Mains sales du Front National sur les communes

vendredi 19 mai 2017.
 

- Hénin-Beaumont Le soi-disant discours social du FN ne s’est pas du tout concrétisé ici

- Beaucaire Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, mais considèrent la réciproque inadmissible

- À la mairie d’Hayange, la règle, c’est le délit d’opinion, la rumeur

- Mantes-la-Ville Pour les plus modestes, la facture augmente

Hénin-Beaumont Le soi-disant discours social du FN ne s’est pas du tout concrétisé ici

Par Dorothée Fizazi-Duquenoy, présidente du Secours populaire français à Hénin-Beaumont.

Depuis la victoire du FN à Hénin-Beaumont, beaucoup d’associations à visées sociales sont ciblées et ont perdu des subventions, notamment celles qui s’opposent à la charte sans migrants. Nous, on nous a refusé l’accès à plusieurs initiatives, au motif que l’on avait «  insulté  » la majorité en dénonçant une politique sociale catastrophique. Ils ont voulu nous punir, mais ce n’est pas nous qu’ils punissent, ce sont les habitants et la ville… Le maire FN, Steeve Briois lui-même, dit qu’il ne veut pas de «  cassos  » dans la ville. Mais il se retient, car Hénin est une vitrine pour le FN. S’ils arrivaient au pouvoir, là, ils en viendraient à se lâcher…

Le soi-disant discours social du FN ne s’est pas du tout concrétisé ici. C’est plutôt l’inverse. Il y a de plus en plus de personnes qui viennent nous voir pour demander des bons alimentaires. Nous nous occupons d’une centaine de familles. Mais il y a un climat de peur. Certains n’osent pas venir, notamment des personnels municipaux. Ils sont épiés et craignent les réprimandes car nous sommes perçus comme des opposants politiques. Notre association est pourtant apolitique. Nous recevons tous ceux qui en ont besoin sans distinction, sans quoi on ferait comme le FN…

Le maire nous a demandé de libérer nos locaux mais nous avons résisté. Finalement, il nous a été dit que nous pouvions y rester jusqu’en juin. Idem pour le camion qui nous sert à aller chercher les denrées alimentaires, alors que d’habitude il nous est prêté pour une année entière. Étant donné que les législatives ont lieu en juin, nous en avons déduit qu’il y avait un lien…

Beaucaire Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, mais considèrent la réciproque inadmissible

Par Sylvie Polinière, secrétaire de la CGT éducation du Gard.

Après l’élection d’un maire Front national, Julien Sanchez, à Beaucaire, les enseignants du lycée professionnel se sont très vite demandé quelle attitude avoir. Il nous est tout de suite apparu que nous ne pouvions pas faire comme si de rien n’était. Le FN propage des idées racistes, Julien Sanchez a été condamné pour «  provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes, à raison de leurs origines  »… à l’opposé des valeurs de tolérance et de laïcité que nous tentons de promouvoir dans notre établissement.

Le jour où il est arrivé au conseil d’administration du lycée, les sept représentants des enseignants sont restés debout, j’ai lu notre déclaration et nous avons quitté la salle. M. Sanchez n’a eu aucune réaction, pas un mot. Par contre, le lendemain, nous avons découvert son arme favorite  : la presse. Il a envoyé un communiqué insultant les enseignants qu’il qualifiait de nantis, de sectaires, d’aigris, ayant eu «  un comportement de racaille  ».

J’ai porté plainte en diffamation avec le soutien de la CGT, il a été condamné en première instance et relaxé en appel, les juges considérant que ses propos ne dépassaient pas le cadre d’un simple débat politique. Il a porté plainte contre moi pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, j’ai été condamnée en première instance et en appel jeudi.

Sa logique et celle du Front national sont simples  : ils peuvent dire tout ce qu’ils veulent, en vertu du principe de la liberté d’expression, mais considèrent la réciproque comme inadmissible et poursuivent en justice tous ceux qui osent parler mal d’eux. De toute façon, dans le cas de M. Sanchez, c’est la mairie de Beaucaire qui paye les frais de justice.

Depuis trois ans, je sais que le FN n’est pas juste mon adversaire politique, c’est mon ennemi politique. J’ai vu, de trop près, ce que la haine, érigée en système, produit. Je me revendique de l’héritage du CNR, je continuerai à me battre pour faire barrage à ceux que je considère être les héritiers du fascisme.

