Convention nationale socialiste sur la déclaration de principes (intervention de Pascale Le Néouannic)

vendredi 20 juin 2008.
 

Pascale Le Néouannic : "Nous pouvons constater que le Parti socialiste n’a pas - contrairement à ce que certains prévoyaient ou annonçaient - fait son "Bad Godesberg"... Et je fais partie de celles et ceux qui au parti socialiste s’en réjouissent. Nous pensons cependant à l’heure actuelle, que le travail sur la déclaration de principes n’est pas achevé. Et ce pour trois raisons, une de forme et deux de fond. Commençons d’abord par la forme.

Je ne suis pas convaincue que nous ayons fait le travail de mobilisation nécessaire à une adhésion du plus grand nombre à cette nouvelle déclaration de principes. On nous dit qu’il y aurait eu 45% de participation. C’est faible d’autant qu’en l’absence de commission de recollement des votes, en l’absence même de diffusion des résultats fédération par fédération, il faut nous en remettre aux chiffres annoncés à la presse... qui elle même se contente de chiffres communiqués en pourcentage. 45% de participation donc. Combien ont réellement adopté cette nouvelle déclaration de principes ? Pas suffisamment de notre point de vue. Car si on totalise ceux qui ne sont pas venus voter avec les abstentionnistes et ceux qui ont voté contre ... Les socialistes ne se sont pas majoritairement exprimés en faveur de cette nouvelle déclaration de principes.

Sans doute faut-il rechercher dans la méthode utilisée les raisons de cette faible mobilisation. Il n’est pas normal que le texte soumis au vote des adhérents soit différent de celui qui est adopté ce jour... Nous avions dès le début du processus critiqué la méthode choisie car elle va à l’encontre des mêmes principes que nous inscrivons dans notre déclaration... Certains peuvent penser que la fin justifie les moyens, mais comme Colette Audry nous pensons que l’un ne va pas sans l’autre. A ce sujet nous nous associons aux nombreuses remarques sur les modalités de vote et notamment nous continuons à contester l’interdiction de pouvoir soumettre au vote des militants des amendements.

Nous ne pouvons pas non plus considérer, et là j’en viens aux questions de fond, que le débat sur la déclaration de principes serait derrière nous, comme si elle était définitivement validée alors même qu’il reste -malgré les éléments positifs- une ambiguïté et un non-dit qui ne peuvent pas être laissés de côté.

L’ambiguïté c’est l’Europe. Cette question, avec le vote Irlandais, s’est invitée de nouveau dans nos débats et montre l’urgence à apporter, comme socialistes, des réponses claires aux interrogations des citoyens européens. Nous écrivons dans notre déclaration de principes que les socialistes « sont pour une transformation sociale radicale » or l’outil qui permettrait cette transformation radicale c’est l’Europe, mais pas l’Europe actuelle... Pourtant nous n’assumons pas de formuler clairement notre volonté de rompre avec le cours actuel de la construction libérale de l’Europe. Si nous voulons être des réformistes conséquents et que nous pensons que c’est par le réformisme que nous pouvons « changer la société » comme il est écrit dans notre article 1, et si comme socialistes nous considérons que l’Europe est l’échelle adéquate pour ce changement, alors nous ne pouvons pas faire l’impasse sur la nécessaire réorientation de la construction européenne libérale actuelle.

Le « non dit » c’est la question des alliances. L’article 24 de cette nouvelle déclaration de principes dit que le Parti socialiste « veut rassembler toutes les cultures de la gauche », cette formule est importante et nous y adhérons, cependant en disant cela nous ne disons rien de la question des alliances. Il faut trancher, pour nous, en faveur de la formule de « l’alliance à gauche sans exclusive »... Le Parti socialiste créé à Epinay par François Mitterrand avait tranché cette question dans son acte de naissance... Comment pouvons-nous penser exercer le pouvoir sans dire avec qui nous souhaitons le faire ? Et si nous ne sommes pas clairs sur cette question alors lors des prochains scrutins nous devrons de nouveau justifier des alliances à la carte soi-disant inscrites dans des réalités locales particulières...

C’est pour toutes ces raisons que nous allons nous abstenir sur la déclaration de principes, non parce que nous considérions que cette déclaration de principes n’est pas bonne mais parce qu’elle ne nous semble pas aboutie et nous estimons que nous devons utiliser le temps qui nous sépare du congrès pour en faire un temps de travail afin de clarifier notre position sur ces deux questions de fond et ainsi préparer le socialisme du 21ème siècle."


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