Il faut riposter au premier coup. Trop souvent nous acceptons l’inacceptable ! (interview d’Elie Domota)

jeudi 23 juillet 2015.
 

Les camarades m’ont demandé d’être le capitaine de l’équipe. Mais un capitaine n’est rien s’il n’a pas toute son équipe autour de lui. C’est pourquoi nous tenions à ce que tous les camarades du LKP s’expriment ce soir. Malheureusement, certains n’ont pu être présents.

Car c’est le fruitage du travail de chacun, c’est l’expérience du travail de chacun d’entre nous dans tous les domaines - qu’il s’agisse de syndicats, de mouvements culturels, d’organisations politiques, d’associations de consommateurs, d’associations de défense de l’environnement, d’associations de défense de l’environnement, d’associations de personnes handicapées...

C’est justement le rassemblement de toutes ces personnes qui a donné naissance au LKP. C’est ce message que les camarades m’ont demandé de porter. Et c’est pourquoi, nous sommes très fiers ; et je suis très fier d’être le porte-parole du LKP. C’est ce que j’essaie de faire de mon mieux. Je demande donc à ce qu’on donne de la voix et des mains pour les 48 camarades qui viennent de s’exprimer.

Ce soir aussi, nous dirons un mot à propos des 8 jeunes de Petit-Canal emprisonnés depuis près d’un mois et qui sont soupçonnés d’avoir mis le feu à Petit-canal. Et c’est seulement demain que sera jugée en appel leur demande de mise en liberté.

Nous nous rendons compte aujourd’hui que l’Etat français fait toujours fi du droit et que des jeunes mineurs, dont un mineur sont enfermés ; qu’il n’y a aucune preuve sur les faits qui leur sont reprochés. Et cela fait pratiquement un mois qu’ils sont enfermés.

Demain soir il y a un meeting de leur comité se soutien ; et nous vous invitons tous à venir porter de la force à ces jeunes ; car ce sont aussi des Guadeloupéens et que c’est précisément dans le cadre du combat que nous menons que l’Etat français entend faire de la pwofitasyon sur leur dos.

Camarades, nous pouvons être fiers aussi de ce que nous avons accompli ; mais surtout, nous ne devons pas tomber dans l’euphorie et comprendre que tout a été réglé.

Raymond GAMA l’a dit juste avant, nous avons signé un bout de papier. Ce papier a de la valeur. Car il contient beaucoup de signatures, beaucoup de points, pratiquement 170... Mais cela signifie aussi que si nous ne nous mobilisons pas tous les jours à sa suite, il n’avancera pas seul ; et qu’ils nous joueront un mauvais tour ou nous ferons des crocs en jambe. Nous avons tous constaté que depuis 44 jours ils nous ont joué plein de mauvais tours ; mais notre vigilance nous a heureusement jusqu’ici sauvé et permis de toujours retomber sur nos deux pieds.

Cela signifie que tout comme il y a des camarades qui se battent dans les entreprises pour appliquer l’accord BINO ; tout comme il y a des camarades qui se battent pour le respect et l’application des lois du travail, pour améliorer leur situation, nous devons rester vigilants dans les jours, dans les semaines, dans les mois et dans les années pour continuer à nous battre pour non seulement leur faire appliquer le contenu de l’accord de ce soir et de l’accord Jacques BINO ; mais pour également aller chercher d’autres accords et d’autres droits supplémentaires. Voilà ce que nous devons continuer à faire !

Trop souvent, nous faisons un coup de sang. Il arrive trop souvent, quand nous engageons une lutte, que nous arrêtions une fois qu’ils ont lâché quelques maigres choses. Et ensuite, nous restons couchés, nous nous endormons, et nous recommençons trois ans après ; après qu’ils nous aient couillonné à nouveau.

Ce qu’il nous appartient de faire dorénavant, c’est de faire preuve de plus de régularité dans nos engagements. De façon à ne jamais monter trop haut, ni descendre trop bas, mais à toujours rester vigilants ! Je suis tenté de prendre comme exemple, les opérations de destruction de la mangrove. Nous laissons faire, ne disons rien ; et quand il ne reste plus qu’un dernier pied de palétuvier, à ce moment là seulement nous commençons à protester contre l’abattage de ce dernier pied de palétuvier. Commençons donc par les attaquer au moment où ils décident de couper le premier pied ! De façon à ce que nous arrêtions de subir !

Car trop souvent nous acceptons l’inacceptable.

Nous laissons les choses s’accumuler, s’accumuler ; et malheureusement, au moment d’agir il est trop tard. Aujourd’hui, nous devons donc leur dire très clairement, avec le LKP, avec le peuple de Guadeloupe, que nous les laisserons plus avancer ! C’est pourquoi nous disons que de plus en plus il nous faut faire preuve de courage, de solidarité et surtout faire preuve d’audace. De plus en plus il nous faut oser ! Cela ne signifie pas qu’il faille jouer au téméraire, partir seul...

C’est pourquoi le LKP invite toutes et tous, dans les communes, dans les associations, à s’organiser. Nous pouvons créer des associations, il y en a qui existent déjà. Nous pouvons nous rassembler dans des associations, nous pouvons nous rassembler dans des mouvements culturels, nous pouvons créer d’autres structures pour réfléchir et mener des actions !

Trop souvent, ils nous l’ont appris et nous sommes rentrés dans ce système, nous jouons perso. Nous sommes seuls. Nous devons donc voir l’exemple donné aujourd’hui par les petites entreprises. Elles ont fini par se regrouper pour démontrer au MEDEF qu’il ne représentait en Guadeloupe que 400 entreprises. 400 entreprises ne représentant même pas 4000 salariés ; mais qui parle plus haut que tout le monde. Alors que les petites entreprises, une fois regroupées, représentent pratiquement 46000 salariés.

Voilà la vérité !

Cela signifie que sur tout ce qui fait dans ce pays, nous devons être capables de nous rassembler, de discuter et de débattre entre nous : en ville, à la campagne, dans les associations, dans les entreprises... Débattre et pas forcément tomber d’accord. Mais échanger pour prendre ensemble des décisions.

Pendant longtemps, c’est cela qui nous a fait défaut. Ils se pointaient, nous racontaient leurs balivernes ; mais nos divisions leur permettaient de nous couillonner.

Et le LKP leur a donné une leçon !

Nous avons vu toutes sortes de sociologues, anthropologues et psychologues [1] venir nous raconter que le collectif LKP ne tiendra pas la route, qu’il explosera au bout de quatre jours... Certains ont prédit son implosion, d’autres que cela ne marchera pas...

Eh bien 44 jours après camarades, il continue d’exister ! Et c’est une réussite ! Une réussite pour celles et ceux qui en sont membres ; mais aussi une réussite pour tous ceux du dehors.

Et aujourd’hui, il a vocation à exister. Il a vocation à exister car des problèmes ne sont pas réglés ; il y a beaucoup de problèmes qui sont encore à terre ; il y a des problèmes que nous prendrons du temps à régler, des mois et des mois pour certains, des années pour d’autres... Mais aujourd’hui le LKP est parti pour durer ; et il durera, car vous comptez sur le LKP et le LKP compte aussi sur vous !

Et parce que nous sommes tous le LKP ! Merci.

Elie DOMOTA,

Mercredi 4 mars 2009 Port autonome, Pointe à Pitre


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