Contre la loi des 3 ans de service militaire... Mutinerie dans la caserne de Rodez

samedi 26 novembre 2016.
 

De 1905 à 1914, le danger de guerre européenne rode des Balkans au Rhin, du Maroc (crises de Tanger puis d’Agadir) à la Baltique. Deux alliances militaires se sont construites autour de l’Allemagne d’un côté, de la France face à elle.

Or, année après année, l’Allemagne paraît disposer de plus d’avantages pour gagner cette guerre si elle éclate :

- par sa population de 67 millions contre seulement 40 pour la France

- par la qualité, la diversité et la quantité de son armement permis par l’impôt sur le revenu

- par ses lois militaires de 1911 et suivantes. En 1913, le contingent annuel incorporé sous les drapeaux atteint 350000 hommes. Les 25 corps d’armée intégrant 48 divisions sont entraînés à la complémentarité interarmes, disposent d’artillerie lourde, d’unités d’aviation, de troupes chargées du génie, d’autres de la communication...

La France dispose d’un armement inférieur, en particulier en matière d’artillerie lourde car son budget national ne dispose pas de l’apport d’un impôt sur le revenu refusé par le patronat et la droite. Depuis 1905, le temps de service militaire dû par tout conscrit a été réduit à deux ans en 1905.

Nommé chef d’état-major général en 1911, le général Joffre obtient le soutien du ministère de la guerre et du Conseil supérieur de la guerre pour demander au Parlement le retour à un service obligatoire de trois ans. La France se divise alors entre :

- troisannistes (de l’extrême droite aux radicaux proches de Clémenceau) qui insistent sur la menace allemande, sur la nécessité de la revanche pour reprendre l’Alsace et la Lorraine

- antitroisannistes, se réclamant généralement de la tradition de la gauche républicaine française attachée à l’armée du peuple, à une armée de milices plutôt qu’à l’augmentation des effectifs de l’armée de métier. Ils avancent aussi l’augmentation des risques de guerre par l’augmentation des moyens militaires, l’augmentation nécessaire de la pression fiscale, le handicap économique d’une classe d’âge supplémentaire ôtée de l’activité économique.

Joffre présente son projet ( comprenant un article 18 faisant passer à 3 ans le service obligatoire) devant l’Assemblée le 8 juillet 1913. Durant près d’un mois, le pays se divise profondément avec une succession partout de manifestations et contre-manifestations. L’ensemble de la loi est définitivement adoptée par les sénateurs le 5 août 1913. Elle est immédiatement mise en application par l’état-major.

Du Nord au Sud de la république, le débat politique continue de plus belle dans le cadre de la préparation des élections législatives du 11 mai 1914 qui voit un succès de la gauche antitroisanniste.


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