Années 1968 : L’apport des maoïstes dans les luttes de classes en France (par l’AGEN)

samedi 27 décembre 2008.
 

Sur mai 68 et les maoïstes

Intervention de l’AGEN au meeting du 28 novembre 2008

L’apport des maoïstes dans les luttes de classes en France

1) Les mythes réactionnaires sur mai 68 et sur les maoïstes de France.

2) La pratique des maoïstes. Les trois mots d’ordre stratégiques : « Servir le peuple », « Mener l’enquête », « On a raison de se révolter ».

3) Contre le crétinisme parlementaire, l’électoralisme et le légalisme : rupture avec la gauche respectueuse.

4) Rependre le flambeau, lutter face à la contre-révolution préventive, soutenir les nouvelles révoltes !

Introduction : celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre

Nous nous méfions comme la peste des commémorations, surtout en ce qui concerne des épisodes révolutionnaires comme mai 68 et ses suites.

Si nous organisons un meeting à la cité-U de Nanterre avec des militants membres de la Gauche Prolétarienne et du MTA (Mouvement des Travailleurs Arabes) dans les années 1970, ouvriers OS à Renault, avec des camarades maoïstes de Turquie, d’Italie et de France, c’est pour partager une mémoire des luttes et tirer des leçons pour la lutte des classes aujourd’hui.

Pourquoi la mémoire de 68 est-elle défigurée ? En quoi cette déformation sert-elle les dominants c’est-à-dire la bourgeoisie impérialiste ?

D’abord, la parole de ceux qui ont lutté, notamment la parole des ouvriers, est purement et simplement absente de la fête commémorative. Vous avez sûrement entendu partout dans les médias la voix des renégats (Cohn-Bendit, Geismar, Glucksman...) ex-leaders étudiants qui se sont repentis de leurs péchés de jeunesse, mais nous n’avons pas entendu la voix des OS de Renault, de Peugeot, de Sud aviation et d’ailleurs. Pas de droit à la parole pour ceux qui ont lancé la plus grande grève générale de l’histoire de France. Le premier enterrement, la première trahison, c’est celle de la mémoire des luttes. La bourgeoisie se présente sous les atours de la liberté mais dans ces appareils idéologiques (écoles, médias) il n’y a pas de place pour la mémoire des opprimés, pour les luttes du peuple. « Tant que les lions n’auront pas leurs historiens les histoires de chasse continueront à glorifier les chasseurs »

Deuxième problème majeur. La version dominante de la mémoire sur mai 68 consiste à vider les « évènements » de leur contenu politique. Liquider, brouiller, vider de son contenu peut se faire de multiples façons : soit par la version biographique (personnalisation) soit par une version sociologique qui ne retient que l’aspect générationnel (une révolte de la jeunesse). Pour les dominants il importe de faire de mai 68 le simple passage d’une société autoritaire à une société bourgeoise libérale (l’apogée de cet usage de 68 furent les déplorables « années Mitterand »). Selon une autre optique car cette fois, il faut détruire l’idée même de révolte le discours versaillais de Nicolas Sarkozy, le 28 avril 2007 à Bercy, avait le ton de la revanche sociale : « Mai 68 nous avait imposé un relativisme intellectuel et moral... Le culte de l’argent roi et du profit à court terme a été porté par les valeurs de mai 68... Je propose aux Français de rompre réellement avec l’esprit, avec les comportements, avec les idées de Mai 68. Je propose aux Français de rompre réellement ave le cynisme de Mai 68. Je propose aux Français de renouer en politique avec la morale, avec l’autorité, avec le travail, avec la nation. ». Travail, famille, patrie : la trilogie vichyste au grand complet. En prime on accuse la grève générale et la remise en cause du système capitaliste d’être responsable des ravages du capitalisme !!!

