Avec le PG : Hervé BOYER, ex Vert, conseiller municipal d’opposition à Golbey (Vosges)

vendredi 6 mars 2009.
 

Voila maintenant une bonne vingtaine d’années que je devais commencer ma vie militante. Un des facteurs déclenchants important, mais pas le seul, a été la chute du mur de Berlin lors de ce fameux noël 1989. C’est donc à peu près à ce moment là que devait s’inaugurer cette vie militante, aussi bien associative que politique ; le militantisme syndical (CFDT, puis CGT, radicalisation oblige) devait naître peu de temps après. A cette époque là, mes deux engagements majeurs ont été, pour moi, les adhésions à Amnesty International et au parti politique « les Verts » qui, pour ce dernier, n’avait alors que quelques petites années d’existence. J’ai passé environ une bonne quinzaine d’années dans ce parti écologiste où j’ai exercé des responsabilités départementale, régionale (secrétaire départemental et régional pendant plusieurs années) et nationale (membre du CNIR, l’équivalent du parlement chez les Verts, pendant plusieurs années).

Effectuons une grande ellipse, pour en arriver à ma démission de chez les Verts. Les raisons en ont été de trois ordres, une dimension personnelle et relationnelle, la problématique du fonctionnement interne de ce parti, de sa visibilité et de sa lisibilité, mais surtout le projet politique et de société. Ma ligne de fracture principale a été le positionnement officiel des Verts pour le Traité Constitutionnel Européen et, donc, pour le oui au référendum sur ce même TCE. Il s’agissait bien de se prononcer sur un projet global de société européenne. Je considère que l’on ne peut jamais être d’accord avec un groupe à 100%, il y a toujours des points de divergence et cela me semble bien normal sinon cela confinerait à faire partie d’une secte où l’on ne remettrait plus rien en question, où l’on ne réfléchirait plus. Toute la question est d’évaluer, le plus honnêtement possible, l’importance et l’ampleur, pour soi, de ces désaccords, de les mettre dans une balance, de constater de quel coté penche cette dernière et d’en tirer les conséquences. C’est donc la démarche que j’ai effectuée pour moi-même et ma conclusion a été ma démission de ce parti politique qui, il faut bien le reconnaître, est maintenant passé du coté de cette social-démocratie molle de centre-gauche qui, pour moi, est tant critiquable.

Mais cette démission n’avait en rien éteint ma volonté militante, bien au contraire. Je m’interrogeais alors : vers où et vers qui aller ? Le Parti Socialiste ? Pas question, je n’avais pas quitté les Verts pour aller vers un autre parti de la gauche molle. Le Parti Communiste ? Bien que partageant des points communs idéologiques, la référence historique au communisme me gênait fortement. L’extrême-gauche et les trotskystes ? Là aussi, des points de convergence, mais ce n’était pas possible. En effet, je n’ai jamais été révolutionnaire et j’ai toujours tenu pour primordiales les valeurs républicaines et laïques ; et puis, là encore, la dimension historique de ces courants idéologiques me posait problème.

Alors, je me retrouvais un peu comme un orphelin politique en errance, cherchant un endroit où poser cet inextinguible désir militant et d’engagement.

Lors de la campagne référendaire pour le TCE, une personnalité politique devait retenir plus particulièrement mon attention, il s’agissait de Jean-Luc Mélenchon. Je considère que même s’il faut éviter toute personnalisation outrancière de la politique, je ne cherche ni un grand timonier, ni un gourou et encore moins un prophète, il faut quand même bien accepter que les idées, quelles qu’elles soient, ne peuvent être portées que par des Humains. Il faut accepter aussi, avec tous les contre-pouvoirs qui doivent y être associés, que tout groupe humain a besoin de leaders, charismatiques si possible. Cela faisait déjà un moment que le discours de radicalité de Jean Luc m’intéressait, mais tant qu’il restait au PS ... Mais au-delà de cette radicalité politique, ce qui m’intéressait aussi était, est toujours, son positionnement on ne peut plus clair pour une République socialiste et laïque. Encore une fois, il n’est pas question, pour moi, d’être « fan ». En effet, je considère que le signifiant « fan » renvoie à « fanatique » et, donc, au début d’une pensée totalitaire. Cependant je fais confiance en cet homme. Et d’ailleurs, les faits ne m’ont pas démenti puisqu’il a été cohérent en prenant un grand risque politique personnel en quittant le PS et la rente sénatoriale à vie qu’il pouvait avoir. Enfin quelqu’un qui ne plaçait pas son intérêt personnel avant ce que je considère comme étant l’intérêt général.

Quelques temps avant le dernier congrès de Reims du PS, j’avais rencontré des membres de PRS (Pour la République Sociale) dans les Vosges et mon discours avait été très clair : j’attendais un geste politique fort et cohérent de Jean-Luc. L’annonce de la création du Parti de Gauche a, pour moi, correspondu à mes attentes. Un parti se situant à « la gauche de la gauche » sans pour autant être ni communiste ni trotskyste. Un parti ouvertement républicain et laïc, où le concept de socialisme ne serait plus dévoyé. Un parti qui place la dimension écologique en exergue de ses préoccupations. Un parti qui considère la dimension sociale comme primordiale. Tout cela sans revenir sur la dimension européenne dont nous avons déjà parlé.

Alors, je suis politiquement heureux d’avoir été parmi les premiers à emboîter le pas du Parti de Gauche, heureux d’avoir participé, avec quelques milliers d’autres, au premier grand meeting et heureux d’avoir participé au congrès fondateur. Une première fois est toujours un moment exceptionnel et cela m’a empli de joie. J’ai maintenant fortement envie de manier l’équerre et le compas pour, tels les bâtisseurs de cathédrales, construire un nouveau chemin, ouvrir de nouvelles voies, toujours en quête de cette étoile flamboyante, pleine de lumières, si proche et si lointaine à la fois. Et puis surtout, je veux faire tout ce qu’il me sera possible pour que le Parti de Gauche soit véritablement un outil au service d’une fraternité retrouvée dans la liberté et l’égalité.

Nous devons, avec le Parti de Gauche, mettre en avant cette éthique de l’altérité et de la responsabilité, si chère à Emmanuel LEVINAS, que je fais mienne et qui voit dans le « face à face » ce « pour autrui » qui me rend responsable de l’autre.


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