Premiers enseignements du congrès du NPA

mardi 10 février 2009.
 

Dès sa fondation, le Parti de Gauche n’a pas caché l’importance qu’il accordait au congrès fondateur du NPA. Ce dernier clôturait en effet ce week-end un cycle de congrès susceptibles de dessiner une nouvelle donne dans la gauche française. La crise du système capitaliste, et les périls qu’elle révèle toujours plus crument, n’a fait que renforcer l’importance de ces rendez-vous politiques. Les congrès du PCF en décembre et du PG fin janvier ont joué leur rôle en donnant corps au Front de Gauche pour changer d’Europe. Plusieurs mouvements politiques ont depuis dit leur intérêt pour cette construction. Dans le même temps, NPA, PCF et PG ont, avec sept autres mouvements, tenu à soutenir les mobilisations sociales, à commencer par la grève interprofessionnelle du 29 janvier, en signant un texte comprenant un ensemble de mesures pour l’emploi, les salaires, une autre répartition des richesses et contre les licenciements. Deux cadres unitaires qui illustrent notre conception d’un Front politique permanent contre la droite, à la fois dans la rue et dans les urnes. Acteur évident du Front social tel que l’a dessiné l’appel « Ce n’est pas à la population de payer la crise », le NPA allait-il répondre de la même manière à notre proposition de forger avec nous le Front de Gauche aux Européennes ? Tel était pour nous l’enjeu principal de ce congrès fondateur comme en ont témoigné « l’adresse au Front de Gauche » adoptée lors de notre propre congrès et le message que nous avons envoyé à ses délégués.

Premier constat : ceux qui nous disaient depuis des semaines que le NPA allait balayer d’un revers de main cette proposition en sont pour leurs frais. L’unité des forces disponibles pour rompre avec la logique capitaliste aux élections européennes, et plus précisément le Front de Gauche, ont constitué l’enjeu principal des débats de ce congrès. La conclusion n’est pas non plus celle que ces observateurs attendaient... Certes, l’amendement à la résolution européenne la plus proche de la logique dessinée par le Front de Gauche a été rejeté, mais le texte majoritaire s’est finalement infléchi vers une ligne plus unitaire que prévu puisque le NPA se dit prêt à « explorer immédiatement » un accord durable, y compris pour les élections européennes. Il n’y a donc plus d’obstacle à la réunion conjointe que nous allons proposer au NPA avec le PCF dans les jours à venir afin d’étudier les conditions qui rendraient possibles un tel rapprochement.

Mais nous voulons poursuivre ce dialogue avec la méthode qui est la nôtre depuis que nous œuvrons à cette alliance : sans mise au pied du mur, fraternellement, mais avec franchise et transparence. C’est pourquoi nous disons qu’à côté des ces points évidemment positifs, ce congrès fondateur a également envoyé des messages plus inquiétants quant à l’issue de notre démarche unitaire. Nous n’avons pas vécu comme de bons signes, même si ils ont été minoritaires, plusieurs interventions très sectaires qui ont fleuri dans la commission Europe du samedi matin, ni la volonté évidente de faire disparaitre plusieurs des animateurs les plus importants de la sensibilité « unitaire » de la première instance de direction pourtant large du NPA.

Mais l’essentiel est que l’unité aux Européennes reste à priori envisageable pour le NPA. Nous aborderons donc les discussions avec ce parti avec la ferme volonté de parvenir à un terrain d’entente. Et donc avec l’espoir que certains des points contenus dans la « résolution Européennes » et qui définissent le « cadre » de l’unité pour le NPA soient des propositions pouvant évoluer et non des conditions prétextes placées là pour justifier à l’avance l’échec de la démarche. Il est vrai que la question de la sortie du « nucléaire », seule mesure aussi précise soumise dans ce cadre, interroge : si elle n’est pas du ressort de la politique de l’Union Européenne, on sait par contre qu’elle constitue un des points de divergence le plus évident entre les forces susceptibles d’intégrer le Front. Tout comme le préalable d’un accord durable dépassant le cadre des prochaines élections - une méthode qui n’a jamais été utilisée par la LCR - pour intégrer les échéances des régionales. Nous avons évidemment lu la volonté d’indépendance vis-à-vis du PS qui va avec. Si elle consiste à refuser de participer à un gouvernement ou tout autre exécutif dominé par ce parti et appliquant son programme social-libéral, nous pourrons alors mettre en débat les conditions pratiques qui permettraient d’avancer. S’il s’agit de définir à l’avance cette indépendance comme un principe, quelque soit le cas de figure et quelque soit le rapport de force, cela risque fort d’annihiler toute chance de rassembler un jour une majorité de gauche sur un programme clairement en rupture avec la logique capitaliste. Or, si nous sommes bien sûr convaincus que placés à la tête d’un gouvernement nous ne pourrions appliquer une telle politique de rupture sans mobilisation sociale le soutenant, nous ne connaissons pas d’autre voie que celle du suffrage universel pour y accéder démocratiquement.


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