Petit carnet de route 1 : Figeac, Toulouse, Montauban

mardi 28 avril 2009.
 

Triste anniversaire, le 21 avril.

Moi, je n’oublie pas. Bon, tachons de faire mieux. Au fond que faisons nous d’autres en ce moment ? Mardi soir donc, au sortir de ma conférence de presse à Decazeville, dans l’Aveyron, on a couru vers Figeac, dans le Lot. J’y étais attendu à la mairie. Madame le maire, la socialiste Nicole Paulo, me reçoit entourée de plusieurs de ses proches du conseil municipal et de la section du parti socialiste. Une bonne partie de son équipe était donc là. J’ai été très ému par leur accueil. Eux aussi, je l’ai bien vu. C’est étrange. Ma connivence humaine avec les socialistes du rang est intacte. L’inverse a l’air vrai aussi. Et puis je me suis finalement senti chez moi dans cette ville. Le contexte, sans doute. Tout le monde doit ressentir ça. Le centre ville est à couper le souffle. L’architecture médiévale a été superbement réhabilitée. Et la mairie de gauche, sous l’impulsion de Martin Malvy, le grand homme de gauche du cru, a choisi de réhabiliter des immeubles pluri-centenaires pour les transformer en logements sociaux. De la beauté et de l’histoire pour les gens du commun ! On rêve ! Le meeting se tenait dans l’espace François Mitterrand. Douce ignorance du passant que je suis : j’ai fait mon travail oratoire sans savoir qu’avec plus de 500 personnes c’était le plus gros meeting jamais tenu dans cette ville ! Guilhem Séryies, le directeur de la campagne dit que nous sommes passés d’un courant d’intérêt à un courant de sympathie.

Le lendemain : Toulouse

Chance ! Il y avait une pause en arrivant. Sur mon calepin, on nomme ça : « respiration ». Ça devait me faire du bien. Dommage qu’il y ait eu cette musique techno plein pot dans ce bar où je révisais mes notes avant le débat contradictoire à l’institut de sciences politiques ! Je passe ma vie à lire et relire ces notes. Chaque jour j’en reçois une ou deux. Sujet global, sujet local. Le but consiste à savoir vraiment. Ne pas en rester juste à fixer un chiffre ou une idée. Ça doit infuser. Il faut s’approprier les sujets. Sauf que je suis assez tête en l’air et de nature rêveur. Cette façon de devoir penser en ordre pré-conçu ne m’est pas naturelle. J’aime penser « à saut et gambade » comme disait Montaigne. Je lis et relis mes feuilles, mais ma tête est souvent déjà ailleurs, mauvaise bête ! En fait, avant ce bar, j’étais à Montauban. J’y retourne en rêvassant parce que ça me revient tout seul.

Le 22 avril OUVRIER ET PAYSAN

J’avais fait route à travers le désert des Causses. Par ci, par là une construction en pierre sèche. J’ai savouré, de loin, certes, mais j’ai bien savouré. Ceux qui révèrent les pierres sèches comprennent ce que je veux dire. Contrairement à mon habitude, je ne peux pas profiter du trajet pour régler quelques affaires par téléphone…Il n’y a pas d’antenne relais. Mais je n’ai pas l’intention de le dénoncer.. Et au diable mes fichues notes ! Je n’ai eu donc d’autre choix que de regarder le paysage. J’y gagne en sérénité, pendant quelques maigres quart d’heures. Ça ne durera pas.

