Le 27 octobre dernier à Vienne, 2000 manifestants avec Jean Emile Sanchez pour le droit au revenu des agriculteurs

lundi 30 octobre 2006.
 

Pendant que se tenait l’audience de Jean-Emile Sanchez et des comparants volontaires, jugés pour une action syndicale contre la baisse du prix du lait aux producteurs, se déroulaient des ateliers où paysans et militants ont pu débattre des difficultés des filières de productions agricoles : fixation des prix, débouchés et réseaux de distribution, charges pesant sur le producteur, aléas de la production, qualité : autant de réalités du monde paysan qui sont souvent ignorées du consommateur et du citoyen...

Ensemble, sous un soleil bienvenu, nous avons écouté les témoignages des paysans, vignerons, maraichers et producteurs de fruits et légumes, éleveurs, qui veulent continuer à faire leur métier. Continuer à vivre dignement en faisant des produits dont ils sont fiers. Ce sont ceux et celles qui refusent une agriculture à deux vitesses : une production de masse, de qualité médiocre pour nourrir le plus grand nombre et de l’autre, des niches de production de qualité et de terroirs pour une population qui a les moyens d’acheter ces produits. Maîtrise des productions et revenus vont de pair.

A l’autre bout de la chaine, ce sont les consommateurs, citoyens, qui eux aussi luttent pour le droit au revenu, dans une société qui précarise de plus en plus et le plus grand nombre : si 40 % des paysans ont un revenu inférieur au SMIC, combien sont ceux et celles - sans logement - sans travail ou sans-papiers, jeunes, intérimaires, précaires, chômeurs et « travailleurs pauvres » dont les moyens d’existence les plus élémentaires ne sont plus assurés ?

Comment, dans ces conditions, peut-on avoir accès une alimentation saine, diversifiée et de qualité ?

Les banques alimentaires qui distribuent des aliments aux populations précarisées, ont à faire face à la demande d’une population nouvelle dont les travailleurs pauvres et les paysans. Comme l’a souligné Jean-Emile Sanchez, de retour du tribunal, ce sont ceux-là même qui produisent des aliments qui ont désormais recours aux banques alimentaires. Paradoxe d’une société qui marche sur la tête.

La répression, la criminalisation touche d’abord ceux qui résistent, ceux qui refusent de plier aux diktats économiques : aujourd’hui des paysans*, poursuivis pour une action syndicale, demain ou hier, des militants qui luttent aux côté des familles sans logement ; de ceux aussi qui soutiennent les sans-papiers, des faucheurs d’OGM dont on veut préléver l’ADN...

Vaches et tracteur en tête, le défilé a parcouru les rues de Vienne, au son des chansons, percussions et fanfares qui ont donné une note joyeuse à nos revendications : « Qui sème la misère, récolte la colère » « Un emploi, c’est un droit ; un revenu, c’est un dû ! » « A ceux qui veulent diriger le monde, le peuple répond RESISTANCE »

Sur la place de l’Hôtel de ville, se sont succédés les représentants des associations et mouvements de lutte : MCNP, Marches européennes, DAL, No-Vox, Droits devants, APEIS, Solidaires, des associations locales de jeunes de Vienne... Tous ont exliqué pourquoi ils étaient là aujourd’hui, aux côtés des paysans. Symboliquement, la place de l’hôtel de ville a été rebaptisée « Place du droit au revenu » (voir l’Appel de Vienne). L’exemple est donné : dans chacune de nos villes, inaugurons des places, des rues du "Droit au revenu".

Des rendez-vous ont déjà été pris : une journée unitaire le 2 décembre à Paris pour le droit au revenu et contre la précarisation de nos vies ; et en mai 2007, des marches dans toute l’Europe.

Mais les convergences ne peuvent plus se limiter aujoud’hui à se rassembler quand un des nôtres est mis en justice. Comme l’a rappelé Jean-Claude Amara, porte-parole de Droits Devants !! , c’est tous les jours et ensemble qu’il faut résister et inventer.


* Pour cette action, le procureur de Vienne a requis contre Jean-Emile Sanchez 4 mois avec sursis et une mise à l’épreuvre de 18 mois. Danone a retiré sa plainte la veille de l’audience (On peut recommencer à manger des yaourts ?). Le verdict est attendu pour le 22 décembre.


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