Attac, à l’occasion du G20, propose dix mesures pour remettre la finance à sa place et nous engager réellement vers une sortie durable de la crise.

mercredi 23 septembre 2009.
 

Si le G20 de Pittsburgh voulait vraiment une réponse solidaire, écologique et démocratique à la crise : les dix mesures à prendre d’urgence pour désarmer les marchés financiers

Instaurer des taxes globales

Ces taxes seraient appliquées aux transactions financières, aux profits des multinationales et à la consommation d’énergie. S’appuyant sur des données reconnues, Attac chiffre à 1 500 milliards de dollars par an les fonds qui pourraient être levés grâce à ces taxes. Ces fonds serviraient à financer l’aide au développement, la préservation des biens publics mondiaux, la reconversion de l’économie vers un modèle soutenable pour la planète et la création d’emplois socialement et écologiquement utiles.

S’attaquer aux paradis fiscaux

De véritables sanctions contre les banques, les entreprises et les États non coopératifs doivent être mises en œuvre, ainsi qu’une aide à la reconversion pour les territoires qui s’engageraient à mettre fin à leurs pratiques occultes. Cela passe par exemple par une harmonisation fiscale au plan européen.

Mettre à bas la folie des « innovations financières »

Les hedge funds sont des fonds spéculatifs massivement implantés dans les paradis fiscaux. Échappant à toute régulation, ils ne servent à rien, sinon à enrichir quelques grandes fortunes abritées aux îles Caïmans et à augmenter l’instabilité des marchés financiers. Ils doivent être supprimés. Quant aux produits dérivés et à la titrisation, leur utilisation doit être strictement encadrée.

Rétablir le contrôle sur les mouvements de capitaux

La mobilité des capitaux permet de spéculer librement entre les places financières, et de mettre en concurrence les pays de la planète, leurs travailleurs, leurs systèmes sociaux et fiscaux. Contrôler les capitaux par la fiscalité et par la réglementation est une œuvre de salut public. Tous les volets de libéralisation financière inclus dans les accords de libre-échange multilatéraux, régionaux et bilatéraux doivent être abrogés/révisés, en particulier ceux imposés par l’Union européenne aux pays émergents et en développement.

Sortir des marchés financiers le financement des retraites

Dans les pays qui ont choisi de financer leurs retraites par capitalisation, des millions de salariés ont vu partir en fumée leurs économies. Les fonds de pension comme les hedge funds ne servent qu’à alimenter les bulles spéculatives et doivent disparaître.

Instaurer une fourchette maximale de revenus, supprimer les stock-options et les bonus

Aujourd’hui, un dirigeant d’entreprise gagne en moyenne 400 fois le SMIC. Lier la rémunération des dirigeants et des traders aux profits, par l’intermédiaire de bonus et de stock-options, entraîne une gestion à court terme des entreprises. Attac propose de fixer des taux d’imposition prohibitifs sur les hauts revenus pour aboutir à un écart maximum de 1 à 5 entre les plus bas et les plus hauts revenus.

Créer un pôle bancaire public

On ne peut pas demander aux citoyens de financer le sauvetage des banques sans contreparties. Le secteur privé a déjà démontré son incapacité à gérer ces biens publics que sont le crédit et la monnaie. Cela exige dans toutes les régions du monde, et notamment à l’échelle européenne, la création d’un secteur bancaire et financier public, contrôlé démocratiquement, et cela de manière permanente et non transitoire.

Interdire la spéculation sur les matières premières

À commencer par l’énergie et les denrées agricoles, en organisant une régulation publique des prix. Les matières premières sont des ressources trop rares et précieuses pour être laissées à la seule loi du marché. Nous ne pouvons tolérer que perdurent les conditions de nouvelles émeutes de la faim comme celles de 2008. Cela nécessite de pouvoir garantir des prix rémunérateurs aux paysans du monde.

Annuler la dette des pays pauvres

La charge de la dette des pays en développement est supérieure à l’aide publique au développement. Cette dette pèse lourd sur les pays pauvres. C’est une arme aux mains des pays riches qu’il faut supprimer. Cette annulation doit s’accompagner d’un nouvel accord international prévoyant des mécanismes justes de réendettement et de traitement de la dette qui écartent tout recours aux marchés financiers, notamment la titrisation des créances.

Une fois mises en œuvre les neuf mesures précédentes, le G20, satisfait du devoir accompli, prononcerait la transformation du G20 en G192 Le G192, soit l’ONU réformée et démocratisée, aurait en effet plus de chances d’apporter à la crise mondiale une réponse donnant satisfaction non pas aux gouvernements de quelques pays riches, mais à l’ensemble de ses États membres.

Attac France,

Montreuil, septembre 2009


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