1) NUITS DE JUIN (Victor Hugo)
2) Nuit de printemps (Chateaubriand)
3) Poème préféré de Nelson Mandela
4) Ballade à la lune (Alfred de Musset)
5) Père du doux repos, Sommeil
6) LA NUIT (Claude Roy)
7) Romance de la lune. À Conchita (Garcia Lorca)
8) Vénus (Victor Hugo)
9) A LA NUIT (Anna de Noailles)
A) Chansons
« Nuit et brouillard » Jean Ferrat
https://www.youtube.com/watch?v=CwG...
Nights In White Satin The Moody Blues
https://www.youtube.com/watch?v=9mu...
"Quand revient la nuit" Johnny Hallyday
https://www.youtube.com/watch?v=Aev...
Retiens La Nuit Johnny Hallyday
https://www.youtube.com/watch?v=Hde...
Nuit (Jean-Jacques Goldman)
http://www.jukebox.fr/jean-jacques-...
Au coeur de la nuit TELEPHONE
https://www.youtube.com/watch?v=Pdj...
B) Poèmes
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entr’ouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Le ciel est pur, la lune est sans nuage :
Déjà la nuit au calice des fleurs
Verse la perle et l’ambre de ses pleurs ;
Aucun zéphyr n’agite le feuillage.
.
Sous un berceau, tranquillement assis,
Où le lilas flotte et pend sur ma tête,
Je sens couler mes pensers rafraîchis
Dans les parfums que la nature apprête.
.
Des bois dont l’ombre, en ces prés blanchissants,
Avec lenteur se dessine et repose,
Deux rossignols, jaloux de leurs accents,
Vont tour à tour réveiller le printemps
Qui sommeillait sous ces touffes de rose.
.
Mélodieux, solitaire Ségrais,
Jusqu’à mon coeur vous portez votre paix !
Des prés aussi traversant le silence,
J’entends au loin, vers ce riant séjour,
La voix du chien qui gronde et veille autour
De l’humble toit qu’habite l’innocence.
.
Mais quoi ! déjà, belle nuit, je te perds !
Parmi les cieux à l’aurore entrouverts,
Phébé n’a plus que des clartés mourantes,
Et le zéphyr, en rasant le verger,
De l’orient, avec un bruit léger,
Se vient poser sur ces tiges tremblantes.
Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,
.
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,
.
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,
.
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme
William Ernest Henley
Père du doux repos, Sommeil, père du Songe,
Maintenant que la nuit, d’une grande ombre obscure,
Fait à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré et dans mes yeux te plonges.
.
Ton absence, Sommeil, languissamment allonge
Et me fait plus sentir la peine que j’endure.
Viens, Sommeil, l’assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.
.
Ja le muet silence un escadron conduit
De fantômes ballants dessous l’aveugle nuit :
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot.
.
Viens, Sommeil désiré, m’environner la tête,
Car, d’un voeu non menteur, un bouquet je t’apprête
De ta chère morelle et de ton cher pavot.
par Pontus de TYARD 1521-1605
Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de loup de fougère et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille aux cheveux d’écume issus de l’eau dormante
.
Après l’aube la nuit tisseuse de chansons
S’endort d’un songe lourd d’astres et de méduses
Et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
Veille sur le repos des étoiles confuses
.
Sa main laisse glisser les constellations
Le sable fabuleux des mondes solitaires
La poussière de Dieu et de sa création
La semence de feu qui féconde les terres.
.
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
A pas de vent de mer de feu de loup de piège
Bergère sans troupeaux glaneuse sans épis
Aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige.
Ciel ! un fourmillement emplit l’espace noir,
On entend l’invisible errer et se mouvoir ;
Près de l’homme endormi tout vit dans les ténèbres.
Le crépuscule, plein de figures funèbres,
Soupire ; au fond des bois le daim passe en rêvant ;
A quelque être ignoré qui flotte dans le vent
La pervenche murmure à voix basse : je t’aime !
La clochette bourdonne auprès du chrysanthème
Et lui dit : paysan, qu’as-tu donc à dormir ?
