Le vote Front de Gauche, c’est l’intérêt général de la Gauche (éditorial national du Parti de Gauche)

jeudi 23 avril 2009.
 

En se déclarant favorable à une alliance avec le Modem « pour les scrutins à venir », François Hollande a vendu la mèche. Il a en effet théorisé publiquement la stratégie qui est pratiquée depuis maintenant deux ans par le Parti socialiste. La « main tendue au Modem » a été initiée avec le succès que l’on sait par Ségolène Royal lors de la dernière présidentielle. Elle le fut largement lors des municipales où peu de départements ont échappé à leurs cas d’alliances « locales » PS Modem dont Hollande nous dit maintenant qu’elles constituaient en réalité une ligne nationale. Elle est surtout celle à laquelle réfléchissent de nombreux barons socialistes dans la perspective du renouvellement régional de 2010, premier de ces « scrutins à venir ».

Cette déclaration n’a d’ailleurs suscité quasiment aucune résistance à l’intérieur du PS. Le principal responsable de son aile gauche, Benoît Hamon, s’est contenté de dire qu’il était trop tôt pour en parler. « Franchement, la question des alliances dans la perspective de 2012 [alors que Hollande les envisage dès 2010], aujourd’hui les Français s’en foutent. Et ils ont raison. Plutôt que d’être dans des constructions compliquées, la priorité, c’est d’abord de rassembler la gauche et les électeurs qui veulent combattre la droite » (entretien à La Voix du Nord). Aucun contre-feu qui veuille ou qui puisse résister à la pente escarpée qui conduit le PS vers l’alliance au centre n’est donc à attendre à l’intérieur de ce parti.

D’ailleurs, les critiques faites à Hollande sur le moment qu’il aurait mal choisi méconnaissent le point d’appui qu’il trouve dans la ligne adoptée par le Parti socialiste à l’occasion de ces élections européennes. Le contenu de la campagne européenne des socialistes, loin de conduire à un renforcement du clivage gauche-droite, apporte à l’inverse de l’eau au moulin de l’alliance au centre et donc au moulin du centre lui-même. On peut voter contre Sarkozy tout en soutenant le traité de Lisbonne qu’il a écrit, n’est-ce pas ce que prétend aussi Bayrou ? Et n’est-il pas logique de la part de Hollande de promouvoir en France la stratégie d’alliance démocrate pratiquée dans toute l’Europe par la sociale-démocratie européenne au moment où le PS français assume comme jamais son alignement sur le PSE ?

Hollande a raison de penser que la forme que prendra la reconfiguration de la gauche est inscrite dans le déroulement de l’élection européenne et dans son résultat. Le fait que les européennes soient une élection à un seul tour ne permet certes pas de nouer immédiatement l’alliance entre le PS et le Modem. Mais le rapport des forces qui sera issu des urnes peut en donner le signal. A deux conditions. D’abord que le PS devance nettement le Modem, car sinon Bayrou continuera, comme il l’a fait immédiatement dans sa réponse à Hollande, de refuser une alliance dans laquelle il serait en position seconde. Ensuite que le Front de Gauche, seule force de l’autre gauche prête le cas échéant à participer à une majorité électorale à gauche, réalise un résultat bien inférieur à celui du Modem. Car au moment de déterminer ses choix d’alliance, le gros de la limaille socialiste ira du côté de l’aimant électoral le plus fort.

C’est donc à l’extérieur du PS qu’existe une ultime possibilité de bloquer le retournement d’alliance préparée par les dirigeants socialistes. Un succès du Front de Gauche ruinerait en effet le raisonnement électoral des partisans de l’alliance au centre. Tout simplement parce que les forces du Front de Gauche, et notamment le Parti de Gauche, sont favorables à l’union des gauches et refusent toute alliance au centre. Le Front de Gauche oblige le PS à trancher entre la mutation démocrate et le rassemblement de la gauche. Son succès électoral le contraindrait à trancher dans le bon sens.

Si cette question concernait simplement le Parti socialiste, nous ne lui accorderions pas plus d’importance qu’à tous les débats qui relèvent de sa vie interne. Mais il s’agit bien au-delà de la possibilité ou non de construire une majorité de gauche dans ce pays. Ce n’est pas seulement l’intérêt particulier du PS qui est en cause, mais l’intérêt général de la gauche. Car nous sommes maintenant instruits par l’expérience. Partout où la ligne démocrate a été mise en œuvre elle a conduit soit à l’éradication de la gauche, soit à la participation à des gouvernements appliquant des politiques qui n’ont pas grand-chose à envier à celles conduites par Sarkozy dans notre pays. Les électeurs de gauche, notamment socialistes, ont un moyen d’éviter ce désastre : voter Front de Gauche le 7 juin prochain


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