Troisième falsification : encore aujourd’hui, le cortège funèbre de l’extrême gauche institutionnelle enterre ces luttes de mille manières : par exemple les discours contre le sabotage tenu par le NAP lors de l’arrestation du « groupe de Tarnac ». Le sabotage qui ne serait pas une méthode prolétarienne selon nos « révolutionnaires » légalistes, ou encore les discours sur « la place électorale à prendre à gauche », sur le fait de faire très attention à tout ce qu’on dit sur la Palestine (sous peine d’être taxé d’antisémitisme). Toutes ces préventions vont totalement à l’encontre du combat pour le projet révolutionnaire. Il faut être propre, médiatique et ne pas poser la question du pouvoir. Le paradoxe apparent c’est que cet esprit liquidateur, à notre avis cet esprit est celui qui préside à la création du NPA, émerge aujourd’hui. Mais dans un sens ce n’est pas un hasard Après des décennies de matraquage assommant sur le fait que le système capitaliste et sa démocratie de marché étaient un horizon indépassable, tout est remis en cause brutalement par un épisode de la crise générale du système capitaliste. Tout est remis en cause aussi par des révoltes de plus en plus nombreuses. Les dominants ont intérêt à promouvoir des fausses pistes et à canaliser les révoltes vers des impasses. Le trotskisme, plus ou moins relooké, est une de ces impasses. En fait, le seul courant neuf, novateur et qui a fait peur à la bourgeoisie c’est le courant maoïste, que ce soit aux USA, en Turquie, en Inde, en France. Ce n’est pas un hasard si l’on crache sur son expérience, c’est avant tout pour conjurer un péril.

Notre but en tant que groupe marxiste agissant à l’université c’est de commencer à faire connaître ce mouvement maoïste et de voir ce qui dans son histoire peut nous servir pour aller de l’avant aujourd’hui. Tirer les leçons de cette expérience, Reconstituer ce qui a fait le contenu et les formes de luttes de ces années doit nous aider à fonder des luttes radicales pour aujourd’hui. A défaut on revivra le scénario de la liquidation du mai français.

1) Les mythes réactionnaires sur mai 68 et les maoïstes

Le premier mythe dépolitisant, tout le monde le connaît, il consiste à dire que mai 68 n’est qu’une éruption libertaire spontanée et se résume à un mouvement culturel de changement des moeurs. Pourtant, l’essentiel de mai 68 c’est d’être un mouvement politique de masse entièrement tourné contre le système capitaliste. Escamoter cette donnée c’est chercher à détruire les idées d’émancipation. Ce que l’idéologie dominante doit réussir à faire entrer dans les têtes c’est que le capitalisme, son Etat policier, ses guerres sont des lois naturelles indépassables

Cette version culturelle commence dès que l’on évoque les origines de mai 68, résumé à un chahut étudiant né du problème de la mixité des bâtiments la cité-U de Nanterre. Bref, que si il y avait révolte c’est qu’il s’agissait d’une question culturelle, « sociétale » C’est une énorme falsification, les mobilisations même purement étudiantes en février mars et avril 68 (alors qu’il faudrait évoquer les grèves dures de 67 au Mans, à Caen, à Lyon, à Saint-Nazaire, à Redon, à Besançon avec des barricades et des syndicats dépassés par la base), les luttes étudiantes elles-mêmes donc, viennent de luttes antifascistes et internationalistes avec un contenu politique explicite. En soutien au peuple combattant du Vietnam, le Groupe d’autodéfense crée par l’UJC(ml), toute jeune organisation maoïste, attaque l’ambassade du Sud-Vietnam et les expositions organisées par les fascistes d’Occident et d’Ordre Nouveau. Des militants sont emprisonnés et la Sorbonne est envahie en mai avec comme première revendication leur libération. Ces SO antifa prendront fin après le 21 juin 1973 avec l’attaque de la Mutualité. L’origine immédiate de mai n’est pas une poussée de libido juvénile.

