OGM : Un débat génétiquement modifié 1/3 (article national du Parti de Gauche)

samedi 9 mai 2009.
 

Alors que Jean Louis Borloo et Chantal Jouano ont installé dans ses fonctions Madame Catherine Brechignac, la Présidente du Haut Conseil des Biotechnologies, le PG réagit face à la question cruciale que représente ce « risque émergent ». Agriculture, pesticides, brevetage du vivant, les enjeux ne manquent pas et les preuves se font de plus en plus accablantes.

Nombreux sont les pays qui, sous la pression des lobbies de semenciers (Monsanto, Bayer, Syngenta etc.), ont introduit les OGM dans leurs cultures. Aujourd’hui, l’actualité met pour nous en perspective le risque considérable que représente cette technologie pour la santé humaine, l’équilibre de la biodiversité, la sécurité alimentaire et l’éthique.

On pourrait décemment poser le débat des OGM en souhaitant qu’un usage raisonné et scientifiquement contrôlé nous permette de résoudre la faim dans le monde, assurer la sécurité alimentaire et soulager l’homme de ce lourd fardeau.

Cette année d’ailleurs, 82 000 hectares de maïs génétiquement modifié acheté à Monsanto n’ont absolument rien produit. D’aspect extérieur, les plantes paraissent en bonne santé : aucune trace de maladie ou de malformation. Mais les grains ne sortent pas. Ce phénomène concerne trois variétés de maïs, dans trois provinces sud-africaines différentes. Alors, erreur de laboratoire ? Sur trois variétés différentes ?! Ou mise en cause de la technologie elle même ? Ce qui est certain, c’est que le maïs est le produit le plus consommé au Afrique du Sud (par ailleurs sans législation ni étiquetage) et que cette ’erreur’ menace sérieusement l’équilibre alimentaire de la région car les paysans ont perdu jusqu’à 80% de leurs récoltes.

Quel est alors le risque pour les écosystèmes et la biodiversité ? L’un des principes des OGM est de pouvoir résister aux pesticides vendus par les mêmes firmes qui produisent les graines génétiquement modifiées. Les firmes appellent cela elles-mêmes la stratégie des produits « promoteurs de pesticides ». Plus besoin donc d’utiliser des produits sélectifs, de raisonner l’usage puisque les plantes sont faites pour leur résister. Sauf que...c’est oublier un peu vite le processus d’évolution des plantes qui deviennent de plus en plus résistantes et cela de plus en plus rapidement. Ainsi, on estime que les OGM ont nécessité un usage accru du RoundUp (l’un des produits phares de la firme Monsanto) de 15 fois aux Etats Unis et de près de 80% au Brésil. Certains parlent même d’épidémies de mauvaises herbes résistantes aux produits chimiques.

En Géorgie, cinq mille hectares de culture de soja transgénique ont été abandonnés par les agriculteurs, et 50.000 autres sont gravement menacés par une mauvaise herbe impossible à éliminer, tandis que le phénomène s’étend à d’autres états. La cause : un gène de résistance aux herbicides ayant fait le grand bond entre la graine qu’il est censé protéger et l’amarante, une plante à la fois indésirable et envahissante... Imaginez que cette charmante plante produit en moyenne 12 000 graines par an et que chacun de ces rejetons peut rester en état de vie suspendue pendant 25 à 30 ans, le temps que les conditions lui soient favorables. Non vraiment, les OGM n’ont aucun impact sur la biodiversité.

Oui mais une autre caractéristique des OGM est d’augmenter la productivité de l’agriculture, non ? Malheureusement, la dernière étude en date sur les rendements agricoles mondiaux est sans appel. Il faut par exemple se tourner vers les améliorations techniques pour comprendre l’augmentation du rendement aux Etats Unis. L’efficacité des OGM est considérée comme neutre - 2 ou 3% dans le meilleur des cas - ou négative. Le rendement de la variété de soja dite RoundUp Ready est par exemple inférieure de 5 à 10% aux variétés conventionnelles.

Les risques pour la santé humaine ne sont pas prouvés ? Début janvier un rapport d’étude d’un laboratoire universitaire de Caen publiait des résultats proprement hallucinants sur la toxicité du RoundUp. Dilué 100 000 fois, le désherbant pouvait toujours être considéré comme un des produits les plus cancérigènes connus à ce jour. Les analyses prouvent également que le principe actif programme la mort des cellules en quelques heures seulement, par dommage sur la membrane, sur l’ADN et l’asphyxie cellulaire.

Nous estimons que le développement d’organismes génétiquement modifiés dans l’agriculture commerciale et dans ses produits dérivés représente un risque pour la santé humaine, pour l’équilibre de la biodiversité et pour la liberté de chaque individu à choisir la qualité de son alimentation.

Le Parti de Gauche revendique une agriculture aux modes de productions protecteurs de l’environnement qui teindrait compte de la taille des exploitations et de la qualité des produits. La planification écologique que propose le Parti de Gauche se basera notamment sur un moratoire européen sur les OGM et sur l’incitation à la création d’exploitations plus petites, locales et moins intensives.

Affaiblissement des récoltes et des économies locales, usage de pesticides, sauts de gènes sont autant d’arguments qui devraient nous pousser à faire usage du principe de précaution. Et pourtant, malgré les effets d’annonces, ni l’Europe ni le gouvernement de Sarkozy ne semblent entendre d’autres arguments que ceux des multinationales de l’agroalimentaire qui organisent leur marché en rendant possible la commercialisation de leurs produits par la signature des accords de l’OMC, du traité de Lisbonne et du marché transatlantique.


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