Préparation des élections législatives de 2007 : en Aveyron, des adhérents socialistes perplexes

dimanche 23 juillet 2006.
 

2007 sera une année décisive pour la gauche sociale et politique. Sarkozy élu, elle serait en danger de blairisation rapide, d’éclatement, de mort électorale peut-être pour quelques temps. Les élections présidentielles, législatives, municipales et cantonales devant se dérouler sur quelques mois seront en partie interdépendantes : le sort des présidentielles décidera fortement des autres mais la préparation des autres pèse sur les présidentielles. Au sortir du 29 mai et du CPE, la droite paraît affaiblie. Attention cependant car la capacité de l’UMP à l’unifier n’a pas de correspondant à gauche.

Pour le parti socialiste, comme pour toute la gauche, il est très regrettable que la constitution de la 5ème république taillée pour un bonapartisme de droite, n’ait pas été remplacée par une 6ème république depuis 1981. Mais, dans l’immédiat, c’est cette constitution qui s’applique avec sa logique poussant au bipartisme. Avec l’UMP, la droite dispose de l’organisation unitaire des droites pour affronter les élections de 2007-2008. Ce n’est pas le cas pour la gauche dont l’échec de 2002 provenait déjà en partie de sa difficulté à tenir compte de la nature de l’élection présidentielle sous la 5ème république.

Dans ce contexte, qu’est-ce qui rend les adhérents socialistes aveyronnais perplexes ? Au travers de la préparation des élections législatives, ils ont l’impression de revivre le cauchemar de 2002. L’histoire ne se répète jamais de la même manière, mais sur l’essentiel il lui arrive de bégayer. La faiblesse des réponses programmatiques aux problèmes et aspirations des Français avait pesé en 2002 ; pour le moment, le discours de Ségolène Royal est encore plus vague. Les mauvais accords nationaux de l’ex Gauche plurielle sans contenu politique et sans mobilisation citoyenne avaient pesé dans l’échec de Lionel Jospin ; est-ce mieux dans l’immédiat pour 2007 ? En particulier, la nécessité d’une gauche antilibérale forte ne paraît pas être prise en compte. Pour les législatives aveyronnaises les mauvais accords nationaux d’appareil avaient débouché dans la 2ème circonscription, sur une primaire dont les socialistes étaient sortis vainqueurs au 1er tour et la droite au second ; la division sur la 2ème circonscription avait été mise en exergue par la presse d’où un impact très négatif pour la gauche sur tout le département.

Pour nous limiter ici aux législatives, la même difficulté, dès les investitures, se profile à nouveau, mais dans deux circonscriptions sur trois, cette fois-ci.

La Convention socialiste nationale du 1er juillet a décidé :

- de valider la candidature de Christian Teyssèdre, investi par les adhérents de la 1ère circonscription face à Serge Bories.

- de "geler" la 3ème circonscription (Millau, Saint-Affrique, Sévérac, Réquista), a priori pour une candidate désignée par la direction du PS. Il s’agirait de Béatrice Marre.

- de "geler" également la 2ème circonscription (Decazeville, Villefranche, Ségala) où Marie Lou Marcel, conseillère régionale et 1ère adjointe de Decazeville avait été investie face à Marie Jo Moysset.

Depuis 6 mois, pour ce qui concernait l’Aveyron, la direction nationale avait avancé dans ses travaux concernant les investitures, en discutant avec deux ou trois personnes, mais sans prendre en compte les instances ( aucune lettre d’information, aucune réponse aux propositions du Bureau fédéral ou du Conseil fédéral, modification des réservations sans aucune explication). La direction socialiste aveyronnaise avait choisi, elle, d’engager et mener à leur terme les procédures d’investiture internes au PS, indépendamment de toute autre considération.

Des militants socialistes de la contribution Trait d’Union étaient intervenus en Bureau fédéral et Conseil fédéral depuis début janvier pour souhaiter :

- que la procédure soit la plus transparente possible

- que les travaux de la Commission nationale d’investiture prévoyant deux circonscriptions "réservées femmes" soient au moins connus dans les instances fédérales et pris en compte ( si nous n’étions pas d’accord, développer assez tôt nos arguments vis à vis du national).

- que les choix soient le plus possible argumentés politiquement du point de vue de l’intérêt général de la gauche.

- qu’au moins s’engage en même temps que la procédure interne une information et une réflexion sur la demande de réservation de la 2ème circonscription effectuée par le PRG fin 2005.

Que certains dirigeants socialistes rêvent d’un parti rénové de supporters, seulement autorisés à coller les affiches et applaudir, c’est une chose ; mais le parti socialiste est encore un parti de militants par ses statuts et son histoire.