À la mairie d’Hayange, la règle, c’est le délit d’opinion, la rumeur

Par Hugues Miller, responsable de la CGT des agents de la ville d’Hayange.

L’élection d’une équipe FN à la tête de la ville d’Hayange, en Moselle, a totalement bouleversé les relations de travail au sein du personnel municipal. Dès l’installation du nouveau maire, Fabien Engelmann, en 2014, la suspicion est devenue la règle entre les agents. Des anciennes amitiés se sont brisées, et l’ambiance est devenue délétère dès les premiers mois quand l’information a circulé que les pages personnelles des agents sur les réseaux sociaux étaient surveillées. La pression est encore montée d’un cran avec la crise traversée par la nouvelle majorité et la démission de trois conseillers municipaux, renforçant le climat de délation et de surveillance.

Depuis le début, le maire tente de diviser les syndicats pour isoler la CGT et réduire son influence. La progression des rémunérations de certains agents ralentit sans explication. Inversement, ceux qui se montrent plus dociles se voient récompensés. La règle non écrite, c’est le délit d’opinion, la rumeur, qui a pris le pas sur les évaluations professionnelles. Pourtant, nous ne faisons que notre travail revendicatif sur la base du mandat que les agents nous ont confié, à l’instar de la lutte contre les embauches de contrats précaires sur des postes permanents, qui ont explosé avec Fabien Engelmann. Lui répond par l’injure. L’an dernier, il nous a traités de «  pourriture  » en pleine commémoration du 8 mai 1945.

Par deux fois, le maire a été condamné pour diffamation à mon endroit par le tribunal pour m’avoir accusé de fraude, et nous attendons désormais le résultat de son pourvoi en cassation. Dernièrement, un des responsables de notre syndicat a été visé après une grève par une procédure à charge engagée sous un autre prétexte. L’action disciplinaire lui a été notifiée par un policier municipal sur son poste de travail, au moment où tous ses collègues étaient réunis. Encore un moyen pour le maire de marquer l’intimidation et l’humiliation.

Mantes-la-Ville Pour les plus modestes, la facture augmente

Par Bénédicte Bauret, conseillère municipale PCF-FG à Mantes-la-Ville.

Cyril Nauth affichait une obsession  : ne pas augmenter les impôts. Mais pour les plus modestes la facture augmente bien, avec la baisse des services à la population, secteur par secteur. Il a commencé par les classiques du Front national, en réduisant de plus d’un tiers les subventions aux associations, en visant d’abord la Ligue des droits de l’homme, puis le club de football local, au prétexte qu’il y avait trop de Noirs et d’Arabes… Les seules qu’il ménage sont celles qui travaillent en direction des personnes âgées, parce qu’il préserve son électorat. Ensuite, il s’est attaqué à la politique en faveur de la jeunesse. Il l’avait déjà fait au travers des associations  : malheur à celle qui faisait du rap… On avait un dispositif «  Sport pour tous  ». Il l’a fermé, comme les centres qui accueillaient des ados, les centres de vie sociale, en ciblant les populations des quartiers… Il n’a gardé qu’un centre de loisirs pour les parents qui travaillent. Le FN est arrivé au moment de l’application de la réforme des rythmes scolaires. Nous (l’ancienne municipalité – NDLR) avions préparé l’entière gratuité du périscolaire, car la plupart des parents travaillent sur Paris et ne rentrent pas à Mantes-la-Ville (Yvelines) avant 18 h 30 ou 19 heures. Pour les enfants quittant l’école à 15 h 45, cela pose problème. Eh bien Nauth a mis en place du péri-scolaire payant, avec la première heure plus chère  : les familles les plus modestes n’ont pas d’autre choix que de retirer leurs enfants du périscolaire. Dans le même temps, le nombre d’assistantes maternelles salariées par la ville a baissé de deux tiers. Il encourage les crèches privées à s’établir à Mantes-la-Ville, mais avec ce transfert du public vers le privé, on n’a plus de visibilité sur les besoins à venir. On réservait par exemple des places prioritaires pour les femmes seules, nombreuses dans la ville. Maintenant, elles doivent se débrouiller.

Dossier publié par le quotidien L’Humanité en date du 5 mai 2017


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