On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans (Arthur Rimbaud)

lundi 24 novembre 2008.
 

Le jeune Rimbaud ou l’exigence d’une vraie vie

On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.

- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,

Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !

- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bons dans les bons soirs de juin !

L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ;

Le vent chargé de bruits, - la ville n’est pas loin, -

A des parfums de vigne et des parfums de bière ...

.

- Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon

D’azur sombre, encadré d’une petite branche,

Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond

Avec de doux frissons, petite et toute blanche ...

.

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser.

La sève est du champagne et vous monte à la tête ...

On divague ; on se sent aux lèvres un baiser

Qui palpite là, comme une petite bête ...

.

Le coeur fou Robinsonne à travers les romans,

- Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère,

Passe une demoiselle aux petits airs charmants,

Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père ...

Et, comme elle vous trouve immensément naïf,

Tout en faisant trotter ses petites bottines,

Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif ...

- Sur vos lèvres alors meurent les cavatines ...

.

Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août.

Vous êtes amoureux. - Vos sonnets la font rire.

Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût.

- Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire ... !

.

- Ce soir-là, ... - vous entrez aux cafés éclatants,

Vous demandez des bocks ou de la limonade ...

- On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans

Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.


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