Le Conseil d’Etat vient de refuser d’octroyer la nationalité française à une femme portant une burqa. Point de vue de Dounia Bouzar, anthropologue

mardi 15 juillet 2008.
 

"La burqa, une barrière infranchissable entre soi et le reste du monde"

Le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, n’a pas octroyé la nationalité française à une femme habillée d’une burqa, habit qui recouvre entièrement son corps, le visage et les mains compris, estimant que "au nom d’une pratique radicale de sa religion, Faïza M. a adopté un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d’égalité des sexes". Une pratique revendiquée, le femme se réclamant du courant intégrisme de l’Islam, le salafisme. Entretien avec Dounia Bouzar, anthropologue et ancienne personnalité qualifiée du CFCM.

Estimez-vous juste la décision du Conseil d’État ?

Dounia Bouzar : Accorder la nationalité française aurait fait des terres occidentales un lieu privilégié pour le développement de cette secte interdite au Maghreb, qui endoctrine les femmes […].

Pouvez-vous définir ce qu’est le salafisme ?

Dounia Bouzar : Ces groupuscules qui se disent musulmans utilisent l’Islam pour fabriquer des frontières mentales entre les adeptes et le reste du monde[…]. On retrouve bien là de nombreux critères de la définition de la secte.

Pourtant, le motif invoqué par la décision juridique est que cette femme a adopté "une pratique radicale de sa religion"…

Dounia Bouzar : Refuser la burqa, c’est respecter l’Islam, à condition de ne pas relier les deux […].

Comment expliquez-vous cet amalgame entre salafisme et Islam ?

Dounia Bouzar : […] Normalement la laïcité est là pour lutter contre les systèmes moyenâgeux qui autorisent des hommes à se servir de Dieu pour édicter des lois prétendument divines qui les arrangent !

Certains estiment que le Conseil d’État appliquent dans cette affaire la double peine, dans le sens où la femme est victime à la fois de son mari et de l’État français. Qu’en pensez-vous ?

Dounia Bouzar : […] Cela va l’obliger à se poser des questions sur quelque chose qu’elle voudrait présenter comme une simple application de sa religion. Et si elle recommence à penser, elle est sauvée… C’est comme ça que l’on fait sortir quelqu’un d’une secte.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien dans L’Humanité du Mardi 15 Juillet.


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