Faire gagner l’unité ! (DÉCLARATION DE CONSTITUTION DE GAUCHE UNITAIRE)

jeudi 9 avril 2009.
 

La gauche se trouve aujourd’hui confrontée à des défis majeurs.

Chaque jour, la crise historique du capitalisme produit des milliers de nouveaux chômeurs, des fermetures d’entreprises et des délocalisations en série, des régressions sociales et des dégradations dramatiques des conditions d’existence du plus grand nombre. Ce qui n’empêche pas la petite minorité d’actionnaires dont l’âpreté au gain a placé la planète tout entière au bord d’une catastrophe, de continuer à s’enrichir cyniquement.

Chaque jour, la construction libérale de l’Europe révèle sa totale faillite. La « concurrence libre et non faussée », l’autorégulation des marchés ou l’indépendance des banques centrales n’ont pas conduit à la « mondialisation heureuse » annoncée par les champions d’un capitalisme sans entraves. Elles dévoilent toujours davantage leur finalité destructrice de conquêtes sociales et démocratiques fondamentales.

Chaque jour, la colère sociale gagne en ampleur, l’arrogance d’une droite et d’un patronat de combat devenant insupportable à une société subissant leur politique brutale et inégalitaire. À cet égard, les grèves générales de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion pourraient bien être les signes annonciateurs d’une explosion prochaine.

L’exaspération populaire, l’angoisse qui saisit la société, l’ampleur des exigences sociales qui ont fait descendre 2,5 millions de travailleurs dans la rue le 29 janvier et qui en mobilisera sans doute bien d’autres le 19 mars, demeurent toutefois orphelines d’une perspective politique.

Rarement, le besoin d’une réponse vraiment à gauche, pour contester la domination destructrice du capital, se sera à ce point fait sentir.

Englué dans son soutien au traité de Lisbonne, le Parti socialiste se montre incapable de porter une réelle alternative. C’est la raison pour laquelle il importe de renouer le fil brisé du rassemblement de la gauche du « non », qui avait conduit au succès de la campagne de 2005 contre le traité constitutionnel européen. Car, nous le savons bien, aucune des composantes de la gauche de gauche ne peut, isolément, disposer de la crédibilité suffisante.

Hélas, c’est en dépit de ce constat et, surtout, au mépris des enjeux de l’heure, que la direction du Nouveau Parti anticapitaliste vient de fermer la porte à la possibilité d’un rassemblement de la gauche de gauche à l’occasion des élections européennes du 7 juin prochain.

Nous ne pouvons accepter une décision si lourde de conséquences. Nous ne pouvons nous résigner à voir une fois encore détruite la possibilité d’une convergence où chacun puisse, sans gommer ses spécificités, défendre une politique alternative au néolibéralisme dont la faillite planétaire n’est plus à prouver.

Nous décidons donc de nous engager dans le processus de constitution du « Front de gauche pour changer d’Europe », seule tentative existante de faire surgir une réponse unitaire aux aspirations des classes populaires. Nous souhaitons son élargissement sans exclusives à toutes les composantes de la gauche de transformation sociale et écologiste

Au printemps, c’est notre conviction, une nouvelle perspective radicale peut voir le jour, porteuse d’une ambition majoritaire au sein de la gauche, commençant de ce fait à changer la donne politique, se faisant l’écho des recompositions qui s’amorcent sur notre continent. D’un même mouvement, des millions d’hommes et de femmes doivent pouvoir émettre un vrai vote de gauche. Un vote pour sanctionner la sainte-alliance du pouvoir sarkozyste et d’un patronat de combat. Prolonger politiquement les mouvements sociaux. Défendre les mesures d’urgence anticapitalistes qui s’imposent pour protéger le monde du travail des retombées de la crise. Dessiner les contours d’une autre Europe, au service des peuples et leur permettant d’exercer enfin leur souveraineté.

L’Europe que nous voulons placera la satisfaction des besoins sociaux au cœur des politiques publiques. Elle se réappropriera le système bancaire et le crédit, redistribuera radicalement les richesses au moyen d’une harmonisation sociale et fiscale, reviendra sur les privatisations et réhabilitera les services publics. Elle instaurera une planification écologique afin de sauver la planète. Elle sera celle des droits et de la diversité, de l’égalité entre hommes et femmes, du combat contre toutes les discriminations et la précarité. Elle reconnaîtra la liberté de circulation, régularisera les sans-papiers, accordera le droit de vote à tous ses résidents. Elle défendra une démarche de paix par la rupture avec l’Otan. Elle s’ouvrira au Sud et mettra en œuvre une vraie politique de codéveloppement.

Soucieux de prendre nos responsabilités en un moment crucial, par-delà nos histoires particulières, nous appelons celles et ceux qui partagent nos convictions à rejoindre notre démarche. Qu’ils soient issus du Nouveau Parti anticapitaliste ou qu’ils aient simplement espéré que celui-ci aiderait au renouvellement des pratiques dans le mouvement ouvrier, qu’ils aient milité dans d’autres formations politiques, qu’ils soient syndicalistes ou animateurs du mouvement associatif, qu’ils se considèrent comme des citoyens en quête d’une gauche réellement à gauche, nous les appelons à agir avec nous.

Nous constituons, ce 14 mars 2009, le mouvement Gauche unitaire , qui sera désormais l’une des composantes du « Front de gauche ».

Gauche unitaire est un cadre collectif qui entend apporter sa contribution à la construction d’une dynamique militante et populaire autour de ce front.

Au-delà des élections européennes, Gauche unitaire sera animée de la volonté que la gauche anticapitaliste devienne une véritable force politique, à même de disputer au Parti socialiste la prépondérance dont il bénéficie par défaut. Elle agira comme vecteur de débats, force de proposition, trait d’union d’un rassemblement durable à même de changer le rapport des forces à gauche.

Gauche unitaire portera dans ce cadre l’ambition de faire émerger, dans l’avenir, un parti large et pluraliste, rassemblant l’ensemble des forces, courants et militants souhaitant défendre ensemble la perspective d’un socialisme démocratique. Elle agira dans ce cadre, avec toutes celles et tous ceux qui le voudront, afin de créer les conditions d’un gouvernement qui prenne de réelles mesures de rupture avec les logiques capitalistes et libérales, se distinguant ainsi radicalement des alternances du passé.

L’enjeu est donc bien décisif : il est de faire exister une alternative pour les luttes et pour les élections, autrement dit de faire renaître un espoir.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message