les rendements agricoles mondiaux chuteraient de 20 à 40 %.
Pendant ce temps, les banques continuent d’alimenter la machine infernale : entre 2016 et 2023, les 60 plus grandes banques du monde ont investi 7 900 milliards de dollars dans les énergies fossiles. En France, BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale sont aujourd’hui plus polluantes que Total, selon Oxfam.
Leur monde n’est pas compatible avec le nôtre. Et pourtant, c’est le nôtre qu’ils sacrifient sur l’autel du leur.
Macron et le RN ensemble pour défendre les pollueurs Face à ces chiffres accablants, Oxfam appelle à réduire de 97 % les émissions des 1 % les plus riches d’ici à 2030 et à instaurer des taxes progressives sur la fortune, les profits excessifs et les biens de luxe à forte empreinte carbone (jets privés, yachts, villas énergivores).
Mais en France, le gouvernement et l’extrême droite continuent de défendre les privilèges climatiques des ultra-riches. En 2023, la macronie a rejeté la taxe sur les jets privés et refusé de surtaxer les superprofits. Le Rassemblement national s’y est opposé également, au nom des « libertés individuelles » (NB : la liberté de ne pas respirer un air toxique, elle, semble moins les concerner).
Deux ans plus tard, rien n’a changé : le pouvoir politique et son meilleur allié, l’extrême droite, se plient toujours aux intérêts d’une minorité qui détruit le monde. Appliquer les mesures recommandées par ce rapport n’est pas une lubie, c’est une urgence climatique et sociale. Mais la même logique se répète : celle de l’offre contre celle des besoins, la logique du capital contre celle de la science.
En 1916, Lénine écrivait que « les capitalistes se battent pour le profit jusqu’à leur propre ruine ». Aujourd’hui, le capitalisme ne creuse plus seulement sa tombe : il y jette l’humanité tout entière.
Et pendant que la planète suffoque, les puissants continuent de sabrer le champagne, convaincus qu’ils achèteront des climatiseurs assez grands pour survivre à l’enfer qu’ils ont créé.
Mais l’histoire a une mémoire : chaque empire de fumée finit dans les cendres.
Par Allan Clerc
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