Le cas "foireux" du Docteur Bernard Kouchner (7 articles 2009)

samedi 16 juillet 2016.
 

1) Kouchner : " Je ne prends jamais les transports en commun. C’est une question de principe. "

Source : L’Express

La polémique déclenchée par le livre de Pierre Péan est loin d’être éteinte. L’Express révèle que, avant d’entrer au gouvernement, l’ex-figure de la médecine humanitaire n’exerçait pas ses talents de consultant uniquement en Afrique.

La scène se passe dans le décor féerique de Venise, le 29 avril 2006. Le millier d’invités de marque conviés par François Pinault à inaugurer son musée du palazzo Grassi quittent le dîner pour embarquer sur les vaporettos loués par le milliardaire français afin de les conduire à leurs hôtels. La voix de Bernard Kouchner s’élève alors : " Je ne prends jamais les transports en commun. C’est une question de principe "... Boutade ou mépris ? Beaucoup d’invités, amusés ou choqués, le voient monter avec son épouse, Christine Ockrent, à bord d’un bateau-taxi...

L’anecdote illustre la face cachée de cet homme aux deux visages, Dr Bernard et Mr K. Autant l’humanitaire a soigné son image, insistant à juste titre sur son rôle dans la création de Médecins sans frontières et sur sa défense du droit d’ingérence, autant le politique à l’ego surdimensionné paraît aimer le pouvoir et le faste. Le livre de Pierre Péan en est une nouvelle illustration, qui dénonce, parfois avec excès, les agissements de "Monsieur K.".

Fin 2003, Bernard Kouchner enseigne au Conservatoire national des arts et métiers : c’est son seul revenu. Il est alors sollicité par un ami, un ancien diplomate passé au privé, Eric Danon. Ce dernier s’est associé avec un écrivain, Jacques Baudouin, afin de créer deux sociétés : Africa Steps et International Medical Alliance (Imeda).

Les activités de Bernard Kouchner ne se sont pas limitées à l’Afrique francophone. En avril 2004, il rédige, pour le compte d’Imeda et à l’intention de Varsovie, un rapport pour une amélioration du système de santé polonais. En mai, il effectue une mission au Nigeria afin d’étudier la possibilité de privatiser l’hôpital d’Abuja. En juin, il cosigne un rapport de 65 pages destiné à la réforme du système de santé de la Roumanie. En février 2005, il écrit un rapport en anglais pour le compte de l’Ukraine afin d’établir un programme de lutte contre le sida dans les entreprises...

La première a pour objet le conseil financier aux pays en développement. L’autre, plus médicale, veut aider les Etats à lutter contre le sida et à monter des systèmes de santé publique inspirés du modèle français. Les deux associés ont décroché un contrat avec le Gabon, où ils doivent réaliser un audit du système sanitaire. A la recherche d’un expert, ils ont donc pensé à l’ex-ministre (en fait, il semblerait même que son nom ait été évoqué dès la négociation du contrat). Celui-ci, un moment hésitant, finit par accepter.

Le Gabon ne regarde pas à la dépense. Trois tranches de financement de 330 000 euros doivent être réglées à Imeda au gré des études dont l’objectif est de déboucher sur la création d’un système d’assurance-maladie au Gabon, une première en Afrique. En réalité, Libreville paie à Imeda quatre tranches, soit 1,234 million d’euros.

Sur cette somme, Bernard Kouchner perçoit 216 000 euros après impôts, soit près de 350 000 euros brut. Lui-même reconnaît, pour cette activité, un revenu pendant trois ans de 6 000 euros par mois hors impôts. Rémunéré comme consultant et travailleur indépendant par l’intermédiaire de sa propre société BK Conseil, il crée, également, une entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL), BK Consultants, dont il est l’associé unique. BK Conseil et BK Consultants sont domiciliées chez lui.

Parallèlement aux engagements passés avec Imeda, le Gabon signe un autre contrat avec Africa Steps : il s’engage à régler 480 000 euros par an, payés en quatre fois, au fur et à mesure de la réception d’autres études. Pour le travail au Gabon, Bernard Kouchner s’entoure de spécialistes, dont certains restent anonymes. Seuls les noms des Drs Jean-Elie Malkin et Isabelle Stroebel figurent sur les deux rapports remis au président gabonais Omar Bongo, en février et en août 2004.

