"Ecole : demandez le programme !" de Philippe Meirieu

jeudi 7 septembre 2006.
 

Ce n’est pas parce que Philippe Meirieu a été le chef d’orchestre de la consultation sur les lycées décidée par Claude Allègre qu’il faut oublier qu’il a été et est un chercheur qui nous offre là, d’ailleurs, un livre de réflexion et d’analyse sur l’école.

Depuis plusieurs années, des auteurs de toutes origines lancent sur le marché des livres dénonçant à partir d’exemples vécus ou repris, une école en crise avec une baisse de niveau, une montée de l’illettrisme... L’apocalypse ou presque.

On pourrait quelque peu suivre ces chevaliers du renouveau, s’il s’agissait de dénoncer l’appauvrissement des programmes, malheureusement les censeurs dénoncent à travers de nombreux pamphlets "l’horreur pédagogique". "De quoi être, pour le moins, déstabilisé quand nos élites, qui viennent miraculeusement de découvrir que l’Ecole française était à deux vitesses, vitupèrent contre les militants qui, justement consacrent toutes leurs énergies à lutter contre la fracture scolaire." écrit Philippe Mérieu.

ESF éditeur et le Café Pédagogique -que je déguste régulièrement- ont lancé une consultation internet en octobre 2005 intitulée "les citoyens construisent l’école", à laquelle France inter s’est associé en avril 2006 ...

De précieuses contributions

A partir ce ces matériaux divers, Philippe Meirieu a écrit un ouvrage de réflexion et de propositions. Chacun des chapitres de ce livre se termine par des textes écrits par des contributeurs, Philippe Meirieu assumant la responsabilité de ses écrits tout en laissant la parole annexée et non diluée d’acteurs de l’Education. Le produit fini constitue une œuvre pleine pouvant alimenter notre réflexion commune, en évitant les faux-semblants tout en établissant un diagnostic lucide. La maîtrise de la langue est présentée comme le premier chantier prioritaire.

Si l’Ecole doit s’interroger sur ses responsabilités qui ne doivent pas être évacuées, " plus globalement, c’est le statut de l’écrit dans notre société qui doit être interrogé : sommes-nous prêts à le revaloriser sous toutes ses formes ? À écarter un peu le téléphone pour redécouvrir les vertus de la lettre ? À promouvoir systématiquement la lecture publique et les ateliers d’écriture ? À supprimer un peu partout, les sigles, les abréviations, les onomatopées, le style télégraphique ? Bref, sommes-nous prêts à faire de la maîtrise de la langue écrite une véritable grande cause nationale ?" De nombreuses propositions énoncées, présentées, expliquées tracent des perspectives de changement dans la définition d’enseignements fondamentaux, en passant par l’accompagnement des élèves, une construction de la "maison-école" et une réelle formation pédagogique des enseignants, qu’elle soit initiale ou continue....

Philippe Meirieu n’esquive aucun sujet, je partage beaucoup de ses points de vue et diverge sur certains comme celui relatif à l’appréciation portée à la loi d’orientation de Jospin de juillet 1989 car pour moi cette loi ouvre la porte avec les projets d’établissements obligatoires à des dérives conduisant à une mise en concurrence....

Par contre j’ai été particulièrement sensible à son approche de la petite enfance qui sort de l’opposition entre les crèches et les écoles pour faire vivre une continuité éducative : "Il faudra, tout d’abord, veiller à ce que chaque enfant puisse s’habituer progressivement à la scolarité en fréquentant, à partir de deux ans, des « classes passerelles » organisées avec les spécialistes de la petite enfance : dans ces classes, copilotées par les crèches et les écoles maternelles, l’enfant pourra, sans rupture brutale prématurée avec ses parents, se familiariser avec l’univers scolaire tout en bénéficiant de conditions d’accueil et d’accompagnement adaptées à son jeune âge..."

Voici donc là, pour la rentrée, des éléments d’analyse, une œuvre non superficielle et des pistes de réflexion ...Ce débat bien introduit doit se poursuivre dans la clarté sans faux clivages.


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