Dans les années 1960 et 1970. Les révolutions anti-coloniales se lient politiquement aux luttes ouvrières : « le Vietnam dans nos usines ». Une jeunesse étudiante s’est politisée depuis la Révolution nationale algérienne. Elle veut se lier aux plus opprimés dans l’optique d’un combat anticapitaliste. Ces deux aspects se rejoignent de la façon la plus puissante dans la voie révolutionnaire défendue par l’expérience chinoise. En effet les révolutionnaire chinois appellent à soutenir les luttes de libération dans la « zone des tempêtes » et à lutter pour le socialisme jusqu’au bout. C’est la lutte contre le révisionnisme moderne et pour le Révolution Culturelle. Il faut expliquer que le courant mao naît d’une critique des théories et de la pratique des partis communistes révisionnistes qui tournent le dos à la révolution et à l’internationalisme. Les maoïstes qui dénoncent la gauche respectueuse (principalement le PCF qui pendant la guerre d’Algérie appelle à la paix mais veut sauvegarder la présence française) vont défendre les luttes de libérations nationales. L’Algérie est considérée comme une affaire intérieure depuis 1848. N’oublions pas que la première manifestation de masse des années 60 c’est le 17 octobre 1961. 40000 hommes, femmes et enfants traqués par la police. Papon, ex-collabo qui supervise le massacre en tant que préfet, sera ministre du budget sous Giscard mais aussi PDG de Sud-Aviation, 1ère usine à se mettre en grève en 68. Renault suivra. Papon était d’ailleurs depuis 1945 responsable de l’Algérie au ministère de l’Intérieur.. Les méthodes anti-subversives mises en place en Algérie vont devenir celles de la police en France. En octobre 1961, le PCF n’appelle pas à une manifestation de soutien seul le FUA (Front. Universitaire. Antifasciste) et le Comité Anticolonialiste descendront dans la rue contre le massacre. C’est la première intervention des étudiants pour une cause autre que la leur.

On est très loin du sympathique débordement libertaire récupérable et marchandisable qui deviendra le stéréotype de mai 68.

Deuxième mythe : mai 68 a été globalement non-violent

Le matraquage à été une éducation directe sur la nature de l’Etat. Une police qui blesse, estropie et tue à Sochaux (Henri Blanchet, Pierre Belot), à Flins (Gilles Tautin). Il y a aussi l’apprentissage de la résistance aux flics. 1er tract maoïste distribué à Nanterre dans le bidonville et les quartiers populaires « Les étudiants n’ont pas peur des flics. Quand les flics de la bourgeoisie se heurtent aux mouvements progressistes, ils ne font pas la loi. Les ouvriers de Caen et de Redon leur ont infligé une sévère leçon. Les étudiants qui soutiennent les luttes des peuples se mettront à l’école des ouvriers et des paysans » Durant mai 68 et après, il y a les interdictions d’organisations, la prison, des blessés par balles par lance-grenades. Parallèle révélateur50 membres de l’OAS condamnés pour assassinat sont amnistiés et le SAC se crée. En 1970, 60 militants de la GP sont en prison. Dans les années qui suivent les crimes racistes (Djellali à la Goutte d’Or, Diab à Versailles et bien d’autres) vont se multiplier. Et bien sûr il ya l’assassinat de Pierre Overney à Renault-Billancourt.

En fait, la répression mise en place par la bourgeoisie hier comme aujourd’hui ne consiste d’abord pas à chercher un bouc-émissaire ou encore à installer le fascisme mais face aux confrontations d’ampleur à venir, elle représente une contre-révolution préventive. Depuis 2005 et la révolte des quartiers popumaires, les moyens sont démultipliés en ce sens. L’une des différences entre 68 et aujourd’hui porte sur la question du rapport à la violence. Celle-ci n’était pas problématique en 68. On avait alors l’image de Che Guevara, des guérillas, des luttes de l’Algérie ou du Vietnam, d’une violence directement libératrice. Le « pouvoir est au bout du fusil » disait Mao. Cette idée revient tout de même dans les dernières luttes.

