Presse régionale du Sud ouest : Un Midi pas si libre que cela !

lundi 27 avril 2009.
 

La liste Front de Gauche mène campagne avec détermination dans le Sud ouest. Chaque semaine, Jean-Luc Mélenchon et la n°2 de sa liste Cathy Daguerre interviennent dans 2 ou 3 réunions publiques au minimum. Affiches, tracts, rencontres avec différents acteurs sociaux, conférence de presses, tous les jours de la semaine la liste fait parler d’elle. La presse locale fait assez régulièrement l’écho de cette activité. Certes de façon pas toujours objective et honnête j’en parlerai dans quelques lignes. Mais, le Front de Gauche est en campagne et cela se voit.

Par exemple, j’ai participé activement à la préparation d’une réunion publique de Jean-Luc Mélenchon qui avait lieu le 23 avril à Sérignan, un village proche de Béziers. Ce n’était pas simple d’organiser une réunion politique dans un village, mais le Maire de Béziers (UMP) avait refusé de répondre aux différentes demandes de mise à disposition d’une salle. Comme il fallait s’y attendre, on s’est donc débrouillé sans lui. Durant les 15 jours qui précédaient cette soirée, plus de 20 000 tracts ont été diffusés et 500 affiches collées sur les murs.

Résultat, plus de 400 personnes dans la salle (L’Hérault du jour – ex Marseillaise- annonce même 500 participants), un vrai succès. Prendrons notamment la parole, avant Jean-Luc, Jean-Claude Gayssot ancien candidat de toute la gauche aux municipales de Béziers en 2001, François Liberti député de Sète, Sylvie Doumeng la réprésentante des CUAL du département a apporté son soutien à la liste, des militants connus donc qui ont enrichit par leurs présences cette belle soirée politique.

Le quotidien Midi Libre, incontournable dans la région, avait envoyé une journaliste et un photographe. Et le lendemain, dans ce quotidien, pas un mot ! Rien. Pas une ligne. Choquant non ?

D’autant que le vendredi 24 avril, José Bové pour la liste Europe-écologie venait lui aussi à Béziers faire une réunion publique. Sa réunion rassemblera 43 personnes (j’y était, je les ai comptés). J’ai d’ailleurs était frappé par la grande superficialité avec laquelle il parle de la réalité de la construction actuelle de l’UE. Pas un mot sur le Traité de Lisbonne, sur les directives qui privatisent la Poste, l’électricité, etc… Assez sectaire et méprisant avec un bon tiers de la salle qui lui reprochait d’avoir abandonné le combat contre le libéralisme, il répètera plusieurs fois en guise de réponse aux critiques qui lui étaient apportées qu’il « ne croyait pas au Grand soir mais aux petits matins ensoleillés.. » Mignon, mais un peu court pour répondre. Plus fort, aux reproches qui lui seront fait de ne pas avoir répondu au rassemblement de ceux qui défendaient le non en 2005, il répondra qu’il n’y croyait pas, qu’il avait déjà donné en 2007 lors des présidentielles et que désormais chacune défendait son « petit drapeau ». Mélenchon était coupable, selon lui, d’être « resté bien au chaud au PS durant la précédente présidentielle ». Qu’aurait-il dü faire ? Se présenter lui aussi à l’élection présidentielle ? Mystère, les présents n’auront pas de réponse, mais ils ont compris : le Bové partisan du non à l’Europe libérale c’est terminé, place au Bové "pragmatique et réaliste" (ce sont ses propos) qui veut faire "avancer les choses" ! On connait le raisonnement. Je l’ai entendu pendant des années au PS.

Voilà donc le niveau de l’argumentation, légère et facile, un brin méprisante, et glissant totalement sur la contradiction de faire liste commune avec Daniel Cohn-Bendit, homme de centre droit, favorable au Oui au TCE, à l’alliance avec le Modem de François Bayrou, se disant récemment « fasciné par l’énergie de Sarkozy ». Seuls les naïfs n’auront pas compris d’ailleurs le rôle joué actuellement par M. Cohn-Bendit pour contrer le Modem et mettre en valeur l’actuel Président de la République. Ceci est une autre histoire, mais ceci explique aussi cela, c’est à dire la mise en valeur de la part de la presse aux ordres de l’Elysée des listes écologistes, au détriment de tous ceux qui pourraient offrir à une alternative à Sarkozy en 2012, c’est à dire Bayrou (ou de Villepin) pour la droite, et le Front de Gauche, bien sûr pour la gauche.

Pour revenir à M. Bové, les présents à sa réunion biterroise n’ont donc pas eu de réponse de sa part aux questions précises qui lui étaient posées, si ce n’est par un vibrant (et un brin déplacé) « je suis allé deux fois en prison pour mes idées, je n’ai pas de leçon à recevoir ».

Je raconte tout cela, car cette réunion eu droit à la une du Midi Libre le lendemain et un tiers de page avec photo. 40 personnes pour Bové, et la une du journal, 400 personnes pour Mélenchon et pas un mot ! Merci Midi Libre ! C’est beau la presse indépendante.

Résumons la situation : pas de campagne de la droite (ni même du PS jusque là), des médias qui accordent de l’importance aux uns et ignorent les autres, une lecture "folklorique" des enjeux des élections (exemple : le fouin médiatique autour du fou rire de Rachida Dati) : voilà la campagne européenne 2009 telle qu’elle se déroule actuellement. Comment les électeurs peuvent ils s’y reconnaître ? Quasi impossible.

Dans cette réalité déformée, quelle est la valeur des sondages actuels ? Aucune, chacun l’aura compris. Mais par leur existence ils pèsent sur les consciences de ceux qui les lisent, même avec réserves et suspicions, et participent à la déformation de la réalité.

Six semaines, voilà donc ce qui nous sépare du scrutin. C’est maintenant que la campagne va se cristalliser. Mais, le décor planté par les griots du système, tout artificiel qu’il soit, devient une réalité matérielle pour des millions de gens. Le message martellé par ceux qui font l’opinion est le suivant : l’UMP va gagner ses élections, aucune alternative n’est possible, n’allez pas voter car ce n’est pas la peine !


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