Lettre Ouverte A Barak Obama De Ralph Nader (candidat de gauche aux élections présidentielles américaines)- Entre Espoir et Réalité

dimanche 9 novembre 2008.
 

Cher Sénateur Obama

Au cours de votre campagne présidentielle de presque deux ans , les mots" espoir et changement" ont été la marque de fabrique de vos déclarations. Pourtant, il y n’y a pas de concordance entre ces objectifs et votre personnalité politique qui succombe à des centres de pouvoirs en contradiction qui ne veulent ni "espoir ni changement" mais plutôt la poursuite du statut quo d’un pouvoir retranché fermement sur ses positions.

Vous avez reçu de la part des entreprises et de Wall Street des contributions intéressées bien plus importantes que celles faites à McCain, un fait sans précédent, ainsi que des contributions de sociétés d’avocats. Jamais auparavant un candidate Démocrate à la présidence n’avait obtenu cette suprématie sur son adversaire Républicain. Pourquoi, mis à part votre vote inconditionnel pour la subvention de 700 milliards à Wall Street, ces grandes compagnies ont -elle intérêt à investir autant dans le sénateur Obama ? Ce pourrait-il que dans vos antécédents comme sénateur d’un état fédéral, comme sénateur au niveau national, et compte tenue de votre campagne pour la présidentielle - favorisant le nucléaire, les industries du charbon, le forage pétrolier en mer, les subventions aux entreprises suivant le Mining Act de 1872, et évitant tout programme raisonnable de mesures sévères à prendre à l’encontre de la vague de malversations commises par les entreprises et un budget militaire surgonflé de gaspillage — vous ayez prouvé être leur homme ?

Pour faire avancer le changement et l’espoir, le présidentiable doit faire preuve de caractère, de courage, d’intégrité - - et non pas d’expédient, d’accomodation et d’opportunisme à court terme. Prenez, par exemple, votre mutation d’un defenseur clair des droits des Palestiniens à Chicago avant que vous ne vous présentiez au Sénat US, en un acolyte, un imitateur du lobby extrêmiste AIPAC, qui prône l’oppression militariste, l’occupation, le blocus, la colonisation et l’accaparement des terres et de l’eau depuis des années contre le peuple Palestinien et leur territoires rabougris de Cisjordanie et de Gaza. Eric Alterman a fait une synthèse de nombreux sondages lors d’un article de décembre dans le Nation Magazine montrant que la majorité des juifs américains s’opposaient à la politique d’AIPAC.

Vous savez bien que c’est seulement quand le gouvernement US soutiendra les mouvements de paix israéliens et palestiniens, qui ont mis sur pied il y a plusieurs années une solution détaillée à deux états (soutenue par une majorité d’Israéliens et de Palestiniens), qu’il y aura une chance de résoudre pacifiquement ce conflit de 60 ans. Pourtant vous adoptez la position des extrémistes, à tel point que dans votre discours infâme lors de la conférence d’AIPAC (juin 2008 note ndlt), juste après avoir été élu candidat Démocrate à la présidentielle, vous avez soutenu une " Jerusalem indivisible" et vous vous êtes opposé à des négociations avec le Hamas - - le gouvernement élu à Gaza. Une nouvelle fois vous avez ignoré la volonté des israéliens qui le 1er mars 2008, lors d’un sondage réalisé pour le quotidien respecté Haaretz, ont favorisé à 64% des "négociations directes avec le Hamas". Se ranger du côté des extrêmistes d’AIPAC c’est ce que l’un des nombreux Palestiniens qui soutient le dialogue et la paix avec les Israéliens, décrivait quand il écrivait " aujourd’hui, l’antisémitisme c’est la persécution de la société palestinienne par l’Etat d’israël."

Au cours de votre visite en Israël cet été, vous n’avez programmé que 45 minutes de votre temps pour les Palestiniens, sans conférence de presse, et sans visite aux camps de réfugiés palestiniens, ce qui aurait permis que les médias attirent l’attention sur la brutalisation des Palestiniens. Votre voyage prouve votre soutien au blocus cruel illégal de Gaza en violation du Droit International et de la Charte des Nations Unies. Vous vous êtes concentré sur les victimes israéliennes au Sud dont le nombre total l’année dernière équivaut à 1 civil israélien tué pour 400 palestiniens tués dans la Bande de Gaza. Au lieu d’une attitude d’homme d’état critiquant toute violence et soutenant à la place la proposition de la Ligue Arabe de 2002, permettant la création d’un état palestinien viable dans le respect des frontières de 1967 en échange de relations économiques et diplomatiques complètes entre Israël et les états arabes, vous avez joué le rôle de politicien de pacotille, quittant la région et laissant les Palestiniens remplis d’un sentiment de choc et de peu de respect.

David Levy, un ancien négociateur de paix israélien a ansi décrit succintement votre voyage " il y a eu une manifestation presque voulue d’indifférence sur le fait qu’il y a ici deux narrations. Cela peut lui être utile comme candidat mais pas comme président".

Ali Abunimah, un commentateur américain palestinien, a noté qu’Obama n’a pas fait une seule critique à l’égard d’Israël, " de sa colonisation incessante et de la construction du mur, et des bouclages qui rend la vie intenable à des millions de Palestiniens"... Même l’Administration Bush a récemment critiqué l’utilisation de bombes à fragmentation contre les civils libanais ( http://www.atfl.org/). Mais Obama a défendu l’attaque d’Israël contre le Liban, la justifiant par le fait qu’Israël exercait son "droit légitime à l’auto défense".

