Ecole, halte à la pénurie ! JL Mélenchon, B Calabuig (PCF), D Cormand (Verts), A Laguiller (LO)...

samedi 29 mars 2008.
 

Le nombre de postes ouverts aux concours de l’enseignement secondaire en 2008 a été officiellement annoncé, il y a trois mois. La tendance des dernières années se confirme à nouveau : le nombre de postes offerts diminue fortement. Par rapport à 2007, la baisse est de 15 % dans l’enseignement général (1 176 postes en moins aux agrégations, Capes et Capeps) et de 11 % dans l’enseignement professionnel (182 postes en moins aux Capet et Caplp). Les chiffres de 2008 sont encore plus accablants si l’on regarde l’effet à long terme des baisses successives : depuis 2002, la diminution est de 46 % (5 608 postes en moins) pour les concours de l’enseignement général et de 63 % (2 565 postes en moins) pour ceux de l’enseignement professionnel.

Le gouvernement actuel, comme d’autres avant lui, se flatte de vouloir faire de la maîtrise du français, du calcul et l’apprentissage d’une langue étrangère les priorités de l’école. Or ces disciplines sont loin d’être épargnées par la diminution des recrutements. En lettres (modernes et classiques) dans l’enseignement général, la baisse du nombre de postes mis aux concours est de 46 % (863 postes en moins aux agrégations et Capes) entre 2002 et 2008. Dans l’enseignement professionnel (bivalence lettres et histoire), la baisse est de 52 % (227 postes).

En mathématiques, sur la même période, le nombre de postes offerts diminue dans l’enseignement général de 27 % (387 postes), et dans l’enseignement professionnel (bivalence mathématiques et physique) de 58 % (268 postes). En anglais, les baisses obtenues sont de 30 % (459 postes) dans l’enseignement général et de 80 % (282 postes) dans l’enseignement professionnel (bivalence anglais-lettres). Il paraît donc osé de présenter ces trois matières comme des priorités. Les autres disciplines subissent le même sort, avec des baisses de l’ordre de 40 %. Quant aux personnels non enseignants (surveillants, médecins, Iatoss, par exemple), nécessaires au bon fonctionnement des établissements scolaires, ils ont connu des réductions d’effectifs aussi drastiques.

Appartenant à des familles politiques variées, exerçant des métiers différents, nous nous alarmons aujourd’hui publiquement devant la gravité de la situation. Ce mouvement à marche forcée ne nous paraît pas compatible avec l’obtention d’un haut niveau d’instruction pour tous, une priorité pourtant affichée. Peut-on en toute bonne foi prétendre à un enseignement de qualité quand les disciplines enseignées disparaissent les unes après les autres ? Peut-on raisonnablement dire que l’on veut favoriser l’apprentissage des langues étrangères quand les groupes dépassent souvent trente-cinq élèves ? Prétendra-t-on enrayer la désaffection pour les sciences quand la taille des groupes de travaux pratiques rend difficile toute manipulation par les élèves ?

La réduction du nombre de fonctionnaires comme horizon indépassable de toute politique est un choix, pas une nécessité. Affirmer le contraire serait mensonger.

Ce choix, dans l’éducation, n’est pas compatible avec l’existence d’un enseignement public de qualité. Nous voulons que chacun prenne conscience qu’il ne subsistera bientôt plus qu’un enseignement public délivrant une instruction minimaliste, dans les contenus et dans les horaires, et se déroulant dans des conditions peu favorables à l’apprentissage des savoirs. La promotion sociale par l’école, et la formation de citoyens éclairés n’en seront plus les objectifs. Pour que l’éducation nationale remplisse ces missions, il faut lui en donner les moyens.

Il appartient à chacun de faire son choix en conscience : veut-on que tout le monde bénéficie gratuitement dans les écoles publiques d’un enseignement d’excellence, ou bien accepte-t-on que cet enseignement ne profite qu’à ceux qui auront les moyens de se le payer dans les écoles privées ? Nous souhaitons que chacun pèse les conséquences à long terme des choix politiques actuels. Il s’agit maintenant de savoir quelle école nous voulons pour nous et nos enfants.


Bernard Calabuig, membre de l’exécutif national du PCF ;

David Cormand, membre du collège exécutif des Verts ;

Eric Freyssingeas, maître de conférences à l’ENS Lyon ;

Henri Garric, maître de conférences en littérature comparée à l’ENS Lyon ;

Hervé Gayvallet,

Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière ;

Jean-Luc Mélenchon, sénateur socialiste de l’Essonne, ancien ministre de l’enseignement professionnel ;

Cédric Mulet-Marquis, agrégé préparateur à l’ENS Lyon ;

Patrick Rigord, professeur agrégé à l’ENS Lyon ;

Christophe Winisdoerffer, maître de conférences à l’ENS Lyon.


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