Dans Montauban le GPS nous perd et j’enrage. Pourtant après avoir passé trois fois la rivière, on finit par rejoindre une poignée de camarades au restaurant où ils attendent depuis une très grosse demie heure… Le déjeuner est prévu avec des syndicalistes paysans qui hésitent entre divers bulletins de vote de gauche… ! C’est plus courant qu’on le croit. Eux ce sont des amis de longue date de José Bové. Ses copains depuis des années. Mais cette fois ci, le fait de le voir tête de liste chez Cohn Bendit ne passe pas. Ces hommes là se sont construits dans des fidélités d’idées inébranlables. Donc, là, ils ne sont pas d’accord, et ils ne le cachent pas. Je leur déclare que je n’ai rien à dire contre Bové à part ce qu’ils disent eux mêmes : que José n’a rien à faire là dedans. Que sa candidature est un écran de fumée pour Cohn Bendit. Je rappelle que j’ai proposé à José Bové de prendre ma place comme tête de liste du Front de gauche dans cette circonscription. On rit de bon cœur. On me sonde et on me teste en me répétant des paroles peu aimables de Bové en meeting à mon sujet. Bon. Ca ne me fait pas plaisir, autant le dire. J’ajoute pourtant que j’ai encore l’intention d’être unitaire pour dix parce que la gauche est menacée de mourir du sectarisme. Personne ne rit plus.

Donc on change de sujet. On laisse de côté les personnes et on parle du fond, de la question de l’agriculture de notre temps, de celle qui s’annonce pour 2013. Le productivisme est le sujet, évidemment. Je résume : les agriculteurs comme eux sont attachés à une agriculture paysanne de qualité et ne veulent pas céder au productivisme qui assure la rentabilité au détriment de la qualité et de l’environnement. Ma participation à ce débat cherche le point où la revendication de l’agriculture paysanne rencontre la démarche ouvrière et salariée et rend possible leur accomplissement. La clef c’est le pouvoir d’achat des travailleurs. Si les acheteurs consommateurs – ouvriers et employés - étaient bien payés, ils pourraient s’offrir des produits de qualité à un juste prix. La revendication de l’agriculture paysanne et qualitative, rejoint complètement la question sociale du partage de la richesse entre capital et travail. Bien sur c’est très loin d’être le seul point d’articulation entre ces deux mondes de la production. Ni le seul angle sous lequel l’intérêt général commande un changement du modèle agricole actuel. N’empêche qu’on n’est pas loyal dans une discussion de cette nature si on ne reconnaît pas que les travailleurs ont bénéficié de la baisse du coût de l’alimentation. Et que c’est en abaissant ces couts que le capital a pu tenir une ligne de « maitrise des salaires » qui a pu sembler indolore quand la part des dépenses de nourriture baissait dans le budget total de la famille. Ça ne sert à rien de faire semblant de ne pas savoir que la bonne qualité coute plus cher à la production et que on ne peut la vouloir sans vouloir l’augmentation des salaires.

A la fin du repas, des journalistes locaux nous rejoignent pour une conférence de presse. On argumente donc au milieu des reliefs du repas, des assiettes sales et des verres vides…Hum ! La scène n’est pas fameuse pour la photographie ! Mais le photographe n’est pas un pervers du genre de celui qui a publié un portrait de moi dans « l’Express », en contre plongée, transpirant dans un meeting, la bouche déformée par la grimace d’un mot prononcé à pleine bouche. J’aurai donc l’air ordinaire qui me convient. Et me sied.