Le premier (107 pages) dresse le constat de la situation sanitaire du pays. Le second (24 pages) avance des "propositions de réforme". Enfin, des conseils sont dispensés, le 29 août 2006, par un courrier de Kouchner au vice-Premier ministre gabonais. "Ces études, explique aujourd’hui l’entourage du ministre, ont abouti à des états généraux de la santé et au vote d’une loi permettant d’aider les plus déshérités à bénéficier d’un système de santé." A l’époque, Bernard Kouchner n’était pas ministre et s’estimait donc en droit de prodiguer des conseils rémunérés à un pays qui, selon lui, n’est pas une dictature. Des Gabonais doutent pourtant de la réalité de ce travail et le comparent avec ironie au rapport sur la francophonie rédigé jadis par Xavière Tiberi, épouse de l’ex-maire de Paris...

A partir de 2004, le French doctor est en outre président d’un groupement d’intérêt public, Esther, qui a pour objet la lutte contre le sida dans les pays en voie de développement. Y avait-il un risque de conflit d’intérêts entre cette fonction publique et ses activités privées ? L’Elysée, qui a étudié le cas de près, affirme que non. Et rappelle aussi que, dès sa nomination au gouvernement, Kouchner a cessé ses activités de conseil et mis en sommeil l’une de ses sociétés. Jacques Baudouin, devenu son conseiller pour la presse, a, lui aussi, quitté ses fonctions dans lmeda et Africa Steps.

Autre épisode troublant : en septembre 2007, Eric Danon, sur le point d’être nommé ambassadeur à Monaco, s’inquiète, car le Gabon peine à régler une ultime facture de 817 000 euros. Il s’agit, en fait, du versement, pour 2006, de la dernière tranche d’Imeda (330 000 euros) et d’une année de traitement d’Africa Steps (480 000 euros). La facture est finalement honorée en 2008. Kouchner est-il intervenu, en tant que ministre, auprès de Bongo, comme le sous-entend Péan ? Son avocat, Me Georges Kiejman, étudie la possibilité de porter plainte pour diffamation contre l’écrivain. Son client nie catégoriquement toute intervention.

Du point de vue légal, on ne peut donc a priori rien reprocher au French doctor. Seule certitude : son image est atteinte. A-t-il vendu ou perdu son âme ou a-t-il, au contraire, poursuivi ses activités humanitaires sous d’autres formes ? Quant à sa carrière politique, elle dépend de Nicolas Sarkozy qui le soutient. Pour l’instant.

http://www.lexpress.fr

2) Enquête sur l’ancienne société du French Doctor

de François Vignolle avec Marc Payet et Odile Plichon

BK Consultants

Avant la publication du livre de Pierre Péan, peu de gens avaient entendu parler de cette société de conseil, installée à Paris. L’opinion publique connaissait Bernard Kouchner comme le French Doctor devenu ministre des Affaires étrangères, mais guère comme le consultant haut de gamme prisé pour son expertise et son expérience sur les questions de santé.

Novembre 2003. Bernard Kouchner achève sa traversée du désert entamée depuis la fin du gouvernement Jospin en 2002. Sans mandat politique, l’ancien ministre de la Santé accepte la proposition du nouveau Premier ministre Jean-Pierre Raffarin de prendre la présidence du groupement d’intérêt public Esther.

Un programme européen visant à fournir une aide médicale dans les pays africains. "C’était un poste de bénévole", précise Me Georges Kiejman l’avocat de Bernard Kouchner. Un an plus tôt, l’ancien humanitaire a décroché une chaire au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). "Cela représentait un salaire de 3 000 € par mois, se souvient un ancien de ses collègues, il n’y a rien de scandaleux dans cette rémunération."

Un fin connaisseur de l’Afrique

Fraîchement désigné comme président d’Esther, Kouchner est approché fin 2003 par la société Imeda qui vise à améliorer « les systèmes de santé en Afrique ». Le profil de Kouchner intéresse Imeda. « C’est un fin connaisseur de ce continent qu’il traverse depuis trente ans », explique Jacques Baudouin, à l’époque directeur administratif d’Imeda, aujourd’hui conseiller en communication de Bernard Kouchner. Imeda propose à son nouveau consultant un audit sur « le système de santé du Gabon et propositions de réforme ».

