Toulouse Blessé par la police le 19 mars, Joan porte plainte : le parquet ouvre une enquête

samedi 11 avril 2009.
 

Soutenu par la Ligue des droits de l’homme, Joan, un étudiant de 25 ans grièvement blessé par un tir de flashball lors de la manifestation du 19 mars dernier, porte plainte contre la police.

Un œil sérieusement amoché, onze jours d’hôpital, et deux opérations de chirurgie faciale : Voila ce qu’il en a coûté à Joan, pour s’être retrouvé, selon un syndicat de police, « au mauvais endroit au mauvais moment ».

En l’occurrence face aux CRS et aux fonctionnaires de la Brigade anti-criminalité (Bac) aux abords du Monoprix alors que ce dernier venait de faire l’objet d’une action d’“auto réduction”, un détournement de marchandises sans passer par les caisses, menée par un groupe d’étudiants. Le parquet de Toulouse a ouvert une enquête.

« Je veux savoir pourquoi on m’a tiré dessus » : accompagné de ses avocats, M° Julien Brel et Pascal Nakache, Joan fait face aux journalistes dans la grande salle de la Bourse du travail, place Saint Sernin. « Cet œil-là ne voit plus, dit-il en touchant le bandeau qui couvre son œil droit. Sauf miracle, les médecins m’ont dit que je ne récupérerais qu’une infime partie de la vison périphérique ».

Calmement, le jeune licencié en sociologie à l’Université du Mirail raconte sa version des faits. Le 19 mars dernier, il était dans le cortège étudiant de la manifestation qui rassemble près de 70 000 personnes dans les rues de Toulouse.

En fin de parcours, aux abords de la place du Capitole, il assiste comme une foule de témoins au détournement de quelques caddies de chips et de boîtes de conserve dans le Monoprix de la rue d’Alsace-Lorraine « pour dénoncer, selon les auteurs, la précarité de la condition étudiante ».

Alertés par la direction du Monoprix, les CRS et les fonctionnaires de la Bac interviennent pour dégager l’entrée du magasin. « Je ne savais pas ce qui se passait, raconte Joan. J’ai entendu des cris. Je me suis approché. Avec d’autres manifestants, nous nous sommes retrouvés au contact devant le cordon de police. Ils nous ont ordonnés de reculer, ce que nous avons fait. Derrière nous des canettes ont volé en direction des CRS. Ces derniers nous ont alors tiré dessus ».

« Comme un coup de poing à la tête » : voila ce qu’a d’abord ressenti Joan. Le visage en sang, il est évacué par des témoins dans l’entrée du Virgin Mégastore. Allongé sur le sol, il « n’y voit plus rien. Les pompiers bloqués par les policiers mettront une demi heure à m’évacuer vers les urgences », précise-t-il.

« La réponse policière sans sommations a été d’une violence hors de proportions », commentent les avocats de Joan. Ces derniers qui affirment « disposer de nombreux témoignages, images à l’appui » viennent de porter plainte pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ».

« Ça s’appelle une bavure », tonne Jean-François Mignard, président de l’antenne locale de la Ligue des droits de l’homme, présent lui aussi aux cotés de Joan.

« C’est un incident regrettable, mais les policiers sont intervenus avec la palette de moyens à leurs dispositions pour protéger les personnes et les biens. Le flashball en fait partie, a rétorqué au micro de RMC, Didier Martinez, secrétaire national de l’UNSA police. Ce jeune homme s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment ».

De son côté, le parquet de Toulouse vient d’ouvrir une enquête. « C’est une première victoire car c’est un avertissement et un signal fort donné aux policiers », estiment les avocats de Joan. Ce dernier doit être à nouveau opéré dans les prochaines semaines.

J-M.E


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