Une nouvelle voie à gauche, le Front de Gauche : enjeu vital ! (par les candidats Gauche Unitaire)

jeudi 4 juin 2009.
 

Par Armand Creus (Sud-est), Denis Daumas (Sud-ouest), Michelle Ernis (Nord-ouest), Céline Malaisé (Est), Annick Monot (Ouest), Christian Picquet (Ile de France), membres de la Gauche unitaire, candidats sur les listes du Front de gauche.

C’est désormais l’évidence, le Front de gauche s’est imposé comme l’événement de la campagne des élections européennes à gauche. En dépit du choix injustifiable de division du NPA, qui a conduit à la formation de la Gauche unitaire, notre démarche inédite de rassemblement, sur des contenus en rupture avec les politiques libérales, a commencé à répondre au besoin largement ressenti d’une alternative politique face à la droite et au libéralisme européen. Nos responsabilités sont donc immenses.

C’est la raison pour laquelle chaque heure compte pour faire reculer l’abstention populaire et convaincre que le vote Front de gauche sera, le 7 juin, le seul vote utile de ce scrutin. La crise historique du capitalisme confronte la gauche et le mouvement social à des défis colossaux. La violence de la course au profit et de la concurrence sans limites se déploie avec une brutalité sans précédent. Pour les classes dirigeantes, la « sortie de crise » passe par une dégradation massive des conditions de vie et de travail du plus grand nombre. C’est la politique que mettent en oeuvre, en France, Nicolas Sarkozy et le MEDEF. C’est celle que codifie le calamiteux traité de Lisbonne à l’échelle de toute l’Union européenne. Pourtant, jamais depuis longtemps la résistance sociale n’a revêtu une telle ampleur. Autour du front syndical uni, c’est la majorité de la population qui refuse de payer une crise dont elle n’est nullement responsable. Le bras de fer engagé entre la droite sarkozyenne et le monde du travail, à l’occasion notamment des journées de mobilisations massives du 29 janvier, du 19 mars et du 1er Mai, est donc loin d’être terminé. Il n’en demeure pas moins que cet affrontement, aux enjeux décisifs pour l’avenir, se trouve tragiquement dépourvu d’un prolongement politique et d’un projet de société à la hauteur des attentes populaires.

Les dirigeants du Parti socialiste ne mènent pas seulement une campagne inconsistante, c’est leur projet même d’accompagnement des logiques capitalistes qui révèle sa faillite inexorable. Poussant toujours plus loin leur dérive droitière, les voilà qui s’orientent vers une alliance avec le Modem. Le prix en sera inévitablement des compromissions toujours plus importantes, dont on verra probablement toutes les conséquences dès les élections régionales de 2010. Partout, la même tendance s’avère d’ailleurs à l’oeuvre : la social-démocratie se retrouve sans autre projet que sa propre survie ; elle met en oeuvre des stratégies d’alliance avec le centre droit, voire avec la droite, au point de gouverner avec cette dernière dans plusieurs pays et de cogérer le Parlement européen avec le Parti populaire européen ; elle se métamorphose progressivement en vague conglomérat démocrate. Nous connaissons l’aboutissement possible d’un tel processus : en Italie, la gauche a purement et simplement disparu du champ politique, pour la plus grande satisfaction de M. Berlusconi.

La responsabilité de notre Front de gauche va donc bien au-delà du scrutin du 7 juin. Elle est de sauver la gauche, de rouvrir le chemin de l’espoir à toutes ces femmes et à tous ces hommes de gauche qui désespèrent de n’avoir plus de représentation politique conforme à leurs aspirations. Jusqu’à ces militants ou électeurs socialistes qui, hier, avaient majoritairement voté non au traité constitutionnel européen et, aujourd’hui, ne veulent pas se résoudre à perdre leurs repères fondamentaux, à confondre leur droite et leur gauche… À travers l’unité que nous avons commencé de réaliser, la gauche de transformation manifeste son ambition de devenir majoritaire à gauche, pour changer radicalement la donne politique dans ce pays.

Dit autrement, le Front de gauche montre qu’il peut exister une autre voie à gauche. Il incarne une gauche qui est de tous les combats contre les injustices et pour l’égalité des droits. Une gauche sans concession face à la droite et aux privilégiés. Une gauche déterminée à défendre ses propositions dans les institutions et à aller jusqu’au bout de la confrontation avec les classes dirigeantes pour les concrétiser. Une gauche qui ne s’arrête pas au milieu du chemin quand il s’agit de défendre les intérêts populaires. Une gauche réellement de gauche, qui fait vivre une alternative à une société de plus en plus inhumaine. Notre campagne a déjà fait bouger les lignes. La qualité de ses propositions a représenté un souffle d’air frais dans un climat politique délétère. Son pluralisme assumé, sa capacité à respecter les spécificités de chacun, qu’il soit communiste, socialiste, écologiste, républicain ou révolutionnaire, lui ont déjà permis de s’ouvrir, sur le terrain, à de nouvelles composantes. Elle est à présent en mesure d’attirer à elle de nouvelles réalités militantes, de convaincre ceux qui ont hésité à s’engager jusqu’à maintenant, d’élargir encore son soutien populaire.

Telle est la bonne nouvelle de ces européennes. Le Front de gauche n’est pas un coup électoral sans lendemain. Fort des acquis d’une campagne rassembleuse, il peut être, il doit être le début de quelque chose de neuf à gauche. À nous, tous et toutes ensemble, de le transformer en un véritable front du peuple de gauche !


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