Pour accomplir sa mission, ce dernier doit d’abord créer sa propre société. Le 8 janvier 2004, BK consultants est immatriculée au tribunal de commerce de Paris avec pour capital 3 000 € et comme objet social : « le conseil en développement durable ainsi qu’en matière de santé publique ». La société semble avoir été créée pour répondre aux attentes d’Imeda. Dans les statuts de BK Consultants que nous avons retrouvés, l’un des articles stipule la « signature d’un contrat de consultant avec la société Imeda pour un montant de 660 000 € taxes comprises ».

Un montant contesté par l’ancien directeur administratif d’Imeda. « Il s’agit certainement d’un budget prévisionnel. La somme versée à Bernard Kouchner représente environ 400 000 € brut sur trois ans », indique Jacques Baudouin. Soit 11 100 € mensuels brut pour BK Consultants. Dans son livre, Pierre Péan estime que Kouchner a mélangé les genres en présidant une structure publique et en travaillant comme consultant pour une société privée.

En 2004, le président d’Esther mettait en place un partenariat entre hôpitaux français et gabonais signé quelques mois plus tôt. Dans le même temps, le consultant Kouchner préparait pour Imeda son rapport sur le système de santé du Gabon.

Source : http://www.leparisien.fr/politique/...

3) Daniel Cohn-Bendit parle de son ami Bernard Kouchner : ça flingue dans tous les sens

En avril 2004, Daniel Cohn-Bendit et son ami Bernard Kouchner avaient écrit un livre ensemble. Leur livre s’appelait « Quand tu seras président », édition Robert Laffont.

Dimanche 8 février 2009, Daniel Cohn-Bendit parle de l’affaire Kouchner :

Bernard Kouchner "a foiré" et "il doit s’expliquer" sur ses activités de consultant en Afrique, a déclaré dimanche 8 février Daniel Cohn-Bendit (Verts), estimant que le ministre des Affaires Etrangères avait agi "aux frontières de la morale".

"Ce n’est pas le problème légal ou illégal, je crois que dans le discours de Bernard, entre son honnêteté, les causes qu’il a défendues et cette pratique économique personnelle, il y a une contradiction", a déclaré le co-président du groupe Vert au Parlement européen.

"Les sommes en jeu sont quand même phénoménales : 2 millions d’euros, 3 millions d’euros, pourquoi ? Comment ? ". Bernard Kouchner a "foiré". Ses activités en Afrique étaient "aux frontières de la morale" et "je crois qu’il doit s’expliquer".

Daniel Cohn-Bendit a aussi jugé sévèrement l’entrée de l’ex-socialiste Bernard Kouchner dans le gouvernement Fillon, affirmant que "si vous passez chez Sarkozy, vous êtes contaminés par Sarkozy".

Il a également considéré que la nomination de Christine Ockrent, l’épouse de Bernard Kouchner, comme numéro deux de Radio France internationale (RFI), avait "quelque chose de foireux". Avec Nicolas Sarkozy, "c’est un peu : « le monde nous appartient, on fait ce qu’on veut ». Je crois que Bernard est un peu dans cet entonnoir".

4) Le cas Bernard K au fil des médias et de l’humanitaire

Source : L’Humanité

Brûlot. Le livre de Pierre Péan, consacré au ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, met en lumière l’amour du pouvoir, de l’argent et des médias.

On ne parle plus que de ce livre. Hier, les quotidiens Libération et le Figaro l’ont placé en une. Il s’agit de l’affaire Kouchner, où plus exactement du livre du journaliste Pierre Péan, intitulé le Monde selon K. Un brûlot qui dévoile la face cachée d’un des hommes politiques les plus appréciés des Français, si l’on en croit les sondages régulièrement publiés par le Journal du dimanche.

