Alain Barlatier, militant socialiste connu de la fédération des Bouches du Rhône s’adresse à ses camarades

samedi 29 novembre 2008.
 

Une page vient de se tourner

Le « spectacle" offert aux militants de gauche par le Parti socialiste, lors de son congrès de Reims et pendant les élections internes pour la désignation du Premier Secrétaire est affligeant. Exit le débat politique, ce qui est important c’est de prendre le pouvoir dans un Parti de plus en plus décrié, de plus en plus coupé des réalités sociales et des préoccupations du « Peuple de Gauche ».

La question n’est plus de savoir qui de S Royal ou M Aubry est arrivée en tête à 42 voix près, mais celle de se demander si ce Parti a encore une utilité pour la transformation sociale au delà de la prochaine campagne. Depuis longtemps le divorce est consommé : en 2002, notre candidat a réussi le tour de force de se faire éliminer dès le premier tour de l’élection, en 2005, ne tirant aucune conséquence de 2002 le PS s’est de nouveau trouvé en porte à faux en appelant à voter « Oui » au projet de Constitution Européenne , alors que le Peuple Français et en particulier sa composante de gauche le rejetait.

Ces derniers mois les votes des groupes socialistes à l’Assemblée ou au sénat on été édifiants :

En février 2008 l’abstention de la grande majorité des parlementaires socialistes (141) ou pire le vote « Pour » de 32 d’entre eux, sur le « traité de Lisbonne » permettaient à Nicolas Sarkozy de passer en force, de renier la décision populaire et d’imposer un frère jumeau du texte rejeté deux ans plus tôt.

Fin avril 2008, le PS décide de s’abstenir sur la loi de « Modernisation du marché du travail » (avec la création de nouveaux contrats précaires, la mise en place de procédure de licenciements plus facile pour les patrons et l’allongement des périodes d’essai sur le modèle des feu contrats CNE CPE)

14 et 15 octobre 2008, le PS s’abstient sur un projet de loi soumis par Sarkozy, permettant aux banques de compter sur 360 Milliards d’€ garantis par l’état, sans aucune contre partie de celles ci. Le PS s’abstient de nouveau sur la mise en place du Revenu de Solidarité Active RSA, loi préparant la suppression du SMIC, le développement del a précarité dans les entreprises, le temps partiel contraint. Motif invoqué la candidate socialiste à la Présidentielle avait annoncé qu’elle généraliserait le RSA.

Le PS vote POUR la loi sur « le Grenelle de l’environnement » alors que le gouvernement multiplie les annonces sans lendemain en matière de développement des transports collectifs au moment même où il met en place la privatisation du fret des marchandises.

Ni Ségolène Royal (bien sûr), ni Martine Aubry, ni Bertrand Delanoé n’ont émis la moindre critique à cet égard.

La crise de ce Pari vient de cette orientation : le décalage continu et permanent entre ses positions et les aspirations du peuple français à un véritable changement.

Il faut lire le bilan du congrès du Parti Socialiste avec cet éclairage là. Sa crise va encore s’accentuer et il est temps de donner des perspectives unitaires, de changement à gauche. Retour sur le congrès Progressivement, une logique de situation implacable s’impose et contraint les acteurs eux-mêmes. Une évolution politique mûrie de longue date est en train d’éclore. Dans la douleur mais inexorablement le Parti socialiste est en train de muter.

C’est un tournant mais pas complètement une surprise. Car les militants qui ont été appelés à arbitrer le Congrès de Reims sont les mêmes que ceux qui ont reconduit les majorités sortantes lors des précédents Congrès et qui ont investi majoritairement Ségolène Royal au terme d’une campagne interne fondée sur l’ordre juste et revendiquant la destruction des « tabous » de la gauche.

Ils ont placé la motion Royal en tête de leurs suffrages. Ce fait politique a changé le paysage. Il a seulement commencé à produire ses effets. Il a déjà relégitimé la candidate. . Il lui donne les moyens de continuer son combat pour la « rénovation » du Parti Socialiste (en fait la destruction du parti d’Epinay), sur un modèle qui s’inspire largement du parti démocrate à l’italienne et de Veltroni (avec le sucés que l’on connaît : plus aucun député de gauche dans les assemblées italiennes).

Face à Royal, Aubry veut incarner un PS ancré à gauche. Mais le sol sur lequel elle prétend poser l’ancre se dérobe. Le refus d’une alliance avec le Modem ? Elle la pratique dans sa propre commune. L’exigence d’une hausse du SMIC ? Sa motion ne mentionne aucun objectif chiffré en la matière. La défense d’un parti de militants ? Elle propose de confier à des primaires la désignation du candidat du PS à la présidentielle. Ce sont les mots sans la chose, la référence pieuse à un parti dont on fait mine de ne pas voir qu’il a disparu, des discours que les actes contredisent chaque jour. La SFIO en quelque sorte.

Dans ce face à face entre le Parti démocrate et la SFIO, la gauche du PS a été hélas hors d’état de peser. Benoît Hamon sait parfaitement que son talent n’y changera rien. Devant la presse, il s’est offusqué : « je ne suis pas le candidat de la gauche du PS ! ». Dans la profession de foi du député européen qui a voté « non » au projet de Constitution européenne, pas un mot sur l’Europe. Benoît est devenu le candidat de la rénovation. Et même seulement l’un deux candidats de la rénovation, puisqu’il disait partager cette étiquette avec Ségolène Royal. Et , in fine, Benoit Hamon a été contraint d’apporter son soutien à Martine Aubry (alliée aux lieutenants du président du FMI) qui ne représente pas un espoir de renouvèlement politique.

Mauvaise nouvelle pour la gauche, le parti qui lui avait permis de gagner une majorité est en train de sombrer. Ceux qui ricanent ont tort car c’est un point d’appui qui disparait.

Mais bonne nouvelle, une alternative va se construire. Elle fera son chemin. C’est désormais une certitude.

Depuis l’annonce de la création du Parti de Gauche, celui-ci a enregistré plus de 5000 soutiens. Chaque initiative, même modeste, reçoit immédiatement écho. Un chemin d’action se dessine. Une parole se lève qui appelle le capitalisme par son nom, qui n’aligne pas les formules floues pour préserver des équilibres inertes.

Bien sûr le Parti de Gauche en est à ses débuts. Il n’y a pas d’héritage à se disputer, seulement l’héritage des luttes et des expériences passées du mouvement ouvrier. C’est dénuement et dévouement. On pouvait s’y attendre. C’est le moment des opiniâtres. La vraie surprise est que nous soyons si nombreux.

Alain Barlatier


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