Or, les adhérents socialistes n’ont généralement rien su des tractations diverses concernant les législatives. Aussi, quelle n’a pas été, ce samedi 7 juillet 2006, leur surprise et leur stupéfaction en ouvrant La Dépêche. Francis Martin, président du PRG de l’Aveyron, leur apprend que " la deuxième circonscription, historiquement radicale, a été attribuée au PRG" dans le cadre des négociations engagées entre les directions nationales du PS et du PRG dans la perspective des prochaines élections législatives.

La candidate du PRG s’appellerait Sophie Renac, " 33 ans, native de Decazeville, installée pour raisons professionnelles dans le Lot voisin où elle est aussi élue conseillère municipale".

Francis Martin conclut son interview par une mise en garde : " Une candidature apparentée PS sur la deuxième circonscription serait perçue comme une trahison à laquelle nous réagirions en formant immédiatement un recours qui devrait avoir pour conséquence de priver le ou la candidate sauvage de l’étiquette PS et provoquerait l’exclusion de son parti".

Francis Martin fait partie des radicaux, effectivement attachés à une orientation de gauche. A ce titre, il est important de respecter et prendre en compte ses paroles ; ceci dit, il s’avance probablement beaucoup en parlant d’exclusion du PS pour Marie Lou Marcel. L’accord national entre le PS et le PRG m’a tout l’air d’un compromis bancal pour éviter au mieux les désaccords d’ici les présidentielles ; rien de plus. Ne pas le constater est regrettable, ne pas le prendre en compte peut à nouveau créer sur la 2ème circonscription une ambiance détestable dont la droite tirera profit.

La surprise des adhérents socialistes aveyronnais en lisant les propos de Francis Martin est logique. La convention nationale a gelé les 2/3 des circonscriptions aveyronnaises (seul cas en France). Du coup, les perspectives pour les législatives de 2007 sur ces deux secteurs paraissent compromises. Ce doute pour les législatives pèse aussi inéluctablement sur les cantonales et municipales.

Reprendre l’Ouest du département constitue la priorité de la droite : elle a mené une bataille acharnée sur la nature du "pays" afin de déstabiliser la gauche et préparer l’avenir. Avoir laissé faire des élections internes entre Marie Lou Marcel (Decazeville) et Marie Jo Moisset (Villefranche) pour n’en tenir ensuite aucun compte, décrédibiliserait la gauche sur Decazeville et Villefranche, les deux points où se focalise le plus l’enjeu du rapport de forces pour les prochaines municipales et cantonales.

Je ne pense pas que ce soit le choix du bureau national socialiste. De plus, à titre personnel, je ne le souhaite pas :

- parce que seul le parti socialiste dispose du réseau d’élus et militants pour l’emporter sur cette circonscription

- parce que, soit le parti radical est effectivement très proche politiquement du PS, auquel cas mieux vaudrait une fusion ou une fédération, soit le parti radical garde une autonomie pour un jour profiter d’une bonne occasion pour trahir l’union de la gauche et recréer un centre auquel cas il est logique que des militants de la gauche du parti socialiste conservent une prudence.

Il est évident que ce type de remarque ne vise pas par exemple Jean Rigal que je considère comme plus clairement à gauche, plus efficace face à la droite et plus antilibéral que bien des dirigeants et élus du PS.

Sur le Sud, l’annonce du gel par le national au profit de Béatrice Marre a entraîné des réactions diverses parmi les adhérents : des réctions défavorables (parmi une majorité qui estime Alain Fauconnier seul capable de l’emporter face à Jacques Godfrain) mais aussi des avis plus nuancés. L’annonce que la candidate proposée venait d’être battue lors de l’investiture interne dans une autre circonscription a fait craindre à tous une campagne mortelle de décrédibilisation de la gauche locale par une droite dont la hargne est connue.

Ajoût : Lettre électronique de Pierre Pantanella à François Hollande, premier secrétaire national

" A François Hollande

" Vous avez décidé de mandater une parachutée ( Béatrice Marrre ) dans le Sud Aveyron. Dans un parti dit démocratique, on respecte les droits des adhérents. De plus, notre objectif pour 2007, doit être de gagner.

" Je pense que nous avons une chance de l’emporter ici contre notre adversaire de toujours si nous avons Alain Fauconnier comme candidat. Il est le seul, et j’ai bien dit le seul, à pouvoir rassembler derriere son nom tous les socialistes et non pas une parachutée fut-elle secretaire de Miterrand. Nous sommes assez grands pour choisir par nous même alors avec Alain nous allons gagner.

" Occupez-vous de Paris, nous nous occupons de l’Aveyron.

Pantanella Pierre"

Réponse :

" Bonjour,

Merci de nous avoir contacté.

Nous avons bien reçu votre message qui sera traité dans les meilleurs délais.

Pour un meilleur suivi de ce dossier, merci de laisser dans l’objet de votre email, la référence indiquée ci-dessus pour tout contact ultérieur.

Cordialement, L’équipe du site du Parti socialiste

http://www.parti-socialiste.fr/"


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