22 avril CONTRADICTOIRE

Dire que tout à l’heure je traversais les Causses !! Le désert. Des pierres partout, je l’ai dit. Une bergère entre aperçue avec ses blancs moutons. Pour de vrai ! Et maintenant je suis projeté dans un tout autre monde. Dans quelques minutes je serai dans un amphithéâtre devant des étudiants de Sciences Po Toulouse. Puis il y aura le meeting au Parc des expositions. L’ambiance autour de moi est électrique : les camarades s’inquiètent. Combien de présents ? Un meeting un soir de demi-finale de la Coupe de France, pas de pot quand même ! Certains en viendraient presque à regretter que l’équipe toulousaine se soit qualifiée ! Et moi, je dois rester concentré alors que je les vois s’agiter. Et je sais aussi ce qui les travaille et leur pèse sur l’estomac comme une enclume. C’est le sondage paru dans « le Parisien ». C’est un journal qui avait la côte parmi nous. Mais on lui en voulait déjà d’avoir boycotté notre grand meeting de lancement à Paris avec nos six mille trois cent participants résumés en deux lignes. Ce sondage avec une UMP triomphante, un PS au galop et un Front de Gauche infinitésimal pue le bidonnage à plein nez. Il est vrai que CSA, l’institut de sondage de Bolloré, est très mal perçu à gauche, surtout de puis que Stéphane Rozès l’a quitté. N’empêche ! Ça coince dans les gosiers. Un autre sondage, IFOP, pour le journal « L’humanité », certes la droite en tête mais bien meilleur pour nous avec un Front de gauche en progression, chassera celui-ci en début de cette semaine. Mais à cette heure là on ne le savait pas. Ces moments là, dans la vie des militants sont spécialement pénibles. Il faut que la tête reste froide, que l’organisation du travail qui repose quasi entièrement sur des bénévoles ne se rompe pas. Que l’appui de ceux qui s’interressent à nous ne se détourne pas d’une cause qui serait jugée perdue avant d’avoir commencée. Bref, on gamberge en serrant les dents.

SCIENTIFIQUEMENT PERPLEXE

Un sondage, c’est scientifique, non ? Que l’institut de sondage de Bolloré place l’UMP en tête suivi d’un PS tonique, c’est donc scientifique. On le constate tous les jours : il y a un grand engouement pour ces deux partis. Et nous ? Dans ce sondage, le Front de gauche perd 3 points entre deux enquête faites à moins d’une semaine d’intervalle. Stupéfiant mais scientifique. Mais comme il y a une marge d’erreur de 2 à 3 points, le Front de gauche pourrait être à 1% voire 0%… D’un autre côté il pourrait être à 5 ou à 6% aussi. C’est scientifique…la marge d’erreur. Bon. Reprenons. Considérant qu’il y a une marge d’erreurs possible pour chaque résultat, considérant que cette marge peut être de plus ou moins 2 à 3 points, considérant que, l’UMP et le PS ont moins de deux points d’écart, que tous les autres partis ont moins de 2 points d’écart entre eux, l’ordre des résultats du sondage et toute sa présentation politique pourrait « scientifiquement » être exactement inversé : le PS devant l’UMP. Le Front National devant les écolos etc… Le nombre d’hypothèses de classement est assez élevé. Partisan de l’interactivité, je vous propose de calculer scientifiquement le nombre de possibilités de classement à partir de ce classement et d’une marge de 3 points.

22 avril SUBJECTIVEMENT CONFIANT

Mais alors, quelle est la réalité ? Prenons-la depuis Figeac. Plus de 500 personnes assistaient au meeting du Front de gauche. Figeac n’a jamais vu autant de personnes pour une réunion politique. Même en 1988, le second tour de l’élection présidentielle. Tout à l’heure, il y a aura 1300 personnes (selon la presse) dans le hall 8 du parc des expositions à Toulouse pour notre meeting. La réalité c’est la lutte. Et son incertitude. Il faut une lecture politique de cet épisode. Ce n’est pas le premier sondage – et certainement pas le dernier – qui situe largement devant les deux partis UMP et PS. Dans tous les sondages parus jusqu’à présent sur les intentions de vote aux élections du 7 juin, le Modem et la liste Europe Écologie suivent. Quatre partis qui ont défendu le OUI au référendum de 2005 et qui proposent pour l’avenir de l’Europe, le traité de Lisbonne. A eux quatre, les partis du OUI au traité de Lisbonne obtiendraient 74% des voix. Mais, il y a un mais. En 2005, le NON l’emportait à 55%. Toute la démonstration implicite est là : l’épisode est clos. Le non est devenu « oui ». Ce que dit ce message, je le résume : « inutile de voter le 7 juin, les jeux sont faits : l’UMP et le PS sont en tête, dorénavant c’est comme auparavant ». Surtout, ils disent que rien ne doit entamer la banalisation de l’adoption du traité de Lisbonne. Même si à l’heure actuelle, ce traité ne peut être adopté du fait du NON irlandais, les résultats du 7 juin ne doivent pas gêner le passage en force qui suivra. Par un coup de baguette magique, le NON irlandais se transformera lui aussi en OUI.

