Pourquoi l’immigration ? Pourquoi la répression ?

lundi 4 mai 2009.
 

Le nombre des migrants est passé dans le monde de 82 millions en 1970 à aujourd’hui environ 200 millions , soit 3% de la population mondiale ( rapport 2006 FNUAP).

Ces quarante années correspondent à la mise en place et au développement des politiques néolibérales de privatisation des services et entreprises publiques, libéralisation du marché, ouverture des frontières pour les capitaux et les marchandises, prônées par la Banque Mondiale, l’OMC et entre autres le G8 , aux restrictions budgétaires imposées aux pays des Suds au titre de la dette par le FMI, qui ont augmenté les inégalités entre les pays

Des immigrés pour des emplois non délocalisables

Aprés les délocalisations, les externalisations et restructurations, il ne reste pratiquement plus dans les pays riches que le capital contraint, c’est à dire non délocalisable comme les services à la personne, la construction, la surveillance, l’hôtellerie, l’agriculture. C’est dans ces secteurs d’activité que nous retrouvons majoritairement les immigrés aujourd’hui, à des salaires très bas, compte tenu de leurs diplômes, de leurs compétences (1 immigré sur 4 est diplômé de l’enseignement supérieur en France) et de leurs préférences .. Nous les retrouvons aussi dans la fonction publique là où « l’Etat-employeur » en a besoin pour colmater les manques de main d’œuvre dans les secteurs où il ne forme plus assez de gens (la Santé publique) ou les détourne de leur vocation (la Recherche)

Ces politiques ont eu pour effet d’aligner progressivement les salaires des travailleurs des secteurs les moins qualifiés vers le bas (récemment, devant le Congrès américain, Alan Greenspan a déclaré que la concurrence des salariés de la Chine et de l’Inde avait permis d’imposer une progression des salaires nominaux inférieure et au mieux égale à l’inflation aux Etats-Unis). Les mêmes mécanismes conduisent bien sûr à un alignement progressif de la protection sociale sur le niveau des pays où ils sont le plus bas.

L’immigration choisie

Ainsi est apparue la notion d’ « immigration choisie » ou « quota » qui permet d’adapter les flux entrants aux besoins en personnel qualifié des entreprises nationales, faisant fi de la liberté de choix et des droits des migrantes et des migrants. Comme le dit François Lille : « C’est un choix typiquement asymétrique, les riches choisissant parmi les pauvres ceux qui les enrichiront encore plus. »

… et la répression

Les riches ouvrent leurs frontières à la libre circulation des marchandises et des capitaux , plus ils les ferment aux personnes. Avec le Pacte Européen sur l’immigration et le droit d’asile, l’Europe a franchi un pas de plus dans la construction d’une Europe forteresse, violant sciemment les droits fondamentaux des migrant-e-s., fabriquant de nouveaux esclaves pour les réseaux mafieux de trafic et de traite, et remplissant ainsi le « réservoir de main d’œuvre » des travailleurs les plus vulnérables, les moins exigeants et donc les plus exploitables car criminalisés et non protégés. Alors que tous nos gouvernants savent pertinemment que l’Europe a besoin de 20 millions de personnes en plus d’ici 2030 pour maintenir son niveau économique et social.

Plus apparaissent les lois répressives pour les migrants et moins sont inquiétés les employeurs , souvent sous-traitants de grandes entreprises (bâtiment, hôtellerie, chantier naval….), qui emploient les clandestins (rapport UNDOC Mars 2007).

En conclusion

En fait le système néolibéral n’a aucun intérêt à ouvrir les frontières aux personnes et à régulariser les sans-papiers. Les « non-choisis » devant rester clandestins pour alimenter les entreprises en main d’œuvre totalement docile et pratiquement gratuite .

Et plus il y a de clandestins , plus les conditions de travail peuvent être baissées, plus le coût de la masse salariale est bas, plus les rentes des actionnaires sont grandes.

Le système néolibéral a ainsi tout intérêt à criminaliser et isoler de leurs soutiens les sans-papiers , afin de nier leurs droits et de légitimer leurs politiques migratoires répressives et restrictives.

Mais les travailleurs nationaux ont, eux, tout intérêt à pousser à la régularisation des sans-papiers, pour stopper la baisse des conditions de travail.


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