Télévisions et radios s’en sont fait l’écho depuis plusieurs jours. Pour résumer : Pierre Péan, auteur de nombreuses enquêtes touchant au(x) pouvoir(s), vient de sortir un ouvrage d’autant plus controversé qu’il vise directement celui qui est l’actuel ministre des Affaires étrangères. Une figure à la personnalité certaine, dont l’engagement n’est pas remis en cause. Ce sont plutôt les fondements de cet engagement que notre confrère Péan discute.

Remontant aux sources mêmes de l’intrusion de K. dans la vie publique, il démonte non pas une supercherie mais plutôt le moteur de cet incroyable « succès » qui verra un petit étudiant en médecine gravir les échelons du pouvoir, jusqu’à devenir le ministre qu’il est actuellement, certainement le poste le plus prestigieux de sa carrière.

Depuis les années de jeunesse

Péan remonte loin. Revient sur les années de jeunesse de celui qui aime se faire appeler le « French doctor », n’est pas dénué de courage mais, à y regarder de près, surfe sur les souffrances humaines, pour les besoins de sa propre cause. Du Biafra à la Somalie, de la seringue au sac de riz, le bon docteur semble n’exister qu’au travers de l’image. Il ne s’en cache pas, se fabrique une modernité, mais surtout n’oublie jamais son vieux précepte de l’importance du « tapage médiatique », comme le souligne Péan. Ce dernier s’attache à démonter l’attitude de Bernard Kouchner au gré des conflits. Ou plutôt de certains conflits : la Bosnie, la Somalie, le Kosovo et, bien sûr, le Rwanda.

Apparaît, au fil des pages, une espèce de Docteur Folamour, aussi amoureux de lui-même que des causes qu’il semble embrasser. Transparaissent également son amour du pouvoir (Martine Aubry, premier secrétaire du PS qui le connaît bien, l’a dit) et celui de l’argent. Si l’on en croit Pierre Péan, Bernard Kouchner a su faire jouer ses relations et son entregent pour gagner quelque argent au rythme de contrats avec des pays africains, notamment le Gabon (il s’agirait de plus de 200 000 euros, déclarés), dont la particularité est justement de faire partie de ce que l’on appelle la Françafrique, même si Péan feint de croire que les liens n’existent plus entre Paris et un certain nombre de ces pays.

Jeu trouble avec médias complaisants

Le plus troublant n’est peut-être pas dans ce que la grande presse a voulu percevoir. Et pour cause. Quand Bernard Kouchner parle de « tapage médiatique », il indique qu’il a évidemment besoin des médias. Complaisants, cela s’entend. Et l’on suit, au fil des pages, des journalistes de cette presse dite « neutre » et « objective » accompagner le bon docteur Kouchner. Une fois dans les Balkans en ayant soin d’emmener quelqu’un de Libération, avec un compte rendu au Monde à la clé. Une autre fois c’est un reporter du Figaro qui va relater les pérégrinations du docteur ministre MSF MdM (on ne sait plus tant il utilise les étiquettes sans en parler aux principaux responsables), récit qui se conclura par de profondes pensées sur les plateaux de télévision (service public ou privé, le traitement est aussi bon).

Aujourd’hui à la tête du Quai d’Orsay, Bernard Kouchner sort ses ergots et s’étonne des attaques. Son épouse, Christine Ockrent, à la tête de ce qu’il est convenu d’appeler l’audiovisuel extérieur, qui regroupe RFI, France 24 et TV5, sera-t-elle en état de faire taire le « tapage médiatique » généré par le livre de Péan ? Dans le Figaro, Kouchner répond par avance, à propos de son épouse : « Je comprends que l’on puisse avoir une certaine jalousie à l’égard des journalistes de talent… » À l’Humanité, on enrage.

Pierre Barbancey

5) Bernard Kouchner, l’homme qui signe des contrats à 660 000 euros avec des inconnus !

Après la photo de la porte de la gardienne de l’immeuble d’Imeda, où apparaissait le nom de Bernard Kouchner, publiée par Challenges, c’est au tour du journal Le Parisien de révéler que le nom d’Imeda figure dans les statuts même de la société du ministre, BK consultants. Pour un contrat d’un montant de 660 000 euros !

