Moins d’un an après l’élection présidentielle, le vote - sanction du 1er tour des élections locales s’est considérablement amplifié le 16 mars : sept nouveaux départements et des dizaines de villes, grandes ou moyennes, seront désormais géré-es par des coalitions de gauche.
Il est difficile, à cette heure, de mesurer combien, avec la forte abstention qui a marqué ces scrutins, de ce qui est de l’ordre du rejet de la politique sarkozyste et de ce qui peut être une "retenue volontaire" d’une partie de l’électorat de droite voulant marquer une simple désapprobation passagère.
Le principal bénéficiaire du sévère échec de la droite est le Parti socialiste, en dépit de son manque de crédibilité pour la construction d’une alternative politique. Le Modem ne réussit pas à s’imposer.
Le Front national en sort, de nouveau, considérablement affaibli mais nombre de candidats, essentiellement de droite, avaient recyclé ses thèmes de prédilection sur l’immigration et le sécuritaire.
Enfin, la bipolarisation de la vie politique entre une gauche à prédominance social-libérale et une droite néo-libérale, réactionnaire et sécuritaire s’accélère. À de rares exceptions près, tel Saint-Brieuc, les électeur-rices s’étant porté-es sur la "gauche de gauche" au 1er tour ont voulu infliger une défaite de la droite au second tour même lorsque des accords de fusion entre les deux tours avaient été sèchement refusés par le PS et le PC.
Plus symptomatiques sont les excellents scores décrochés au deuxième tour par ces listes alternatives, en nombre limité, lorsqu’elles avaient la capacité de se maintenir comme à Clermont-Ferrand. Le 16 mars, malgré la perte emblématique du conseil général du 93, on note une "résistance municipale" du PCF là ou il conserve quelques bastions historiques.
Mais ne nous cachons pas l’essentiel : le duopole UMP - PS s’est renforcé.
Le PS peut se targuer d’apparaître comme la seule grande force d’opposition... sans proposer une quelconque alternative pour stopper la déferlante néo-libérale.
Or, un Sarkozy affaibli pourra poursuivre ses mauvais coups si aucune force capable de le faire chuter, de le remplacer, ne s’affirme pas. Bien des luttes et initiatives sont pourtant porteuses de propositions sociales et écologiques alternatives. À nous toutes et tous d’agglomérer leur complémentarité.
Il suffit d’observer la réalité de ces derniers mois : toutes les forces sociales et politique de la gauche sont parties prenantes des combats sociaux et sociétaux. Seul le PS en est le plus souvent absent. Est-ce là une raison pour ne pas appeler les militant-es socialistes qui le veulent à prendre place dans cette « union des luttes pour le changement » ?
Non, bien sûr.
Cependant, plus l’autorité morale de Sarkozy s’effondre, plus il apparaît que rien de crédible n’existe, en face, à gauche. Cette situation peut déboucher sur une fracture nouvelle (comme celle de 1995, par exemple) entre la colère sociale et le débat politique. Or, pour des raisons différentes, aucun des partis ne peut prétendre représenter une alternative à la droite au pouvoir. Sur quoi pourrait donc déboucher une crise institutionnelle, à l’intensité rarement égalée depuis le début de la Ve République ? Il convient de nous emparer de ce débat.
Il serait d’ailleurs redoutable d’entériner l’éparpillement actuel de la gauche anti-libérale tout en le déplorant.
Nous proposons d’avancer dans cette "union des luttes", nécessaire au quotidien. En même temps, pour le regroupement d’une alternative politique, nous prenons nos responsabilités.
Deux débats s’imposent : celui sur le projet, celui sur l’avenir des forces politiques.
On ne peut rêver d’une unité solide sans un débat profond sur le projet de société.
Nous proposons de mettre en lumière et de promouvoir une autre vision du monde que celle qui a cours aujourd’hui. Les couches dirigeantes veulent une humanité divisée en guerres de civilisations, riches et pauvres, citoyen-nes assimilés et classes dangereuses.
Quand les rapports avec la nature peuvent être respectueux de son avenir, ils-elles font de l’écologie un gadget pour les spéculateur-rices.
Quand le partage des richesses peut permettre que toutes et tous, sorti-es de la misère, contribuent à l’épanouissement de tou-tes, ils-elles ne parlent que rentabilité et profits.
Débattre des objectifs, du projet, ne s’oppose pas à nos yeux à l’union des luttes pour le changement. Au contraire, car le champ des possibles est porté et modifié par les luttes.
Que ce soit nationalement ou localement, au cours de journées d’études, de débats publics, que les forces qui veulent débattre d’une gauche unitaire de transformation sociale et écologique se retrouvent !
Vite.
Sans exclusive autre que de travailler, sans compromission, à l’unité de toutes celles et tous ceux qui constituent la gauche de transformation sociale.
Le 17 mars 2008.
Communiqué de l’exécutif provisoire de la Coordination
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