BIRMANIE - Des milliers de personnes forcées de fuir l’armée birmane dans l’état Karen – la France doit condamner cette attaque (Communiqué d’Info Birmanie)

mercredi 21 novembre 2018.
 

Info Birmanie appelle le gouvernement français à agir immédiatement suite à l’attaque de plus de 2.000 citoyens karen contraints de fuir l’armée birmane et appelle à une condamnation ferme du régime birman et à l’ouverture d’une enquête internationale dans l’Est de la Birmanie.

Le camp de déplacés internes (IDP) de Ler Per Her a du être évacué aujourd’hui suite à une attaque perpétrée par plus d’un millier de soldats de l’armée birmane et ses alliés de la DKBA (Democratic Karen Buddhist Army). Le camp se situe dans le disctrict de Pa’an, le long de la frontière birmano-thaïe.

Info Birmanie s’était rendu dans ce camp en janvier dernier, lors d’une visite officielle en compagnie de parlementaires européens et de journalistes. Ce camp abritait plus de 1.200 personnes qui avaient déjà été forcées de fuir leur village d’origine en raison des violations commises par l’armée birmane et la DKBA. A l’occasion de cette visite, de nombreux témoignages avaient pu être recueillis auprès des personnes déplacées sur les violations des droits de l’homme subies dans leurs villages d’origine : destruction des villages et des récoltes, recours massif au travail forcé, intimidations physiques… Cible des militaires birmans, ce camp avait déjà du être déplacé par deux fois dans le passé.

Début juin, les villageois rapportaient que l’armée birmane et la DKBA avaient commencé à les utiliser pour porter du matériel militaire. Un nombre significatif de troupes a pris position dans la zone, en préparation d’une nouvelle offensive militaire.

Au cours des derniers jours, l’organisation karen des droits de l’homme (KHRG) a estimé que plus de 700 villageois peuplant cette région ont pris la fuite, craignant d’être utilisés comme esclaves par les militaires, ou d’être pris dans les combats. A cela s’ajoute l’attaque perpétrée aujourd’hui contre le camp de Le Per Her, qui a affecté plus de 1.200 personnes. Et le nombre de victimes va très probablement croître, puisqu’il est à craindre que l’armée birmane ne procède à une nouvelle attaque dès demain dans cette région jusqu’à présent sous contrôle de la KNU, groupe pro-démocratique karen.

La finalité de ces attaques pour l’armée birmane est de prendre possession des terres et ainsi annihiler toute opposition à sa domination. L’armée birmane offre à la DKBA des affaires lucratives dans le commerce transfrontalier en échange de son soutien dans la conduite des offensives.

Les 1.200 personnes du camp de Ler Per Her logent actuellement sur la rive thailandaise de la Moei River, où ils ont un accès très limité à la nourriture et à un abri.

Il devient urgent de casser le silence de la communauté internationale alors que des milliers de personnes subissent des attaques récurrentes de la part de l’armée birmane. Le gouvernement français doit prendre la parole et révéler ce qui se passe dans l’Est de la Birmanie. L’octroi d’aide humanitaire est une mesure urgente et indispensable, mais elle doit s’accompagner de demandes d’ordre politique, en l’occurrence l’ouverture d’une commission d’enquête pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ainsi qu’un embargo mondial sur les armes.

Plus de 150.000 réfugiés birmans vivent dans des camps en Thaïlande, et près d’un demi million de personnes sont déplacées internes dans les régions de l’Est de la Birmanie, dont les indicateurs sanitaires et sociaux sont comparables à ceux de certains pays africains les plus touchés par les conflits. Plus de 3.300 villages ont été détruits au cours de ces quinze dernières années dans l’Est de la Birmanie.

Isabelle DUBUIS


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