Biographies socialistes : Benoît Malon, l’homme du socialisme intégral

dimanche 1er juin 2008.
 

Admiré par Jaurès et Blum,BenoîtMalon fut une grande figure du socialisme français. Jean-Marcel Bichat, délégué national à l’Histoire, auprès du Premier secrétaire, retrace pour nous l’itinéraire de cet autodidacte, fondateur de la Revue socialiste, et qui compta parmi les dirigeants de l’Internationale.

Qui était Benoît Malon ?

Benoît Malon est né le 23 juin 1841 à Précieux, dans la Loire, dans une famille de paysans pauvres. Réduite à la misère à la mort de son père, en 1844, sa mère redevient servante. À 7 ans, Benoît doit quitter l’école, bien que bon élève, et devient berger pour gagner sa vie, gardeur de dindons, puis de porcs. En 1854, après le remariage de sa mère, il part travailler dans l’Ain. Six années durant, il est pâtre, tient les écritures du fermier et gère sa comptabilité.

En 1859, il tombe malade, et se retrouve chez son frère, instituteur, à Margerie-Chantagret. Il suit la classe, lit beaucoup et travaille en qualité de journalier. Il accompagne son frère à Maringes, puis s’inscrit à Lyon, aux cours destinés à le préparer au petit séminaire. Mais il tombe amoureux et perd la foi. En 1863, il arrive dans la région parisienne et s’installe à Puteaux. Il est ouvrier teinturier, rencontre Camélinat, en 1865, et adhère à l’Internationale. En juillet 1866, il anime une grève des ouvriers teinturiers et assiste en septembre au congrès de l’Internationale à Genève.

En 1868, débute sa liaison avec Léodile Champseix, femme de lettres et figure de proue du mouvement féministe à la veille de la Commune, mais éclipsée ensuite par la figure emblématique de Louise Michel. Léodile signait ses romans du pseudonyme d’André Léo.

Benoît Malon devient avec l’ouvrier relieur Eugène Varlin, l’un des dirigeants de l’Internationale interdite et clandestine...

Oui, et il accède au poste de secrétaire de la section de Paris. Il devient garçon de librairie, puis journaliste. Il implante l’Internationale en province, toujours dans la clandestinité. Condamné à trois mois de prison pour « avoir fait partie d’une association non autorisée », il est emprisonné ensuite à Sainte- Pélagie. En juillet 1870, il est condamné à un an de prison pour reconstitution « d’une société secrète » et de nouveau emprisonné. Il est libéré à la suite de la défaite de Sedan, de la chute de l’Empire et de la proclamation de la République. Adjoint au maire du XVIIe arrondissement de Paris (les Batignolles) en 1870, député de la Seine, à l’Assemblée nationale, en février 1871, il vote contre la cession de l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne et comme plusieurs députés républicains, démissionne de l’Assemblée. Revenant de la Loire, il arrive à Paris le 18 mars 1871, le jour où éclate le soulèvement de la Commune. Il est élu membre du Conseil général de la Commune. Pendant la « semaine sanglante » (21 au 28 mai 1871), devenu maire des Batignolles, il dirige la résistance à l’armée versaillaise dans son quartier. Le conseil de guerre de Versailles le condamne par contumace à la déportation perpétuelle.

Cet exode forcé lui vaut de passer dix ans en Suisse et en Italie, avant de retrouver la France où il fonde la Revue socialiste...

Il vit effectivement à Lugano, Turin, Milan et Palerme, publie et rencontre les principaux dirigeants socialistes italiens. Il rentre en France après l’amnistie de 1879 et fonde, en 1885, la Revue Socialiste dans laquelle s’expriment les socialistes issus de toutes les tendances, alors très opposées. Il publie également des études sur le socialisme en Hongrie, au Danemark, en Espagne, en Roumanie. Et rédige ses “Mémoires d’enfance“ qui ne seront publiées qu’en 1907. Il travaille jusqu’à sa mort, le 13 septembre 1893 à Asnières, pour terminer son ouvrage sur le Socialisme intégral.

Portée au siège de la Revue socialiste, sa dépouille reçoit l’hommage des Parisiens. Des milliers de personnes suivent ses obsèques au cimetière du Père-Lachaise.

En 1913, un monument à sa mémoire est édifié par souscription face au mur des Fédérés. Jean Jaurès prononce à cette occasion un grand discours en son honneur. La Revue socialiste lui survécut et exerça une grande influence sur les intellectuels. Le jeune Léon Blum qui assiste, en 1899, à son premier congrès socialiste était alors un disciple de Jaurès, mais aussi de Benoît Malon. « Soyons révolutionnaires quand les circonstances l’exigent et réformistes toujours. » C’est le conseil que nous donne Benoît Malon dont Victor Hugo a pu dire qu’il fut « un vrai représentant du peuple et le plus digne ».

Propos recueillis par Bruno Tranchant


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