Toute la plaine semble adorer et frémir ;
L’élégant peuplier vers le saule difforme
S’incline ; le buisson caresse l’antre ; l’orme
Au sarment frissonnant tend ses bras convulsifs ;
Les nymphaeas, pour plaire aux nénuphars pensifs,
Dressent hors du flot noir leurs blanches silhouettes ;
Et voici que partout, pêle-mêle, muettes,
S’éveillent, au milieu des joncs et des roseaux,
Regardant leur front pâle au bleu miroir des eaux,
Courbant leur tige, ouvrant leurs yeux, penchant leurs urnes,
Les roses des étangs, ces coquettes nocturnes ;
Des fleurs déesses font des lueurs dans la nuit,
Et, dans les prés, dans l’herbe où rampe un faible bruit,
Dans l’eau, dans la ruine informe et décrépite,
Tout un monde charmant et sinistre palpite.
C’est que là-haut, au fond du ciel mystérieux,
Dans le soir, vaguement splendide et glorieux,
Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée,
Et, vision, remplit d’amour l’ombre effarée.
Victor Hugo, Toute la lyre
Nuit où meurent l’azur, les bruits et les contours,
Où les vives clartés s’éteignent une à une,
Ô nuit, urne profonde où les cendres du jour
Descendent mollement et dansent à la lune,
.
Jardin d’épais ombrage, abri des corps déments,
Grand cœur en qui tout rêve et tout désir pénètre
Pour le repos charnel ou l’assouvissement,
Nuit pleine des sommeils et des fautes de l’être,
.
Nuit propice aux plaisirs, à l’oubli, tour à tour,
Où dans le calme obscur l’âme s’ouvre et tressaille
Comme une fleur à qui le vent porte l’amour,
Ou bien s’abat ainsi qu’un chevreau dans la paille,
.
Nuit penchée au-dessus des villes et des eaux,
Toi qui regardes l’homme avec tes yeux d’étoiles,
Vois mon cœur bondissant, ivre comme un bateau,
Dont le vent rompt le mât et fait claquer la toile !
.
Regarde, nuit dont l’œil argente les cailloux,
Ce cœur phosphorescent dont la vive brûlure
Éclairerait, ainsi que les yeux des hiboux,
L’heure sans clair de lune où l’ombre n’est pas sûre.
.
Vois mon cœur plus rompu, plus lourd et plus amer
Que le rude filet que les pêcheurs nocturnes
Lèvent, plein de poissons, d’algues et d’eau de mer
Dans la brume mouillée, agile et taciturne.
.
A ce cœur si rompu, si amer et si lourd,
Accorde le dormir sans songes et sans peines,
Sauve-le du regret, de l’orgueil, de l’amour,
Ô pitoyable nuit, mort brève, nuit humaine !...
Le ciel d’étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l’ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.
.
Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l’onde, où luit
Le drap d’or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.
.
Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l’heure, tout écoutait.
Maintenant nul bruit n’ose éclore ;
Tout s’enfuit, se cache et se tait.
.
Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S’avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.
.
C’est l’heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure,
Le grand Être mystérieux !
Quand la lune blanche
S’accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l’horizon bouge
Le soir,
.
Fol alors qui livre
A la nuit son livre
Savant,
Son pied aux collines,
Et ses mandolines
Au vent ;
.
Fol qui dit un conte,
Car minuit qui compte
Le temps,
Passe avec le prince
Des sabbats qui grince
Des dents.
.
L’amant qui compare
Quelque beauté rare
Au jour,
Tire une ballade
De son coeur malade
D’amour.
.
Mais voici dans l’ombre
Qu’une ronde sombre
Se fait,
L’enfer autour danse,
Tous dans un silence
Parfait.
.
Tout pendu de Grève,
Tout Juif mort soulève
Son front,
Tous noyés des havres
Pressent leurs cadavres
En rond.
.
Et les âmes feues
Joignent leurs mains bleues
Sans os ;
Lui tranquille chante
D’une voix touchante
Ses maux.
.
Mais lorsque sa harpe,
Où flotte une écharpe,
Se tait,
Il veut fuir… La danse
L’entoure en silence
Parfait.
.
Le cercle l’embrasse,
Son pied s’entrelace
Aux morts,
Sa tête se brise
Sur la terre grise !
Alors
.
La ronde contente,
En ris éclatante,
Le prend ;
Tout mort sans rancune
Trouve au clair de lune
Son rang.
.
Car la lune blanche
S’accroche à la branche
Pour voir
Si quelque feu rouge
Dans l’horizon bouge
Le soir.
Alfred de Musset, Poésies posthumes
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