660 000 euros : c’est le montant du contrat qu’aurait signé en 2004 Bernard Kouchner, via sa société BK consultants, avec la société Imeda pour réaliser un audit sur « le système de santé du Gabon et propositions de réforme ».

C’est ce que révèle Le Parisien, dont les journalistes ont réussi à se procurer les statuts de BK consultants, où il est écrit noir sur blanc que la société se crée dans le but de la « signature d’un contrat de consultant avec la société Imeda pour un montant de 660 000 euros taxes comprises ». Pour trois ans de travail.

Difficile dans ces conditions pour Bernard Kouchner de continuer à prétendre, comme il l’a fait mercredi 4 février dernier au JT de France 2 :

« Je n’ai jamais appartenu à Imeda ou à Africa Steps (les deux sociétés ayant facturé ses prestations, ndlr) » ou encore qu’il « ne connaissait pas » les dirigeants de ces entreprises : il est rare qu’on signe des contrats pareils, nécessitant la création d’une société ad hoc, avec des inconnus.

La version kouchnérienne des faits est d’autant plus mise à mal que l’hebdomadaire Challenges a publié cette semaine une photo démontrant que le ministre des Affaires étrangères était bel et bien lié à Imeda et Africa Steps.

Source : http://www.marianne2.fr/Kouchner,-l...

6) Nouvelles révélations sur Bernard Kouchner

Pour lire le dossier réalisé par le site bakchich, cliquez sur l’adresse portée en source de cet article, en rouge, en haut de page.

Après le Gabon, le Kurdistan irakien ! En juin dernier, le ministre a refourgué aux autorités de ce pays une mission d’expertise de santé publique. 275 466 euros à la clé et ses copains à la caisse.

A tout seigneur tout honneur. Habitué aux feux de la rampe médiatique, Bernard Kouchner truste tous les médias actuellement. Et Bakchich n’est pas en reste. Presque tout un numéro sur le French doctor. Qui débute par les dernières aventures du sieur ministre au Kurdistan. Une exclusivité Bakchich, gardée au frais pour nos abonnés.

Et bien sûr un retour sur les multiples révélations sur les petits arrangements de Kouchner, distillés sur notre site depuis début janvier. Alors comme on dit chez les Kouchner : « Gabonnez-vous !!! »

Le dossier Kouchner :

- Kouchner, ministre des factures étrangères (p.7) , 817 000 euros, c’est la somme qu’a réglé en 2008 le Gabon à une boîte de conseil pour laquelle a bossé Bernard Kouchner. La diplomatie française fait encore recette.

- Bernard Kouchner, ministre hors-la-loi (p.9) , En dehors de toute légalité constitutionnelle, le French Doctor est toujours patron de sa boîte de conseils, BK consultants.

- Bongo paie, Bockel est viré (p.10) , En mars 2008, sitôt qu’Omar Bongo eut réglé 817 000 euros à une société pour laquelle a travaillé Bernard Kouchner, il obtenait la tête du secrétaire d’Etat à la Coopération qui le critiquait.

- Kouchner, un ami en or massif (p.11) , Voici un bien bel itinéraire que celui de Pierre Lunel, ancien président de l’Université Paris VIII, devenu conseiller au Quai d’Orsay, malgré une fâcheuse tendance au mélange des genres. Merci qui ? Merci Bernard.

- Alain de Pouzilhac, Christine Ockrent et le million (p.12) , La voix et l’image de la France dans le monde n’ont pas de prix. Les patrons de l’audiovisuel extérieur français, France Monde pour les non initiés, ont le leur : un million d’euros pour Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent.

Source : http://www.bakchich.info/article668...

