Quand les scientifiques analysent la sexualité, ils se posent une grande question : Comment détecter la simulation féminine ?

dimanche 14 juin 2015.
 

Les amateurs de sexe feraient bien de reprendre leur copie de philo et d’écouter un peu plus Rabelais qui nous alertait il y a quelques siècles déjà que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Dans les dernières semaines, au moins deux grosses études scientifiques sont parues dans la presse grand public pour comprendre la sexualité, l’analyser scientifiquement, la mesurer et finalement lui ôter son caractère humain .

La première, mise en scène par le truculent Damien Jayat dans son blog Infusion de science traitait de « comment savoir si elle simule » et, mieux qu’un livre de science fiction, nous expliquait qu’à coups d’ondes alpha dans le derrière, on pouvait détecter la simulation féminine.

Je n’ai pas vu un mot sur la simulation de l’orgasme masculin qui, curieusement, n’interrogerait pas les équipes de recherche médiatisées ; les hommes ne pourraient pas simuler le plaisir ? L’éjaculation en serait l’indicateur ultime ? J’attends qu’une équipe se penche sur la question.

En attendant, je peste, je râle, je gueule : mais enfin, pourrait-on laisser les femmes simuler tranquillement ? Jusqu’où va la volonté de contrôle des femmes et de leur plaisir ? Les commentaires de l’article de Damien étaient éloquents de bonne volonté « mais si elle simule, elle ne m’aide pas à lui donner du plaisir ».

Et alors ? C’est donc pour la performance de l’autre que la femme doit « ne pas simuler » ? Et si elle, elle n’a pas envie de vous donner un cours lors de vos ébats ? Si elle a envie de simuler ? Si ça lui fait plaisir de rejouer la scène mythique de « quand Harry rencontre Sally » malgré l’absence de caméra et de restaurant ? Pour l’égo de son partenaire, elle devrait s’abstenir ?

En plus, avec tous ces chiffres qui circulent, elle a peut-être lu le compteur des calories sexuelles disant que le vrai orgasme grille cent douze calories tandis que le simulé en consomme trois cent quinze (jusqu’où va la mesure ? je vous le demande ! ) et elle veut profiter de votre présence pour faire son sport hebdomadaire.

Infidélité masculine et gêne de l’attachement

Les clichés ont la vie dure, c’est donc l’orgasme simulé pour les femmes qui fait l’objet de l’attention des équipes de recherche et des médias ; et pour les hommes, je vous le donne en mille, c’est la difficulté des hommes à nouer des relations conjugales stables et fidèles, pour laquelle les chercheurs auraient trouvé un gêne.

Ça se veut très sérieux, c’est une équipe de recherche suédoise qui, d’après un communiqué de l’AFP relie statistiquement la présence de l’allèle 334 au degré d’attachement d’un homme à sa partenaire. Hasse Walum du Karolinska Institut nuance :

« Il y a bien sûr beaucoup de raisons pour expliquer le fait qu’une personne ait des problèmes relationnels, mais c’est la première fois que la variante d’un gène spécifique est associée à la manière dont les hommes se comportent avec leur partenaire. »

Damien Jayat, lui, se méfie « d’autant plus que je sais, par expérience, que les grands médias montent forcément le sujet en épingle, et sans m’être penché sur l’article des chercheurs, je suis déjà certain qu’ils n’ont pas trouvé le gène de la fidélité ! En effet, expliquer les relations maritales avec un seul gène est un peu désespérant, au moins autant que la fidélité et la simulation en tous cas ».

Ouf, si même les scientifiques le disent, on peut encore avoir des relations sexuelles sans électrodes, sans que la transparence ne saccage la magie des rencontres, sans que le désir ne soit contraint à être dans son objet alors que, comme le disait Roland Barthes, « le désir se place toujours à côté de son objet ».


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message