Après le suicide de trois détenus de Guantanamo : "Des propos ignominieux et révoltants"

mardi 20 juin 2006.
 

La Fédération Internationale des Droits de l’Homme exprime sa vive préoccupation après le suicide de trois détenus de Guantanamo, retrouvés pendus dans leurs cellules le samedi 10 juin dernier. Elle y voit la conséquence tragique d’une détention arbitraire, et d’une violation flagrante des droits de l’Homme les plus fondamentaux tant au regard de l’illégalité de la détention qu’au niveau des conditions de détention proprement dites.

Nos organisations sont indignées des réactions des responsables politiques et militaires américains qui se sont exprimés sur ces suicides, en les définissant comme un acte de « guerre asymétrique » dirigé contre les Etats-Unis.

« Ces propos sont ignominieux et révoltants, estime ainsi Sidiki Kaba, président de la FIDH, particulièrement au regard du désespoir qui a pu conduire ces prisonniers à mettre fin à leur jour, un acte proscrit par l’Islam. Ce discours officiel pour le moins absurde témoigne en tout état de cause de l’embarras des autorités américaines, qui sont de plus en plus isolées au niveau international. »

Depuis l’ouverture du camp la FIDH est engagée dans une campagne pour la fermeture du centre de détention et pour le droit à un procès équitable de ces détenus. Cette campagne a notamment abouti à des condamnations de divers organes de l’ONU, dont le Comité des Nations contre la détention arbitraire et plus recemment du Comité Nations unies pour l’Abolition de Torture (CAT), qui s’est prononcé pour la fermeture du camp, suivant ainsi les recommandations que lui avait adressées la FIDH (cf. communiqué du 09/06/2006 ).

Dans un communiqué de lundi 12 juin, Bill Goodman, le directeur juridique du Center for Constitutional Rights (organisation membre de la FIDH aux Etats-Unis) s’exprime ainsi : « L’administration Bush a systématiquement et délibérément refusé à ces hommes leurs droits les plus fondamentaux à travers une politique de privation de tout contact, communication, information et espoir. Que cette administration affirme maintenant que ces suicides constituent des actes de guerre par des hommes qui n’ont pas de considération pour la vie humaine est une forte preuve que l’administration Bush elle-même n’a pas idée du désespoir qu’elle a causé. »

Le 15 mai dernier, le Pentagone révélait la liste de 769 « combattants » ennemis ayant été détenus à Guantanamo depuis l’ouverture du camp. Il en resterait aujourd’hui près de 460. La FIDH appelle à la nomination urgente d’un procureur spécial, afin de conduire une enquête indépendante et impartiale sur le rôle des hauts responsables américains dans les abus et actes de torture des détenus, notamment en Irak, en Afghanistan et à Guantanamo. (cf. Pétition )


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