Comment les dirigeants israéliens tuent des gens pour gagner des voix Par Gilad Atzmon

mercredi 7 janvier 2009.
 

Pour saisir le sens de la dernière expédition israélienne dévastatrice et meurtrière à Gaza, il faut comprendre en profondeur l’identité israélienne et sa haine inhérente envers quiconque n’a pas réussi à être juif, et une haine contre les Arabes en particulier. Cette haine imprègne l’enseignement israélien, elle est prêchée par les dirigeants politiques et se manifeste dans leurs actions, elle est transmise par les personnalités culturelles, même dans la soi-disant « gauche israélienne ».

J’ai grandi en Israël dans les années 1970 et les gens de ma génération sont aujourd’hui les responsables de l’armée, de la politique, de l’économie, de l’université et des arts israéliens. On nous a formé à croire qu’ « un bon Arabe est un Arabe mort ». Au début des années 1980, quelques semaines avant que je rejoigne l’armée, le Général Rafael Eitan, Chef d’Etat Major à l’époque, a annoncé que « les Arabes étaient des cafards bourrés dans une bouteille ». Il s’en est tiré, comme il s’est tiré du massacre de plusieurs milliers de civils libanais pendant la Première Guerre du Liban. En un mot, les Israéliens s’arrangent pour s’en tirer avec le meurtre.

Par chance, et pour des raisons qui continuent à m’échapper, à un certain moment, je me suis réveillé de ce rêve hébraïque mortel. Un jour j’ai quitté l’Etat juif, je me suis évadé de l’incitation juive à la haine, je suis devenu un opposant à l’Etat juif et à toute autre forme de politique juive. Cependant, je suis tout à fait persuadé qu’il est de mon devoir primordial d’informer quiconque veut écouter sur le pourquoi de cette opposition.

Si tant est que le sionisme devait transformer les Juifs et, en « leur donnant leur propre Etat », faire d’eux des gens comme les autres, il a misérablement échoué. La barbarie israélienne, comme nous l’avons vu cette semaine et trop souvent avant, va bien au-delà de la bestialité. C’est tuer pour tuer. Et de façon aveugle.

Bien peu en Occident sont conscients du fait dévastateur que tuer des Arabes et des Palestiniens en particulier est une recette politique israélienne très efficace. Les Israéliens sont à l’évidence des gens confus. Autant ils tiennent à se voir comme des « chercheurs de paix » [Shalom seeking**] , autant ils adorent être dirigés par des hommes politiques à l’étonnant palmarès d’activités meurtrières illégitimes. Que ce soit Sharon, Rabin, Begin, Shamir ou Ben Gourion, les Israéliens aiment que leurs « dirigeants démocratiquement élus » soient des faucons belliqueux aux griffes dégoulinantes de sang, et précédés de dossiers solides de crimes contre l’humanité.

Nous sommes à quelques semaines d’une élection en Israël et tant la candidate de Kadima, la Ministre des Affaires Etrangères Tzipi Livni que le candidat travailliste, le Ministre de la Défense Ehud Barak sont à la traîne, loin derrière le candidat du Likud, le faucon notoire Benjamin (Bibi) Netaniyahu. Livni et Barak ont besoin de leur petite guerre. Ils doivent prouver aux Israéliens qu’ils savent comment s’adonner au meurtre de masse. Ils doivent, autant l’un que l’autre, présenter à l’électeur israélien quelque exposition réelle de carnage ravageur, pour que les Israéliens aient confiance en leur gouvernance. C’est leur seule chance contre Netanyahu. Livni et Barak larguent des tonnes de bombes sur les civils, les écoles et les hôpitaux palestiniens parce que c’est exactement ce que les Israéliens veulent voir.

Malheureusement, les Israéliens ne sont pas réputés pour leur clémence et leur grâce. Au contraire, ce sont les représailles et la vengeance qui les apaisent, et leur propre brutalité sans limite qui les réconforte. Quand on a demandé à un ex Commandant en Chef de l’Armée de l’Air israélienne, Dan Halutz, ce qu’il avait ressenti lors du largage d’une bombe sur un quartier densément peuplé de Gaza, sa réponse fut courte et précise : « J’ai ressenti une légère secousse à l’aile droite ». L’attitude mortellement glaciale de Dan Halutz a suffi à lui assurer une promotion au poste de Chef d’Etat Major de l’armée, peu de temps après. C’est le Général Dan Halutz qui a dirigé l’armée israélienne lors la Seconde Guerre au Liban, c’est cet homme qui a détruit l’infrastructure libanaise et de grandes parties de Beyrouth.

