Région Midi-Pyrénées Interview de Martin Malvy : « Aller au bout de nos moyens »

vendredi 3 juillet 2009.
 

Face à une crise économique, financière, sociale et internationale de cette ampleur, l’action de la région ne risque-t-elle pas d’apparaître illusoire ?

Martin Malvy. Non. Pas illusoire. Mais pas suffisante non plus pour inverser le cours des choses, quand la demande s’effondre ou quand le secteur bancaire ne joue pas le jeu. Nous avons décidé d’aller au bout de ce que nos moyens nous permettent de faire pour soutenir l’emploi et préparer l’avenir. La récession est là. La crise mondiale du capitalisme financier a un impact catastrophique sur l’économie réelle et sur l’emploi. Les réponses mises en oeuvre par le gouvernement et l’Union européenne sont loin d’être à la hauteur des défis. Or, c’est à ce niveau que, de ce point de vue, se trouve l’efficacité. Pour autant, et même si la région n’agit que dans les limites de ses moyens, nous qui sommes en tête des régions pour ce qui est de l’effort régional d’investissement par habitant, nous mettons en place un dispositif très significatif pour contribuer à atténuer les effets de la crise pour les habitants de Midi-Pyrénées.

Quelles sont les lignes directrices sur lesquelles se fondent les dispositifs mis en oeuvre ?

Martin Malvy. D’abord soutenir l’emploi à travers la commande publique, en lançant ou en accélérant des grands travaux routiers, ferroviaires et d’équipements publics. Ensuite en investissant dans la lutte contre le changement climatique, notamment par la rénovation énergétique des logements et le soutien aux énergies renouvelables. Le troisième axe, c’est un ensemble d’actions pour permettre aux PME fragilisées - mais aussi aux entreprises artisanales ou touristiques - de passer le cap. Il leur faut des solutions de trésorerie, de l’aide à l’innovation, à l’investissement. Nous avons, depuis 2004, multiplié par plus de deux notre budget recherche et créé, il y a trois ans, l’Agence nationale d’innovation, à côté de Midi-Pyrénées Expansion, notre agence de développement. Elle est, depuis, intervenue auprès de 800 entreprises.

Aide aux entreprises, mais qu’en est-il du soutien aux salariés menacés ?

Martin Malvy. Rappelons que si la loi nous a attribué de larges compétences en matière de formation, l’emploi est de la compétence de l’État. La région s’est mobilisée aux côtés de ses salariés dans toutes les grandes crises, comme celles de Molex ou de Freescale. Ddans le rappel du droit. J’ai dit - c’est bien le moins - aux dirigeants de Molex que leur comportement est inacceptable. J’ai rencontré ses responsables à Paris. J’ai organisé une téléconférence, entre la région et les États-Unis, avec le président international de Freescale. Nous sommes dans la recherche de solutions économiques, pour autant que les directions y soient sincèrement ouvertes. Nos services sont totalement mobilisés. Avec Pierre Cohen, maire de Toulouse, et Pierre Izard, président de conseil général, nous avons exigé et obtenu - tout du moins je l’espère - que la direction américaine de Freescale ouvre le dialogue avec les élus locaux pour appuyer les démarches des salariés.

Il en va différemment pour les PME. Il ne faut pas opposer l’aide aux entreprises et le soutien aux salariés menacés. Les PME sont très sensibles à la conjoncture. Les défaillances d’entreprises s’accélèrent à un rythme de + 20 %, selon les derniers chiffres de l’INSEE. Les 488 contrats d’appui signés depuis 2007 sont porteurs de près de 3 000 emplois. Ce n’est pas négligeable.

Notre quatrième axe d’action face à la crise, c’est celui de la formation. Nous venons de mettre en place, avec les partenaires sociaux, un fonds d’un montant de plus de 6 millions d’euros, partagé entre la région qui en a pris l’initiative, l’État et les organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), pour financer des formations pour les salariés touchés par le chômage partiel.

Alors que des entreprises sont incitées à délocaliser, quels garde-fous mettez-vous en place ?

Martin Malvy. Lorsque nous aidons une entreprise, c’est dans le cadre d’un « contrat d’appui ». Qui dit contrat dit obligations réciproques. Toutes nos politiques sont conditionnées au maintien de l’emploi et des investissements sur le territoire régional pendant cinq ans au moins à compter de la signature. Faute de quoi les subventions doivent nous être remboursées. Et nous appliquons cette clause rigoureusement lorsqu’une entreprise prend des décisions contraires à ses engagements. Nous nous en sommes donné les moyens en organisant le contrôle sur place d’une quarantaine d’entreprises par an.

À notre échelle, avec les entreprises régionales, c’est une réponse. En revanche, nos marges de manoeuvre sont très faibles face aux stratégies des groupes mondiaux. À chaque fois que nous avons des leviers d’action face à un plan social, nous intervenons. Mais c’est à l’État, peut-être plus encore à l’Europe d’agir à la racine de ces mécanismes destructeurs qui pénalisent les plus fragiles. C’était déjà le sens de mon engagement lors du référendum sur la constitution européenne (en 2005, Martin Malvy s’était prononcé pour le « non » au référendum - NDLR). Aujourd’hui, face à la crise historique que nous traversons, il est plus que jamais urgent de repenser ce système qui est devenu fou.

Encore une fois, c’est au gouvernement et à l’Europe qu’il revient de réorganiser le système financier et de soutenir les très grands investissements. Mais la région est présente et ses mesures comptent.

Propos recueillis par A. T.


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