Orelsan, une liberté qui opprime les femmes (texte mis en ligne en forum par Christian DELARUE)

jeudi 2 avril 2009.
 

Contre l’apologie de la brutalité machiste d’un rappeur

Peux-t-on défendre la liberté d’expression du rappeur Orelsan ?

Malgré l’horreur des propos tenus (voir note), certains défendent la liberté d’expression du rappeur car les « répressifs » (dont je serais) « feraient de la morale ». D’abord, la morale n’est pas si simple qu’il est dit à évacuer. Le problème est qu’il n’y a pas de morale partagée outre celle du consentement à combiner avec le refus de tout ce qui constitue une oppression manifeste du genre humain ou de sa moitié féminine en l’espèce.

Il faut déterminer avec justesse ce qu’est une oppression manifeste. Le mieux est de le faire collectivement après débat. Mais vu la teneur des propos, mieux vaut s’engager rapidement dans le conflit liberté-interdiction ou boycott. Les altermondialistes - dont je suis - défendent un projet de société qui déploie un maximum de liberté que pour autant cette liberté ne vienne pas appauvrir, blesser, diminuer les capacités de développement et d’émancipation de l’autre. On ne défend pas la liberté du loup dans le poulailler ! C’est ce qui nous distingue des libéraux et des dictateurs stalinien du XX ème siècle. La liberté doit s’accompagner d’égalité et de fraternité non raciste et non sexiste ainsi que de laïcité. Les féministes emploient le mot adelphique au lieu de fraternité et sororité. Ce n’est pas nouveau Ernst Bloch a écrit tout un ouvrage sur le sujet. En somme la liberté ainsi encadrée permet l’émancipation de tous et non l’avidité et la cupidité d’une minorité au dépend de l’immense majorité. A près Erich From en psychanalyste et philosophe c’est aujourd’hui Jean Ziegler en sociologue et politiste qui tire la sonnette d’alarme des libertés accaparées sans vergogne par une minorité, une oligarchie financière et marchande. Inutile de développer plus ces propos introductifs. Il importe d’affirmer une position.

Pas de confusion entre ordre moral et l’apologie du viol, de la violence physique et morale des femmes.

Autant la liberté des pratiques sexuelles y compris l’emploi de mots crus doit être défendue pour peu que ces pratiques soient consenties, vraiment consenties. Autant ces mêmes pratiques imposées sont condamnables. A fortiori lorsqu’elles sont à ce point sadiques.

Les textes du rappeur ne sont ni de l’art ni de l’érotisme mais une éructation apologétique de la brutalité machiste la plus radicale.

En fait Orelsan ne sait plus quoi écrire pour radicaliser la pulsion de mort et de destruction qui l’habite. Il n’est plus dans l’ambivalence des sentiments que connait tout être humain qui se débat avec ses limites mais qui choisit ordinairement de construire de l’amitié, du respect, de la reconnaissance et de faire le bien. En fait, il a choisi le camp qui le rapproche de la pathologie nazi. Qu’il ait fait cela pour se faire connaitre, pour se distinguer n’est pas une excuse. Ce la voudrait simplement dire qu’il n’a pas sombré dans la destructivité mais qu’il joue avec. C’est un mauvais jeu pour lui (mais cela le regarde) . C’est aussi et surtout un jeu diabolique pour la société. Car les rappeurs disposent d’un potentiel d’influence social important, notamment auprès de certains jeunes fragilisés par la société et en phase d’opposition et de contestation. Bref, Orelsan a choisi la pente radicalement mortifère.

Pas de quartier pour l’apologie de la torture ! Pas d’apologie de la barbarie !

Combattre le radicalisme machiste et sexiste des athées ou des religieux, religieux intégristes ou non est là la première chose à faire pour améliorer les rapports homme/femmes déjà historiquement alourdis des expériences ordinaires du sexisme.

La seule apologie qui vaille est celle qui favorise les liens de compréhension, d’amitié, de plaisirs partagés. A chaque femme estropiée, injuriée, humiliée, blessée, pénétrée violemment et en principe sans consentement constitue un nouveau recul pour une bonne intimité entre homme et femme.

Christian Delarue

Notes :

ORELSAN : Rester avec l’autre n’est pas une obligation.

http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...

Surtout pour les textes des "chansons" et les réactions : Oreslan ne doit pas chanter ! (faute sur le nom lire Orelsan)

http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message