Dans la politique israélienne, le sang arabe est traduit en votes. Il serait à l’évidence très raisonnable d’accuser Livni, Barak et l’actuel Chef d’Etat Major de l’armée, Ashkenazi, de meurtre au premier degré, de crimes contre l’humanité et d’une violation flagrante de la Convention de Genève. Mais il serait bien plus intelligible de prendre en compte qu’Israël est une « démocratie ». Livni, Barak et Ashkenazi donnent au peuple israélien ce qu’il veut : cela s’appelle le sang arabe, et il doit y en avoir des flots. Cette pratique meurtrière répétitive, conduite par les politiciens israéliens, rejaillit sur le peuple israélien tout entier et pas seulement sur quelques hommes politiques et quelques généraux. Nous avons affaire ici à une société barbare qui est conduite, d’un point de vue politique, par la soif du sang et les inclinaisons mortelles.

Il ne faut pas s’y tromper, il n’y a pas de place pour ces gens-là parmi les nations.

La raison pour laquelle les Israéliens sont des gens aussi éloignés de toute notion d’humanisme est une vaste question. Les humanistes généreux et naïfs parmi nous peuvent argumenter que la Shoah a laissé une énorme cicatrice sur l’âme israélienne. Cela peut expliquer pourquoi les Israéliens cultivent d’une façon aussi obsessionnelle cette même mémoire, avec le soutien de leurs frères et sœurs en diaspora. Les Israéliens disent « plus jamais », et ce qu’ils veulent dire, c’est qu’Auschwitz ne doit jamais se reproduire, ce qui leur permet de punir les Palestiniens pour les crimes commis par les nazis.

Les réalistes parmi nous n’avalent plus cet argument. Ils commencent maintenant à admettre qu’il est plus que probable que si les Israéliens sont aussi incroyablement brutaux, c’est seulement parce que qu’ils sont comme ça. Cela va bien au-delà de la rationalité ou des affirmations pseudo-analytiques. Ils disent « voici comment sont les Israéliens et il n’y a pas grand-chose qu’on puisse faire contre ça ». Les réalistes parmi nous en arrivent à admettre que tuer est la manière dont les Israéliens interprètent la signification d’être Juifs. Beaucoup d’entre nous en arrivent sérieusement à admettre qu’il n’y a pas de système de valeur alternatif humaniste laïque pour remplacer le système hébraïque meurtrier. L’Etat juif est là pour prouver que l’autonomie nationale juive est un concept inhumain.

J’ai grandi dans l’Israël post 1967. J’ai été élevé dans la glorification de la victoire israélienne mythique, nous avons été entraînés à vénérer « l’Israélien qui réagit au quart de tour », le commando qui tire en direction des Arabes avec son fusil automatique Uzi et s’arrange pour battre quatre armées en six jours seulement.

Il m’a peut-être fallu deux décennies de trop pour comprendre que l’Israélien qui « tire plus vite que son ombre » était en réalité le maître de la tuerie aveugle. Barak était un de ces héros de 1967, il fut un maître tueur aveugle. Apparemment, le gouvernement israélien vient d’approuver son plan de raid le plus important sur Gaza depuis 1967. Livni est à peu près du même âge que moi, et à lire les informations, elle a intériorisé le message. Elle accumule maintenant les références nécessaires au meurtrier aveugle. Tant Barak que Livni entraînent Israël et la Palestine dans une campagne électorale de massacre. Le sang palestinien et arabe est le carburant des politiques israéliennes. Je voudrais juste suggérer à Livni et à Barak que ça peut ne pas les aider dans les sondages. Netaniyahu est un faucon véritable et authentique. Il n’a pas à faire semblant d’être un meurtrier, et autant je le méprise, il lui reste encore à entraîner Israël dans une guerre. Il comprend probablement mieux qu’eux ce que le pouvoir de la dissuasion a à voir dans tout ça.

Notes de lecture :

(*) “Eine Kleine Nacht Murder”, référence au titre d’une série télévisée américaine .

(**) Ne pas confondre "shalom” avec “paix” ou “salam”. Alors que paix et salam se réfèrent à la réconciliation et au compromis, shalom signifie la sécurité pour le peuple juif aux dépens de son environnement


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