Sarkozy et Merkel en Père Noël (par Christiane CHOMBEAU, Parti de Gauche)

samedi 6 juin 2009.
 

Mardi 4 juin, devait avoir lieu à l’Assemblée nationale un débat sur les orientations politiques que défendra le gouvernement lors du prochain Conseil européen. Devait car la Présidence de l’Assemblée nationale l’a reporté au dernier moment au 10 juin, autrement dit après l’élection européenne. Une décision qui prouve l’obstination de la majorité de droite à occulter toute discussion de fond qui pourrait intéresser l’électeur.

Il ne connaîtra donc pas les réponses du gouvernement aux députés communistes et du Parti de gauche qui voulaient l’interroger sur un document du Conseil européen, et donc des Chefs d’Etat et de gouvernement, formulant des recommandations pour les politiques à mettre en œuvre, pays par pays, dans les années à venir.

Ce document (n°8259/09 daté du 28 avril 2009) volontairement ignoré, pendant cette campagne par les responsables politiques et spécialistes de l’Europe - mis à part Michel Soudais de Politis et l’Humanité - remet au goût du jour la directive Bolkestein et invite la France à libéraliser, privatiser, et, entre autre, détricoter un peu plus ses services publics.

Qu’on juge sur pièce.

Il est ainsi recommandé à la France de respecter « scrupuleusement l’objectif » de « croissance zéro en volume de dépenses publiques ». Un « effort » qui, lit-on,« devrait aller de pair avec une nouvelle amélioration des retraites » autrement dit, en langage clair, travailler plus longtemps pour des retraites moins élevées. De même la France est-elle invitée à « moderniser le travail » en « reforç[ant] la concurrence dans les secteurs de l’énergie », « gaz et électricité », « du fret ferroviaire ainsi que dans les professions réglementées », « en particulier dans les secteurs des services »peut-on lire plus loin. Flexibilité, déréglementation, libéralisation, privatisation, concurrence... des mots qui reviennent à chaque phrase.

Plus loin, au chapitre Zone Euro, le Conseil européen réaffirme que « Le potentiel de croissance des États membres de la zone euro est fortement tributaire de l’intensification des réformes visant à faciliter les ajustements du marché du travail et à renforcer la concurrence dans le secteur des services ». Il précise que « dans les économies caractérisées par d’importants déséquilibres extérieurs, l’évolution des coûts du travail doit tenir compte des positions concurrentielles intrazone » une façon technocratique d’envisager un alignement des salaires vers le bas.

Père et mère Noël

Point de débat donc sur ce texte qui, s’il était vulgarisé et diffusé, éclairerait d’un jour moins radieux les déclarations de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel dans le Journal du dimanche du 31 mai. A la veille de l’élection, le président français et la chancelière allemande veulent faire croire au Père Noël. « Nous voulons une Europe forte qui nous protège » disent-ils d’un même cœur.

Heureusement, ils écrivent plus loin : « Nous voulons une Union européenne qui soit à l’écoute du citoyen ». Là au moins les Français à qui on a demandé leur avis sur le Traité constitutionnel européen avant de s’assoir dessus car il déplaisait pourront apprécier.


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