23 avril vespéral

Le soleil cogne moins dehors. Je resterai bien au fond de mon bar techno mais je suis trop imbibé de l’angoisse de mes amis. Bref, c’est raté pour une pause détente. Je décide donc de me rendre à l’IEP à pieds. J’adore marcher. Je croise des gens qui me saluent comme si j’étais un membre leur famille qu’ils rencontrent par hasard ! Je ne sais pas si c’est l’effet « vu à la télé » ou si c’est moi qui provoque le contact facile. En tout cas, ils ont l’air contents de me voir. Et pour moi c’est quand même un réconfort très bon à prendre. Au diable ce sondage pourri. La vie sous le soleil est moins morose que vue du fond d’un bar sous martèlement techno. A peine débarqué à l’IEP, j’apprends que Dominique Baudis est retenu par une réunion avec les « jeunes populaires ». Un malin ce Baudis. On a du lui dire que les médias annoncée pour nous contraindre ne sont pas là, que les présentations de fiches bio sont pourries d’erreur et que la tribune est si petite que mon voisin du Modem ne peut pas rester assis autrement qu’en faisant un grand écart de genoux. Mais c’est vrai que j’ai interverti nos cartons avant qu’il arrive ce modem ! De toute façon Baudis aurait fait double emploi. Non. Triple ou quadruple emploi. En fait fait je vois que de tous les intervenants présents, je suis le seul à m’opposer au traité de Lisbonne. Entre eux, les autres, des nuances. pas davantage. Dans la salle, les jeunes présents suintent la bonne conscience et le conformisme petit-bourgeois. D’ailleurs la séance commence par l’annonce des résultats d’un vote blanc réalisé par les petits chéris. 102 votants sur 2300 inscrits. "Plus de 90 % d’abstention" commente sans rire la jeune présidente de séance ! On détaille. je note : 41% votent PS et 9% pour le Front de Gauche. On nous demande une réaction à ces chiffres. Le gars de droite dit que ça confirme que l’IEP est à gauche et que « c’est bien ainsi ». Fair play mais étrange, non ? Mon tour venu, je leur avoue que je suis très déçu…le matin même sur 10 personnes rencontrées dans la rue, 8 votaient pour moi. Passer de 80% à 9% en une journée, ça fait mal ! Heureusement la blague est comprise. Quand au gars de droite je sais pourquoi il ne se fait pas de bile. Ce public là est juste assez jeunes pour être encore électeurs PS en majorité. Giono disait qu’il faut être anarchiste à vingt ans si l’on veut avoir encore assez d’altruisme à trente ans pour être sapeur pompier volontaire. A cet âge là, ceux là n’iront pas plus loin qu’un don au restau du cœur (déductible de leur impôts, bien sur). Bon mes partenaires du débat, Bové, Arif et le Modem Rochefort déclament quand même leur belle lettre au Père Noël européen ! Naturellement aucune de leurs demandes n’est compatible avec le traité de Lisbonne qu’ils approuvent pourtant tous. Mais aucune autorité universitaire et juriste de la salle ne le fera remarquer ! Heureusement le prétendu débat devant « le public curieux et informé » qu’on m’avait promis ne tarde pas à virer au meeting : les applaudissements et les rires ponctuent les interventions. J’aime mieux ça. C’est plus honnête. Je dois les quitter à 19h30 pour le meeting. Rendez vous le lendemain à Montpellier pour un débat à quatre, de nouveau, mais à la télé et avec Dominique Baudis lui même en chair et en os ! Pour l’instant, on est en retard. Mes camarades me pressent et je n’aime pas ça. On dévale l’escalier de sortie davantage qu’on le descend. C’est le moment que choisi pour me coller aux basques un étudiant totalement importun que j’avais du rembarrer lors d’un précédent débat dans ces lieux. Il m’interpelle avec une tête congestionnée d’offensé. Il me demande des excuses…Son heure de gloire. Hum, gardons notre sang chaud bien au froid. Quand même ! Je lui lance tout a trac que je ne m’excuse pas et qu’il a bien mérité ce que je lui ai dit ! Il me revient en effet que ce nigaud me tuait de questions directement tirées de l’argumentaire du MJS pendant qu’on chantait l’internationale dans la salle. Je lui avais jetté : « Dis ! On t’as pas appris le respect de cette chanson ». « Alors maintenant, ferme là ». Pauvre biquet, il a été choqué ! Surement qu’il a du vomir son quatre heures ! Mes copains, qui ont son age, se mêlent de la conversation et je crains que son effarouchement ne soit accrus après l’échange qu’il ont improvisé avec lui. Ça me détend. Ambiance.