Troisième mythe : les maoïstes étaient de dangereux « illuminés », « aveuglés », « manipulés »

C’est le langage de l’ordre et de tous les renégats. Discours dominant sur les maoïstes : des intellectuels aveuglés qui défendent un totalitarisme populiste et à la base des ouvriers jusqu’auboutistes, ultradangereux, tentés par la lutte armée, qu’on a réussi à arrêter avant un bain de sang comme en Allemagne ou en Italie. Pour certains le maoïsme en France c’est même un coup de la CIA pour déstabiliser un pays allié mais non aligné.

En tout cas, selon ce discours, c’est au mieux une « aventure folle » (voir le livre de Bourseiller, La folle aventure des maoïstes français, Points seuil) qui surtout ne doit pas avoir de suites. Prenons les choses sérieusement. Il s’agit d’un combat politique et non d’une mystique qui déraille. Toutes les questions soulevées par les maoïstes sont des contradictions concrètes, de classe, qui rongent un pays impérialiste comme la France. Depuis 68, tous les militants révolutionnaires considèrent que la révolution est à l’ordre du jour mais le chemin pour sortir de l’hégémonie des forces conservatrices (gaullisme et PCF à l’époque) n’est pas défini. Ce ne sont pas les étudiants qui sont les plus dangereux, « on ne renverse pas un régime avec 100000 étudiants désarmés » (Sartre) mais le danger vient du fait que leur lutte se soit accrochée à un mouvement de masse offensif. En dépassant les veilles organisations de gauche, les ouvriers posaient la question d’une perspective en dehors de ces forces. La tactique d’occupation est reprise de 1936 mais avec un contenu classe contre classe. La violence est assumée et revendiquée. Voilà pourquoi, pour la bourgeoisie sous tous ses déguisements, il faut discréditer à tout prix ce mouvement de mai 68.

2) La pratique des maoïstes. « Servir le peuple », « Mener l’enquête ». « On a raison de se révolter »

La pratique des maoïstes en France c’est l’inverse de « jouir sans entraves », mot d’ordre égoïste et consumériste, mais c’est plutôt « lutter sans entraves »

Servir le peuple, c’est le principe qui consiste à savoir dans chaque acte de la vie quotidienne, de la pratique sociale, se poser cette question est primordial. Est-ce que tu vis, tu te bats pour tes propres intérêts ou pour les intérêts d’une petite poignée ? Ou bien encore tu te bats pour l’intérêt des opprimés. Servir le peuple ou ses ennemis. Il y a des contraintes du combat révolutionnaire. Elles tournent autour de ces questions. Donc, il ne faut pas juste suivre ses impulsions. Une révolte qui ne se lie pas aux plus opprimés ne peut mener qu’aux impasses. Servir le peuple, c’est avant tout, se mettre à l’école des masses, étudier auprès d’elles et se considérer, d’abord, comme son élève avant d’être son prof .En effet, sous l’impulsion des maos, mai 68 a vu fleurir une multitude d’initiatives qui se revendiquaient des thèses des révolutionnaires chinois ; et notamment assimiler et faire vivre l’application de la ligne des masses dans toute les luttes. En voici quelques exemples.

Exemples des initiatives des maoïstes. L’établissement pour briser la hiérarchie entre travail intellectuel et manuel, connaître la réalité de l’exploitation en s’installant en usine, créer un groupe ouvrier puis combattre pour la révolution ; on a parlé de démarche chrétienne ou sacrificielle mais c’est d’abord une école de lucidité.

La création des comités de lutte d’ateliers pour lutter contre la bureaucratie syndicale et construire une force autonome. Actions directes des ouvriers à Billancourt, à Nantes, à Marseille, Usinor et chantiers ACDB à Dunkerque, Sochaux, mines du Nord, Lorraine : séquestration, sabotages, correction des chefs et question du pouvoir ouvrier posé concrètement. Les GOAF, s’occupent des petits chefs qui martyrisent les ouvriers. La création du MTA (Mouvement des travailleurs arabes), luttes pour les papiers, pour les permis de travail, grève contre le racisme le 3 sept1973. Les organisations traditionnelles de la classe ouvrière ne représentent souvent que le prolétariat « blanc ». Il faut s’organiser pour défendre ses propres intérêts.

