Ouvrir une issue à la crise (éditorial national du Parti de Gauche)

vendredi 6 février 2009.
 

Pour l’heure l’impuissance des gouvernements s’étale au grand jour. Vous vous souvenez des louanges qui avaient accompagné le plan britannique de sauvetage des banques ? Gordon Brown était pris en exemple. Il avait « sauvé l’Europe », Sarkozy était prié de s’en inspirer. Aujourd’hui on constate que les pertes du système bancaire britannique continuent à se creuser vertigineusement. Les banques renflouées à grands renforts de milliards d’argent public prennent l’eau de toutes parts. L’ex miraculée Royal Bank of Scotland (RBS) agonise. Elle envisage un déficit de 28 milliards de livres, son action a chuté à nouveau de 75%. L’économie nationale ne va pas mieux et se prépare à la pire récession de son histoire depuis 1946.

Et le plan états-unien dit plan Paulson ? On nous assurait que cet engagement financier colossal de 700 milliards de dollars suffirait à rétablir la confiance des marchés et qu’au final ces sommes produiraient leur bénéfice psychologique sans avoir même à être dépensées. Or depuis son adoption les défaillances bancaires n’ont jamais cessé. La dernière en date, Bank of America, a nécessité la semaine dernière une injection de 20 milliards de crédits publics. On sait déjà que le plan Paulson ne suffira pas et le gouvernement Obama devra remettre la main à la poche.

Je ne parle même pas du chômage (67000 emplois supprimés dans le monde pour la seule journée de lundi dernier selon la totalisation d’un journal américain). Car la sauvegarde de l’emploi n’a jamais été l’objectif des plans gouvernementaux. Aucun d’eux n’a voulu de bouclier social. Pour relancer l’économie, il fallait sauver la finance, expliquaient-ils. C’est donc sur leurs propres objectifs que les gouvernements ont échoué. Un échec confirmé par leurs propres chiffres et communiqués. Comment y réagissent-ils ? Leur attitude rappelle la plaisanterie qui circulait naguère dans le bloc soviétique : « Nous sommes au bord du gouffre mais nous allons faire un grand pas en avant ! ». Symbole de cet aveuglement, la Commission Européenne publie dans un même rapport l’annonce d’une récession plus forte que prévue en 2009 et une célébration des plans de relance qui étaient censé l’éviter. Elle prévoit que les critères du pacte de stabilité seront complètement enfoncés et rappelle la nécessité de les respecter... Bref, si la journée du 29 démontre qu’en bas on ne veut plus, l’aggravation de la crise démontre qu’en haut on ne peut plus. En son point paroxystique, c’est la crise politique générale, comme en Islande, pays dont le PIB par habitant était le plus élevé au monde en 2007, où le gouvernement de coalition conservateurs/sociaux-démocrates vient de démissionner sous la pression de la rue.

Il y a donc urgence. C’est maintenant qu’il faut ouvrir une issue à la crise. Le PS déclare qu’il souhaite être le « débouché politique » du mécontentement social. Il ne l’a pas été jusqu’à présent. Il ne le sera pas davantage demain. Car la réponse à la crise ne peut pas être portée par un parti qui se réjouit d’avoir refusé de voter contre le plan de sauvetage des banques de Sarkozy, limite son « plan de relance » aux 2% du PIB préconisés par le FMI et la Commission Européenne, appelle à ratifier un traité de Lisbonne qui s’oppose à tout changement de politique en Europe, et conçoit le « débouché politique » de la crise comme une simple alternance en 2012. Un choc politique immédiat est nécessaire pour créer les conditions d’une véritable alternative.

Or ce choc politique peut avoir lieu dans les prochains mois avec les élections européennes. C’est pourquoi le Parti de Gauche a appelé dès sa création à constituer un front de gauche pour les élections européennes. La fondation du PG et l’action pour le front de gauche sont indissociables. Sans la création du Parti de Gauche, le front de gauche aurait été impossible. Mais sans front de gauche, le PG serait impuissant à provoquer à lui seul le choc nécessaire. D’ailleurs aucune des forces de l’autre gauche ne pourrait y parvenir.

C’est ce débat que nous menons avec le NPA, dans des conditions de dialogue respectueux qu’il faut saluer. Le PG est une force naissante. Appuyé sur la LCR, le NPA a lui déjà gagné ses galons. Il a la confiance de nombreux Français. Sa responsabilité est donc considérable. Lui aussi se crée comme une réponse à la crise du capitalisme. Lui non plus ne peut se limiter à vouloir être un « débouché politique » en 2012. Sa présence dans les luttes sociales en témoigne. Il se pose donc les mêmes questions que nous. Comment donner à ces luttes une issue politique ? La création d’un nouveau parti y suffit-elle ? Non, bien sûr. Nous proposons donc de lier, à l’image de ce que réussit la gauche en Amérique Latine, front dans les luttes et front politique pour le changement. Notre offre est sur la table. Nous sommes prêts à en discuter sans aucun préalable car pour le Parti de Gauche, la réussite du front commande tout le reste.


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