33 000 à côté

Là, il faut vraiment qu’on se presse… Manque de chance, on se trouve rapidement coincés dans les bouchons ! Ah oui ! Toulouse a choisi cette année pour arriver en demi-finale de la Coupe de France. Le hall N°8 du Parc des expositions, où a lieu le meeting, est juste en face du Stade où se déroule la rencontre Toulouse/ Guingamp. Mes amis me supplient de ne pas dire que je n’y connais rien et que je n’en ai pas honte. Il paraît qu’en campagne électorale ça fasse mauvais genre. Mais moi je sais que si je suis incollable en article du traité de Lisbonne je ne connais aucune des règles du jeu en foot ! Ça se voit vite et j’ai pas l’intention de faire semblant. On meurt d’angoisse en constatant que les barrages filtrants empêchent les véhicules de s’approcher du parc ! Serions nous maudits ? N’empêche, match ou pas il y a 1300 personnes (selon la presse) dans la salle ! Et 15 orateurs inscrits avant moi… Les interventions politiques sont ponctuées par les sifflets, chants et clameurs des 33000 supporters en liesse ou affliction de l’autre côté de l’autoroute urbaine. Ces virgules sonores ne facilitent pas la tâche de ceux qui parlent. Je suis impressionné par le syndicaliste cheminot qui empoigne la salle et son discours avec une énergie sensible qui lui permet d’exposer un désastre, celui de la libéralisation du chemin de fer, sans démoraliser ceux qui l’écoutent. Subtile énergie de la lutte bien transmise. Magid Cherfi nous scotche. Un poème discours politique. Il n’y a que lui pour savoir faire ça comme ça, si naturellement. Les mots coulent et percutent en douceur. Mon tour vient tard, vers 22h45. Les Toulousains de gauche sont patients et participatifs. Ils acceptent de m’écouter après tant d’autres et de ponctuer mes propos avec leurs applaudissements quand ça leur convient. 45 minutes après, on descend de l’estrade. Je n’ai plus de jambes. J’ai la tête qui tourne. Encore quelques personnes qui viennent dire des mots aimables et une personne légèrement collante qui m’obsède sans trêve avec une pétition contre la corrida. On m’invite pour me réconforter à goûter la production bio d’agriculteurs du coin : sandwichs aux pousses de soja, vin… Mon équipe de campagne a déjà la tête dans le meeting du lendemain. Moi, je n’ai plus envie que de calme. Et de silence.

Ce que je vois c’est que la disponibilité à gauche est là. Encore deux jours à battre les estrades, les rues et les places. Puis je rentrerai au domicile où j’écris ces lignes plusieurs jours plus tard, tachant avec un petit récit éclaté au jour le jour de dire mon message à propos d’une campagne fondatrice.


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