Les premiers comités de soutien à la lutte du peuple palestinien sont lancés par des maoïstes. La dénonciation des conditions de vie dans les bidonvilles et les cités dortoir est aussi à l’ordre du jour.

Des campagnes sur les assassinats d’ouvriers par les marchands de sommeil, comme à Aubervilliers, sont organisées.

Les Comités Vietnam de base (soutien pratique et soutien à la ligne politique du Vietnam. Le mot d’ordre n’est pas « paix au Vietnam » mais « peuple vietnamien vaincra », différence nette avec les trotskistes qui introduisent leur marchandise sur le fait qu’il n’y a pas deux étapes à la lutte dans les pays dominés. Implantation dans les quartiers plutôt que des grands shows (6h pour le Vietnam) sans travail prolongé.

Les réquisitions de nourriture, comme le « pillage » de Fauchon 8 mai 1970 avec redistribution au bidonville de Saint-Denis, sont des actions très populaires. Les procès populaires, les sabotages, les attaques de commissariat, les campagnes contre les crimes racistes, contre les vacances réservées aux riches, contre le métro trop cher. La création de crèches sauvages, l’occupation des logements vides. Des pratiques qui partent des besoins des masses populaires. Des pratiques créatives qui signifient toutes une attaque frontale contre l’Etat bourgeois : « oser lutter, oser vaincre ! ». Des pratiques qui partent des expériences révolutionnaires et non pas qu’ils les nient comme aujourd’hui.

Unir la pratique et la théorie, lutter contre le réformisme, contre la ligne noire au sein du mouvement communiste, c’est assumer d’être des communistes authentiques. Assumer à nouveau d’être communiste. Il ne s’agit pas de faire des « actions exemplaires » détachée des masses mais de lutter au besoin en dehors du légalisme qui pourrit la vie des dominés.

3) Contre le crétinisme parlementaire, l’électoralisme et le légalisme

Cette critique du légalisme part des deux éléments. La démocratie bourgeoise est une imposture dans laquelle le peuple n’a le pouvoir en rien. Ensuite, il faut promouvoir l’expérience pratique des comités de lutte pour dépasser les optiques syndicalistes et périparlementaires propres aux trotskistes et au PSU.

La démocratie est un processus historique, son avènement est connu, avec la Révolution française, mais elle a un caractère de classe. La bourgeoisie a marqué de son empreinte toutes les institutions. Des libertés ont été arrachées par les émeutes populaires mais contredites par la représentation politique. Pourtant les préjugés sur la démocratie sont les plus ancrés. Dénoncer la mascarade de la démocratie bourgeoise est une priorité.

Cependant, sans parti révolutionnaire, on ne peut espérer aller plus loin que des révoltes sans perspectives.

Il existe deux conditions pour créer le parti selon la Gauche Prolétarienne : être le noyau dirigeant effectif du mouvement de masse dans les grandes usines stratégiques et disposer d’une ossature de cadres liés aux masses

Le style de travail c’est la centralisation des idées justes qui viennent des masses et pas une ligne qui vient d’en haut (exemple de cette ligne de masse : Lénine et les paysans en 1917, Lénine reprend les revendications paysannes même si elles sont distinctes du programme bolchévik et cette alliance est une des clefs de la victoire). La Gauche Prolétarienne veut unir toutes les couches hostiles au système capitaliste, mais pas d’illusions : la force principale ce sont les plus exploités, c’est-à-dire les ouvriers.

Pour les maoïstes la Révolution culturelle a résolu la question du pouvoir révolutionnaire de masse. Nous ne pouvons pas développer cette question ici mais elle est fondamentale.

Le peuple n’est pas barbare, passif, en attente de « lumière » : les idées justes existent dans les luttes. Les militants doivent les généraliser et se mettre au service de ces idées.

