Le silence de la communauté internationale restera à jamais dans la mémoire tamoule (par le Père Emmanuel, ancien vicaire général catholique de la région du Vanni)

vendredi 5 septembre 2008.
 

« Le rôle qu´ont joué les grandes puissances en négligeant le terrorisme d’État et les violations des droits de l’homme de l´État du Sri Lanka, restera à jamais dans la mémoire tamoule », déclare le révérend Dr Prof S.J. Emmanuel, ancien vicaire général de la région du Vanni, dans une lettre ouverte depuis l’Allemagne, en réaction au silence de la communauté internationale quant à la catastrophe dont souffrent les civils dans les districts de Mullaiththeevu et de Ki’linochchi, surpeuplés par les personnes déplacées qui recherchent protection devant les atrocités des forces sri-lankaises. Sa déclaration vient alors que les obus de l’artillerie de l’armée du Sri Lanka atteignent Ki’linochchi.

La déclaration du révérend Emmanuel, qui a été le témoin de l’évacuation massive de Ki’linochchi en juillet 1996 pendant les opérations de l´armée du Sri Lanka (SLA), fait suite à la demande pressante de l’Organisation de réhabilitation tamoule (TRO), la principale agence locale opérant dans le Vanni, qui a exhorté les acteurs internationaux de faire pression sur les parties belligérantes pour qu´elles définissent des « havres de sécurité » dans les districts sous contrôle des LTTE qui sont surpeuplées de personnes déplacées.

Dans son rapport publié le 1er septembre, le TRO fait observer que près de 50% des habitants de Vanni sont actuellement déplacées intérieurement.

Le révérend Emmanuel, qui a également été le témoin de l’exode historique d’un demi-million de personnes de Jaffna en octobre 1995, a accusé le gouvernement sri-lankais dans sa déclaration, d´avoir perdu les Tamouls comme citoyens. « Son attitude et ses actions sont celles d’un pays envahisseur dans un territoire ennemi. »

« Ce qui doit être compris par toute personne concernée sans ambigüité c´est que, même si tout le monde prend position contre eux, les Tamouls d´Eelam ne peuvent pas se permettre de renoncer à leur juste lutte pour leurs justes aspirations. Ils ont trop souffert pendant trop longtemps », déclare l’ancien vicaire général.

Traduction du texte intégral de la déclaration du révérend Emmanuel :

« Les derniers rapports sur les souffrances des civils, en provenance du Sri Lanka prédisent l’imminence d´une crise humaine de première importance dans l’île.

« Les districts de Ki’linochchi et de Mullaiththeevu sont entourés sur tous les fronts par l’armée sri-lankaise et frappés de fréquents barrages de tirs d’artillerie.

« Le gouvernement du Sri Lanka ne permet pas aux organisations internationales ni à la presse de pénétrer dans la zone de guerre. Toutes les communications et livraisons sont interrompues. Même les fonctionnaires de l’administration du gouvernement sri-lankais ont été retirés. Les districts déjà mal équipés sont maintenant surpeuplées de personnes déplacées en provenance d’autres régions du Vanni, qui recherchent protection devant les atrocités des forces sri-lankaises.

« Le gouvernement du Sri Lanka a perdu les Tamouls comme citoyens. Son attitude et les actions sont celles d’un pays envahisseur dans un territoire ennemi.

« L’espoir qu’il fait miroiter à l´électorat cinghalais du Sud est que la guerre sera terminée dans quelques mois et que la demande des Tamouls pour les droits humains de base au Sri Lanka sera réduite au silence pour toujours, permettant à la majorité cinghalaise d´être les véritables citoyens de l’île.

« Ce que les observateurs trouver terriblement étonnant est le silence de la communauté internationale qui, quelle ironie, choisit de faire un grand tapage à propos de la Géorgie, ce qui ne fait que révéler son impuissance. Malheureusement, les Tamouls torturés et tués par la majorité cinghalaise, n’ont pas encore trouvé une Russie pour leur venir en aide.

« La communauté internationale, y compris l’Inde comme puissance régionale, et toutes les autres puissances de ce monde, ne peut pas se défaire de sa responsabilité première face au sort des Tamouls depuis tant de décennies, qui sont maintenant isolés et poussés à subir un lent génocide comme dans les chambres à gaz.

« Le rôle qu´ont joué les grandes puissances en négligeant le terrorisme d’État et les violations des droits de l’homme de l´État du Sri Lanka, et en n´aidant l´État qu´à renforcer sa machine de guerre démontre l’hypocrisie et les deux poids et mesures qu´applique la communauté internationale. Cela restera à jamais dans la mémoire tamoule.

« Ceci est également un bon exemple comment un ordre du jour erroné d’un ou deux pouvoirs peut être manipulé par un État défaillant comme le Sri Lanka, pour qu´il puisse poursuivre sans perturbation son propre ordre du jour de génocide.

« Ce qui doit être compris par toute personne concernée sans ambigüité c´est que, même si tout le monde prend position contre eux, les Tamouls d´Eelam ne peuvent pas se permettre de renoncer à leur juste lutte pour leurs justes aspirations. Ils ont trop souffert pendant trop longtemps. »


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