7) Désireux d’immoler Kouchner, Péan fait flèche de tout bois

Source : le carnet de Colette Braeckman et rezo.net

In cauda venenum. Pierre Péan a gardé pour la fin de son livre le coup de Jarnac destiné à Bernard Kouchner, qu’il accuse de conflits d’intérêts : des informations selon lesquelles, entre 2002 et 2007, le père des French Doctors se serait livré à de lucratives activités de consultant dans le domaine de la santé. Alors qu’il présidait un groupement d’intérêt public, Esther, un outil d’intervention de la France en matière de santé publique, spécialisé dans la coopération en matière hospitalière, M. Kouchner, qui avait été ministre de la santé dans le dernier gouvernement de gauche, avait débordé dans le privé. Au nom de deux sociétés, Africa Steps et Imeda, gérées par deux de ses proches, il a dispensé de coûteux conseils à deux présidents africains plus connus pour être des piliers de la Françafrique que des obsédés de la santé publique, le président du Gabon Omar Bongo et son beau-père le président du Congo Brazzaville Denis Sassou Nguesso, qui auraient commandité des rapports pour un montant de 4,6 millions d’euros. A la lumière de l’Angolagate, qui montre jusqu’où peut aller la collusion entre le monde politique, une société privée (Total) et un gouvernement étranger et se souvenant du rapport ramené de Birmanie par le même Kouchner (rémunéré par Total) dans lequel il exonérait la junte des accusations de travaux forcés dont elle faisait l’objet, les révélations de Pierre Péan ne font que confirmer ce que l’on savait déjà : la tendance très française de la confusion des genres et du conflit d’intérêt, plus particulièrement lorsqu’il s’agît de l’Afrique.

Auparavant, ce n’est pas au bistouri, mais avec une dague que Pierre Péan a pris plaisir à dépiauter la politique des bons sentiments menée par le fondateur de Médecins sans frontières, du Biafra jusqu’au Kosovo. Ce texte pamphlétaire mais bien documenté fera réfléchir tous les partisans du droit d’ingérence car il montre les coulisses de l’histoire : Kouchner, jeune médecin à Cochin se fait connaître au Biafra où, en réalité, la France de Foccart et de Total soutenait la rébellion contre le pouvoir central du Nigeria (déjà une guerre pour les ressources…), il débarque en Somalie en coltinant des sacs de riz et en regardant les caméras bien en face, il amène François Mitterrand à Sarajevo et retourne l’opinion à l’avantage des Bosniaques et des Croates…Au passage, Péan analyse la « méthode Kouchner », qui a fait école : jouer sur les medias, (le couple Kouchner Ockrent est devenu emblématique), éveiller des émotions fortes sans hésiter, lorsqu’il le faut, à utiliser ce mot définitif, qui clôt tout débat, qu’il s’agisse du Kosovo ou du Darfour « génocide »…Et compter aussi le relais de quelques « grandes voix », quelques « témoins privilégiés », Bernard Henri Levy, André Glucksmann, Pascal Bruckner…

A première vue, on pourrait croire que Péan le justicier s’est ému de la dérive pro américaine du Ministre des Affaires étrangères de la France (la couverture du livre le montre pratiquement dans les bras de George Bush), de sa propension belliciste et pro israélienne aux côtés des néo conservateurs, qu’il s’agisse de l’Iran ou de l’Irak, qu’il s’est indigné de voir Mme Kouchner (la reine Christine…) être parachutée à la tête de l’Audiovisuel extérieur de la France avec un salaire mensuel de 40.000 euros- c’est cependant de manière très injuste qu’il nie les qualités professionnelles de notre compatriote-.

Mais le véritable ressort de l’ouvrage n’est pas la vertueuse indignation : c’est entre gens du même monde que les coups sont les plus bas. Si le polémiste fait feu de tout bois pour dresser un bûcher à la personnalité préférée des Français, c’est parce que Kouchner aurait pactisé avec un homme désigné comme l’ennemi juré sinon de la France en tous cas de Péan et de ses amis : le président du Rwanda, Paul Kagame. Il s’agît là d’une lutte de clans : le ministre français des affaires étrangères et le président Sarkozy (peut-être parce qu’ils s’inscrivent dans la ligne des Américains, peut-être parce qu’ils pratiquent la realpolitik) souhaitent normaliser les relations avec le Rwanda, rompues depuis qu’en 2006 le juge Bruguière a délivré neuf mandats d’arrêt contre Kagame et d’autres personnalités du régime. Un tel virage suscite l’indignation des milieux militaires et du renseignement tandis que des proches de feu François Mitterrand dénoncent la trahison. Lorsqu’il s’est agi de chercher des flèches pour transpercer Kouchner, Péan n’a pas du chercher trop loin…


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