Quant au respect de la légalité, il va sans dire qu’il est, aujourd’hui comme hier, celui du renoncement absolu à définir une voie révolutionnaire. Mais, les révolutionnaires conséquents ne vénèrent pas l’illégalisme à l’inverse certaines sectes anarchistes qui en font un mode de vie. Seul ce qui est utile aux luttes des opprimés mérite que l’on dépasse le strict cadre légal.

4) Rependre le flambeau, lutter face à la contre-révolution préventive. Soutenir les nouvelles révoltes

Bien sûr il existe des aspects négatifs dans l’expérience des maoïstes en France qui sont criants. Le spontanéisme de la Gauche Prolétarienne, les thèses sur la lutte antiautoritaire comme lutte principale sont fausses. Sa compréhension limitée de la ligne de masse a nourri sa liquidation car il s’agit de la négation du rôle d’un parti pour faire la révolution.

Mais aujourd’hui, le principal c’est que le maoïsme a été l’expression la plus radicale et la plus conséquente de l’affrontement avec le capitalisme. Comme les épisodes de la Commune, du Front populaire, de la Résistance, l’épisode des années 68 est incontournable pour ceux qui cherchent une voie d’émancipation.

Face à l’émergence de nouvelles révoltes (centres de rétention, luttes dans les usines, quartiers populaires, jeunesse scolarisée,) un dispositif de législation répressive et de consensus sécuritaire tente de tout étouffer, y compris préventivement.

Pourtant la bourgeoisie ne peut éviter les révoltes.

La crise n’est pas un orage brusque. Les marxistes l’avaient annoncée. La crise n’est pas uniquement financière mais générale, pas uniquement américaine mais mondiale. La paupérisation relative et absolue ne peut plus être camouflée. Le capitalisme ce n’est pas l’abondance mais la dévastation sociale, les violences et les guerres.

La transformation des rapports de forces à l’échelle mondiale, c’est-à-dire la défaite des expériences socialistes, a crée le monde le plus inégalitaire que l’on ait jamais vu. Le théorème d’Helmut Schmitt « les profits d’aujourd’hui sont les investissements et les emplois de demain », un concentré de la pensée bourgeoise, a été contredit dans l’éclatement de la phase aigüe d’une crise qui couve depuis 30 ans.

L’homme fait l’histoire on ne peut rester passif face à la misère, aux guerres, à un système de mort. Nous partageons sur ce point l’avis du philosophe slovène Slavoj Zizek : la véritable utopie est de croire que le système global actuel peut se reproduire indéfiniment ; la seule façon d’être vraiment réaliste est d’envisager ce qui, au regard des critères de ce système, ne peut apparaître autrement qu’impossible. Il n’y a rien de pire que le sentiment d’impuissance.

Mais pour ceux qui veulent une alternative il faut se réarmer de l’analyse de la société qui a fait la force du mouvement ouvrier. Cette analyse c’est celle du marxisme militant nourri de 160 ans d’expériences.

L’homme le plus riche du monde pose bien à sa manière les termes du problème, Warren Buffet dans le New York Times du 26 novembre 2006 déclare « Il y a une guerre des classes, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui la mène, et nous sommes en train de la gagner ».

La seule façon de combattre ce cynisme tranquille c’est de renouer avec l’état d’esprit révolutionnaire. Cet état d’esprit il est expliqué en quelques mots célèbres par Mao :

« Tout homme doit mourir un jour, mais toutes les morts n’ont pas la même signification. Un écrivain de la Chine antique, Sema Tsien, disait : « Certes, les hommes sont mortels ; mais certaines morts ont plus de poids que le mont Taichan, d’autres en ont moins qu’une plume. Mourir pour les intérêts du peuple a plus de poids que le mont Taichan, mais se dépenser au service des fascistes et mourir pour les exploiteurs et les oppresseurs a moins de poids qu’une plume. »

(Mao Zedong, Servir le peuple).

Par AGEN


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message