Dans de nombreux articles publiés dans Haaretz, le journaliste Gideon Levy a durement critiqué les attaques par le gouvernement israélien contre des civils à Gaza, dont des attaques " en plein coeur des camps de réfugiés surpeuplés... ayant provoqué d’horribles bains de sang" début 2003.

L’écrivain et pacifiste israélien, Ury Avnery, a décrit la présence d’Obama lors de la conférence d’AIPAC comme "ayant battu tous les records d’obséquiosité et de servilité," ajoutant qu’Obama " est prêt à sacrifier les interêts américains les plus basiques. Après tout, les US ont un intérêt vital à réaliser un accord de paix israélo palestinien ce qui leur permettront de trouve le chemin des coeurs au sein des masses arabes de l’Irak au Maroc. Obama a fait du tort à son image dans le Monde Musulman, et hypothéqué son futur - - quand et s’il est élu président" a-t-il dit ajoutant " je suis certain d’une chose : les déclarations faires par Obama à la conférence d’ AIPAC sont trés trés mauvaises pour la paix. Et ce qui est mauvais pour la paix est mauvais pour Israël, mauvais pour le monde et mauvais pour le Peuple Palestinien".

Autre défaillance de votre personnalité c’est la façon dont vous avez tournez le dos aux musulmans américains dans ce pays. Vous avez refusé d’envoyer des représentants pour parler aux electeurs musulmans lors d’événements organisés par eux. Vous avez rendu visite à de nombreuses églises et synagogues, vous n’avez fait aucune visite de mosquée en Amérique. Même Georges W. Bush a rendu visité à la Grande Mosquée de Washington DC après le 11 Septembre pour exprimer des sentiments naturels de tolérance devant un groupe religieux important d’innocents effrayés.

Bien que le New York Times ait publié un important article le 24 juin 2008 intitulé " les electeurs musulmans ont détecté un certain dédain de la part d’Obama" ( par Adnrea Elliott) citant des exemples de votre aversion pour ces Américains venant de différents horizons, qui servent dans les forces armées et qui travaillent pour réaliser le rêve américain. Trois jours plus tôt, l’International Herald Tribune avait publié un article de Roger Cohen intitulé " Pourquoi Obama devrait visiter une Mosquée". Aucun de ces commentaire et articles n’a changé votre bigoterie politique contre les musulmans américains - - bien que votre père ait été un musulman du Kenya. (Obama n’est pas "noir" comme on nous le serine à longueur d’infos intox mais metisse sa mère était blanche et sa grand mère maternelle dirigeait une banque, donc ce n’est pas non plus un "enfant d’Harlem" comme la propagande veut nous le faire croire, l’"image étant plus facile à "vendre" politiquement parlant semble-t-il ndlt).

Peut être que c’est le fait que vous vous êtes plié aux exigences des extrémistes pour interdire à l’ancien président Jimmy Carter de parler lors de la Convention Nationale Démocrate qui traduit le mieux votre absence complète de courage politique. C’est une tradition pour les anciens présidents, qui a été accordée à Bill Clinton cette année à une heure de grande écoute.

Voilà un président qui a négocié l’accord de paix entre Israël et l’Egypte, mais son livre récent faisait pression sur la superpuissance israélienne dominante pour éviter l’Aparthied des Palestiniens et faire la paix, raison pour laquelle il a été mis de côté. Au lieu d’une déclaration importante à la nation de Jimmy Carter sur ce problème international essentiel, il a été relégué dans un coin de la scène aprés de " formidables applaudissements" qui ont suivi la projection d’un film sur l’oeuvre du Centre Jimmy Carter post Katrina.

Honte à vous, Barack Obama.

Puis votre attitude honteuse s’est propagée à d’autres zones de la vie politique américaine. ( Voir l’analyse factuelle de ma co listière, Matt Gonzalez http://www.voternader.org). Vous avez tourné le dos à 100 millions de pauvres américains comprenant de pauvres blancs, afro américains et latinos. Vous avez toujours mentionné vouloir aider la "classe moyenne" mais vous avez omis, de façon répétée, de mentionner les "pauvres " en Amérique.

Si vous êtes élu président, cela est plus une démonstration de votre obéissance au pouvoir concentré entre les mains des "entreprises suprémacistes" que celle d’une ascension sociale à la suite d’une campagne brillante sans précédent qui parlait de "changement". Ce devrait être de ramener le pouvoir concentré dans les mains d’un petit nombre à la multitude. Ce devrait être une Maison Blanche présidée par un homme noir qui ne tourne pas le dos aux malheureux ici et à l’étranger, mais defie les forces de l’avidité, du contrôle dictatorial sur les travailleurs, les consommateurs, et les contribuables, et la politique étrangère de militarisation. Ce devrait être une Maison Blanche qui transforme la politique américaine - - s’ouvrant au financement public des élections ( par des approches volontaristes) - - et permettant aux petits candidats d’avoir la possibilité d’être entendus lors de débats et dans la plénitude de leurs libertés civiques actuellement restreintes. Appelons cela la démocratie compétitive.

Lors de votre campagne présidentielle vous avez fait preuve, encore, et encore, d’attitudes lâches.

L"’Espoir " disent certains jaillit "éternellement".

Mais pas quand la "Réalité" le consume quotidiennement.

Salutations

Ralph Nader 03/11/08

Source :

Introduction Traduction Mireille Delamarre pour www.planetenonviolence.org


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